Être parent d’un enfant en bas âge comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à ces petits soucis du quotidien. Une fois par mois, La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants d’âge préscolaire à l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : l’isolement dû à la pandémie peut-il avoir une incidence sur l’adaptation de l’enfant à la maternelle ?

Karina Laflamme est mère d’un garçon de 4 ans qui commencera la maternelle en septembre. Contrairement à son grand frère, il est peu habitué aux nouvelles situations et aux nouveaux amis, ayant passé plus de la moitié de sa vie en isolement, à cause de la pandémie, et a été privé de tous les cours de sport et de musique qui meublaient auparavant ses week-ends. Elle se questionne sur l’impact qu’auront les contraintes de ces deux dernières années sur son entrée à l’école.

D’emblée, la psychoéducatrice Solène Bourque nous affirme qu’un grand nombre d’enfants feront leurs premiers pas à l’école en vivant les mêmes défis, qu’ils aient fréquenté ou non la garderie puisque cette fréquentation aura bien souvent été irrégulière, ponctuée de périodes d’isolement plus ou moins longues.

Et si la situation risque de les affecter sur le plan social, elle peut également influer sur leur capacité à suivre une routine et à persévérer dans une tâche, souligne-t-elle. « En même temps, les enseignants sont très conscients de ces défis. [La pandémie] a eu un impact sur les cohortes de maternelle de 2020 et de 2021, et on va le voir encore en 2022. »

Préparer l’entrée à l’école

De façon générale, toute nouvelle situation suscitera un certain niveau de stress, même si les enfants au tempérament « plus explorateur » apprécieront davantage la nouveauté, remarque la psychoéducatrice. Mais le stress n’est pas toujours négatif : une petite dose nous donne l’adrénaline pour passer à l’action, l’excitation pour aller vers de nouveaux amis et l’énergie pour aller de l’avant, note-t-elle. Et les parents disposent de moyens pour aider les enfants à traverser cette étape cruciale.

En 2020, lorsque les visites précédant l’entrée à l’école ont été annulées à cause de la pandémie, Solène Bourque a préparé avec les Éditions Midi Trente le document « Prêt pour la maternelle ! ». Selon elle, on peut se servir d’éléments du quotidien pour favoriser des apprentissages qui seront utiles à l’enfant : par exemple, suivre les étapes d’une recette en cuisinant avec ses parents pour travailler sa capacité à suivre une séquence ; ou encore, confier à l’enfant certaines responsabilités pour développer son autonomie – comme ranger ses chaussures en rentrant à la maison ou accrocher son manteau.

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On prépare aussi des boîtes à lunch pour que l’enfant s’exerce à ouvrir des plats, ajoute-t-elle. « Au CPE ou à la maison, l’assiette est là et c’est tout. C’est sûr que l’éducatrice va l’aider à l’école, mais elle doit s’occuper de 25 autres enfants », note Mme Bourque.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARHIVES LA PRESSE

Solène Bourque, psychoéducatrice

Quand on arrive à l’école, ce n’est pas vrai que ce sont les apprentissages scolaires qui sont nécessaires, mais davantage l’autonomie, la capacité de tolérer un certain délai et d’attendre son tour, parce qu’on va être plusieurs à demander l’aide du prof.

Solène Bourque, psychoéducatrice

Elle conseille également de montrer le chemin de l’école à l’enfant et – un point très important – d’aller tester les modules de jeu dans la cour durant l’été. « Si l’enfant a bien hâte de jouer dans les modules de jeu, mais qu’ils ne sont pas du tout comme ceux du parc, ça se pourrait très bien qu’il arrive à la première journée d’école et qu’il ne se sente pas super à l’aise d’aller les essayer. »

« Ce sont toutes des choses qui vont faire en sorte que l’enfant va développer peu à peu certaines compétences qui vont faire qu’il va se sentir bon en arrivant à l’école – peut-être pas dans tout, mais au moins dans certains aspects. »

Ainsi, l’enfant aura développé une certaine autonomie et plusieurs habiletés qui viendront pallier le stress qu’il pourrait ressentir sur le plan social, explique-t-elle.

« C’est vrai qu’on n’a pas le contrôle sur les contacts sociaux, mais on a le contrôle sur plein d’autres affaires. Et c’est ça qu’on veut : que l’enfant se sente capable en arrivant à l’école. »

Consultez le site de la psychoéducatrice Solène Bourque

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