Être parent d’un enfant en bas âge comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à ces petits soucis du quotidien. Une fois par mois, La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants d’âge préscolaire à l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : un enfant de 3 ans qui manifeste des signes d’agressivité et d’anxiété est-il trop jeune pour consulter un psychologue ?

Louise est grand-mère d’un enfant de 3 ans. Elle est préoccupée par le fait que son petit-fils se montre assez anxieux, en plus de présenter des pointes d’agressivité. Rien de grave, souligne-t-elle, mais son instinct lui dit qu’il est beaucoup plus sensible que la majorité des enfants. Elle nous a écrit parce qu’elle se demande s’il est trop jeune pour consulter un psychologue – par prévention ou simplement pour avoir des « trucs » pour l’aider –, alors qu’il ne s’agit, selon elle, que d’une impression.

« Je donne beaucoup de conférences et, quand les gens me posent cette question, je réponds toujours qu’il n’est jamais ni trop tôt ni trop tard pour consulter », répond d’emblée la psychologue Nadia Gagnier. « Le pire qui va arriver, c’est que la personne qu’on consulte va dire que ce n’est pas vraiment encore un problème. Mais le parent va quand même recevoir des informations rassurantes sur l’attitude à adopter face au phénomène qui l’inquiète chez son enfant. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Nadia Gagnier, psychologue

De 2 à 4 ans, l’agressivité peut être normale, à son avis, puisque l’enfant, dont le cerveau n’a pas encore atteint la maturité nécessaire pour inhiber ses réactions agressives, est encore « en apprentissage de différentes stratégies de régulation émotive ». « À 3 ans, il est au beau milieu de cette période-là ; c’est peut-être ça qui explique sa grande réactivité. »

Dans certains cas, cependant, des réactions anxieuses ou agressives peuvent être en effet les symptômes d’un trouble qu’on aurait tout intérêt à dépister le plus rapidement possible. Le professionnel consulté n’émettra pas nécessairement un diagnostic officiel à cet âge-là, mais à partir de son hypothèse, il permettra à l’enfant d’avoir un suivi sur l’évolution des symptômes, précise la psychologue.

Ce n’est pas faux de penser que ça vaudrait peut-être la peine de mieux évaluer la situation, pour savoir si c’est quelque chose qui est juste en lien avec un tempérament plus sensible – mais qui n’est pas nécessairement inquiétant – ou si on a raison de s’inquiéter.

Nadia Gagnier, psychologue

Elle recommande aux parents qui se questionnent, mais ne se sentent pas encore prêts à s’adresser à un professionnel, de s’informer d’abord auprès de sources fiables, comme Naître et grandir ou Alloprof Parents, pour les plus vieux. On peut également en parler à son médecin ou à l’éducatrice de l’enfant, puisque les CPE et les garderies ont accès à des intervenants qui peuvent faire de l’observation sur place.

Des stratégies pour les parents

Mais une fois la décision prise de consulter un psychologue, comment le professionnel pourrait-il aider un enfant en bas âge qui n’a pas encore acquis la capacité de s’exprimer ? D’autant qu’un enfant aura souvent tendance à se figer dans un bureau de psychologue et ne montrera pas les comportements jugés préoccupants, note Nadia Gagnier.

Dans le cadre de sa pratique, la psychologue raconte que des parents lui ont déjà fourni des extraits vidéo de situations qui se sont produites à la maison et qui lui ont permis de voir l’enfant dans son contexte naturel. Il existe également des psychologues et des psychoéducateurs qui font des visites à domicile ou de la thérapie par le jeu, ajoute-t-elle ; les parents peuvent par ailleurs s’adresser à un coach parental, après s’être assurés qu’il fasse partie d’un ordre professionnel.

« Quand l’enfant est très jeune, ce n’est pas lui qui est en psychothérapie ; on va évaluer toute la situation familiale, à la fois le comportement de l’enfant et les interventions des parents », précise Nadia Gagnier, parce que les parents peuvent parfois, de manière bien involontaire, avoir occasionné ou maintenir une difficulté qu’ils n’auraient pas causée.

« Ce n’est pas que les parents sont en thérapie ; je les aide à mieux aider leur enfant. […] Quand on a l’impression d’avoir essayé plein de solutions et qu’on se sent un peu dépassé, je pense que pour le bien-être de l’enfant, c’est bon d’aller chercher de l’aide. »

Appel à tous

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