Être parent d’un enfant en bas âge comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à ces petits soucis du quotidien. Une fois par mois, La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants d’âge préscolaire à l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : comment gérer son anxiété face à l’apparition de symptômes chez les tout-petits ?

La rentrée approche. Et l’automne qui suit entraînera inévitablement son lot de petits nez qui coulent, de vilaines toux et de nuits plombées par la fièvre. La COVID-19 a assurément rendu les parents beaucoup plus anxieux face à la présence de symptômes qui étaient, jusqu’à ces dernières années, presque banals chez les enfants en bas âge.

Bon nombre de parents se demandent même s’ils ne sont pas devenus « paranos » au sujet de la santé de leurs tout-petits. Comment traverser l’automne prochain sans céder à la panique lorsque les enfants tombent malades ?

La psychologue Nathalie Parent, qui est aussi conférencière et autrice de nombreux livres pour enfants, rassure d’emblée les parents. Il est normal de ressentir de l’anxiété devant cette situation inédite à laquelle on est exposés depuis deux ans et demi. « Elle est liée à tous les ajustements que ça implique, tout ce que ça demande aux jeunes familles de faire comme adaptation » face à un résultat de test positif, dit-elle.

PHOTO FOURNIE PAR NATHALIE PARENT

La psychologue Nathalie Parent

Chez certaines personnes, ça peut devenir une vraie « phobie des symptômes », précise la psychologue. « On peut développer des manies, des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) comme l’obsession du lavage de mains ou du masque. Mais avec raison, pour certains, compte tenu de leur vécu, de leur santé — et de leur santé mentale aussi. Quand on est épuisé parce qu’on a de jeunes enfants qui se lèvent la nuit, que le sommeil est moins bon, il y a vraiment un contexte qui peut favoriser le développement d’une obsession ou d’une anxiété presque panique. »

Cela dit, lorsque des symptômes apparaissent, elle insiste sur l’importance de rapidement couper court aux scénarios catastrophes. « Se ramener dans l’ici, maintenant », explique Nathalie Parent.

Sur quoi j’ai du pouvoir actuellement ? Je n’ai pas de pouvoir sur ce qui va arriver, mais j’ai du pouvoir sur ma pensée, sur ce que je veux gérer dans mon corps à moi.

La psychologue Nathalie Parent

Il peut être très utile, par ailleurs, de revenir à ces moments difficiles qu’on a réussi à surmonter dans le passé, « où notre capacité d’adaptation a été excellente », note-t-elle, pour avoir confiance en soi et parvenir à affronter le prochain automne.

Et les enfants dans tout ça ?

Un parent anxieux qui n’est pas conscient de son agitation peut sans le vouloir la déverser sur son enfant. Et l’enfant peut lui-même développer en retour un trouble anxieux, des comportements dérangeants ou perturbateurs, soulève la psychologue.

« Le parent a un pouvoir d’action ; le premier, c’est d’apprendre lui-même à se gérer. Et si c’est difficile, il y a des outils, il y a des professionnels qui peuvent l’accompagner », souligne Nathalie Parent.

Le parent qui va vivre de l’anxiété, il va pouvoir, justement, aider son enfant. C’est-à-dire que si lui, il se gère, l’enfant va le voir. Si le parent arrive à se calmer, l’enfant aussi va arriver à se calmer.

La psychologue Nathalie Parent

Une fois que l’anxiété est maîtrisée, le parent a tout intérêt à en discuter avec l’enfant, à son avis. « C’est important d’en parler sans l’émotion, la peur panique. De dire, par exemple : “Je me suis inquiété, c’est vrai que ça me fait peur, mais on sait qu’on a des capacités, on va faire face à ça, on va affronter ça ensemble.” Le mot d’ordre, c’est “ensemble’’. On n’est pas tout seul là-dedans. »

« Parce que c’est un peu ça, le rôle des parents, estime Nathalie Parent. Aider nos enfants à vivre ce qu’ils ont à vivre dans leurs émotions, dans leur vécu, dans leur expérience de vie, et leur donner confiance face à la vie. »

Appel à tous

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