Depuis une vingtaine d’années, au printemps, les papillons virevoltant librement dans la Grande serre du Jardin botanique volaient la vedette aux végétaux. Ce sera différent du 26 février au 26 avril, lorsque 2000 plantes, de près de 200 espèces différentes, seront mises en valeur pour attiser la curiosité des visiteurs. Dans l’univers original de Mme Z, mieux vaut ouvrir les yeux pour ne rien manquer !

L’équipe du Jardin botanique s’est relevé les manches lorsqu’il est devenu évident, il y a 18 mois, que Papillons en liberté ne pourrait avoir lieu en 2020 et renaîtrait en 2021 dans la volière permanente du nouvel Insectarium. Il lui fallait imaginer sa propre exposition en se servant de sa force : les plantes. Le défi était de taille. Car celles-ci ne bougent pas.

« Pour plaire à un jeune public, nous avons misé sur l’étrangeté, explique Annabelle Mimouni, agente de programmes éducatifs au Jardin botanique. Les plantes sont immobiles, mais elles peuvent émouvoir autant que des papillons ou un paresseux. Pour y arriver, on crée une expérience particulière en racontant une histoire. »

  • La plante Kalanchoe laetivirens, classée parmi les énigmatiques, se multiplie par elle-même. On voit ses rejetons sur la marge des feuilles.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    La plante Kalanchoe laetivirens, classée parmi les énigmatiques, se multiplie par elle-même. On voit ses rejetons sur la marge des feuilles.

  • Le piège de cette plante carnivore est passif. Les insectes qui se posent sur la surface gluante des feuilles demeurent prisonnières.

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    Le piège de cette plante carnivore est passif. Les insectes qui se posent sur la surface gluante des feuilles demeurent prisonnières.

  • L’Albuca spiralis attire l’attention parmi les plantes énigmatiques. Croissant en milieu aride, en Afrique du Sud, sa frisure particulière s’avère en fait un petit système de gouttières, qui lui permet de capter la condensation de l’eau et de l’amener jusqu’à son pied.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    L’Albuca spiralis attire l’attention parmi les plantes énigmatiques. Croissant en milieu aride, en Afrique du Sud, sa frisure particulière s’avère en fait un petit système de gouttières, qui lui permet de capter la condensation de l’eau et de l’amener jusqu’à son pied.

  • En observant de près cette plante, on comprend pourquoi elle est surnommée « bec de perroquet ».

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    En observant de près cette plante, on comprend pourquoi elle est surnommée « bec de perroquet ».

  • Faire en sorte que les plantes fleurissent au bon moment représente un énorme défi. À temps pour l’exposition, cette plante sera garnie de fleurs aux allures de petits poissons rouges.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Faire en sorte que les plantes fleurissent au bon moment représente un énorme défi. À temps pour l’exposition, cette plante sera garnie de fleurs aux allures de petits poissons rouges.

  • On est aux petits soins avec les plantes dans des serres en attendant le début de l’exposition.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    On est aux petits soins avec les plantes dans des serres en attendant le début de l’exposition.

  • Les visiteurs seront transportés dans l’univers rétro futuriste de Mme Z et seront invités à résoudre cinq énigmes.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Les visiteurs seront transportés dans l’univers rétro futuriste de Mme Z et seront invités à résoudre cinq énigmes.

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Arrive alors l’énigmatique Mme Z, une passionnée des plantes à l’imagination débordante. Son monde rétrofuturiste rappelle celui de Jules Verne, avec un système de poulies, d’engrenages et d’engins plus bizarres les uns que les autres. Pour ajouter au mystère, la maîtresse des lieux est absente. Petits et grands sont donc invités à se promener clandestinement pour découvrir « Les plantes étranges de Mme Z » et résoudre cinq énigmes.

On voudrait que les gens repartent en ne voyant plus les plantes de la même manière, en les percevant comme des êtres vivants particuliers, qui ont développé des mécanismes pour s’adapter à des environnements où il y a peu d’eau, peu de soleil ou peu de minéraux dans le sol.

Annabelle Mimouni, du Jardin botanique

Les démarches pour dénicher des variétés plus saugrenues les unes que les autres un peu partout dans le monde ont débuté il y a plus d’un an. Les espèces se divisent en cinq grandes catégories : les géantes, qui croissent dans des milieux chauds et humides, les énigmatiques, aux formes originales, les animales, qui font penser à divers animaux, les succulentes, habituées à la sécheresse… et les carnivores. Celles-ci sont indéniablement les vedettes de l’exposition. Une vingtaine d’espèces de népenthès sont en effet réunies, composant environ la moitié des plantes à découvrir. Leurs diverses façons de tendre des pièges pour se nourrir d’insectes ou de petits animaux les rendent fascinantes.

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Cette plante carnivore est l’une des vedettes de l’exposition. On peut voir clairement son piège et comprendre comment elle parvient à attirer des insectes sur le bord glissant de son urne.

Chaque groupe de végétaux s’épanouit dans sa propre zone. L’œil s’aiguise, à la recherche de caractéristiques communes. Dans le secteur réservé aux soins vétérinaires, par exemple, feuilles ou fleurs évoquent des poissons rouges, des pattes de lapin, des becs de perroquet, des ailerons de requin, etc. Une fiche explicative décrit le surnom de chaque plante à observer, son nom scientifique, sa provenance et les « soins » requis. Des fougères corne d’élan, qui poussent en Asie du Sud-Est, en Polynésie et en Australie, ont ainsi besoin qu’on taille leur panache.

« On s’est énormément amusé en préparant cette exposition, souligne Mme Mimouni. C’est une exposition espiègle. »

Tour de force

Dans les coulisses, l’équipe a trimé fort. Depuis un an, les plantes importées d’aussi loin que l’Australie et le Sri Lanka croissent dans quatre serres du Jardin botanique, aux conditions variées pour répondre à leurs besoins spécifiques. « Elles se sont multipliées, elles ont été choyées et elles s’apprêtent à entrer en scène le jour J », précise Annabelle Mimouni.

Or, gérer l’étrangeté de chaque plante pendant deux mois représente un énorme défi, fait remarquer Josée Massé, horticultrice spécialisée dans la production de végétaux en vue des grands événements organisés annuellement (Halloween, Noël, etc.).

« Il faut contrôler le cycle de floraison et faire en sorte, si les plantes ont besoin d’une période de dormance, qu’elles fleurissent au bon moment », explique-t-elle.

Dans chacune des serres, la température, le taux d’humidité, l’arrosage et la lumière varient. La quantité d’engrais nécessaire n’est pas non plus la même d’une variété à l’autre.

« Il faut jongler avec tout cela, dit Mme Massé. Puis pendant deux mois, il faudra veiller à l’entretien et au remplacement des plantes. Il y a beaucoup d’irrigation cachée. »

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L’exposition se veut ludique. Annabelle Mimouni montre un élément qui permettra aux jeunes de mieux comprendre comment certaines plantes carnivores s’y prennent pour capter leurs proies.

Les visiteurs, de leur côté, auront du boulot à accomplir. Ils devront relever au moins deux défis pour accéder à la zone d’invention, située au cœur de la Grande serre, transformée en un immense laboratoire. Une autre zone, adaptée pour les petits de 4 à 6 ans, permettra aussi de découvrir, en jouant, les secrets des plantes carnivores.

La passion de Mme Z pour les plantes étranges est contagieuse. Si l’on en croit l’équipe du Jardin botanique, la mystérieuse savante a plus d’un secret dans son sac et pourrait fort bien revenir. À découvrir !

Les plantes étranges de Mme Z, Grande serre du Jardin botanique, du 26 février au 26 avril