Pendant que de nombreux enfants vivent un stress « normal » de la rentrée, d’autres sont aux prises avec une anxiété qui peut rendre ces premiers jours d’école difficiles pour toute la famille.

Craindre de ne pas savoir bien écrire ou de ne pas se faire d’amis, avoir peur du regard des autres élèves ou d’attraper la gastro à l’école sont des exemples d’inquiétudes, banales aux yeux des adultes, mais qui peuvent entraîner une réelle anxiété chez des enfants. Au point où ils refuseront d’aller à l’école. Sans oublier les symptômes physiques comme des maux de ventre, des vomissements ou des crises qui peuvent accompagner cette phobie scolaire. Manipulation ? Caprice ? Loin de là, clament les experts.

« C’est une problématique peu fréquente, mais on en voit dans les écoles. Le refus scolaire peut aussi arriver en cours d’année », souligne Marie-Hélène Vaillancourt, psychologue à la commission scolaire des Patriotes.

Si le stress est une réponse normale à une situation, « l’anxiété, c’est vraiment une inquiétude excessive. Un sentiment de peur qui nous amène à des comportements d’évitement. C’est le cas quand les enfants ne veulent pas aller à l’école. Ils veulent éviter la situation parce qu’ils sont trop inquiets », explique la psychologue et présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Christine Grou. On est dans une « disproportion entre l’intensité et la fréquence des inquiétudes et la problématique réelle », poursuit-elle. Plus la réaction de l’enfant est intense et fréquente, plus cela démontre un problème.

Ce n’est pas normal qu’un enfant ait toujours mal au ventre avant d’arriver à l’école.

Marie-Hélène Vaillancourt

Anticiper des scénarios « catastrophes »

L’enfant peut manifester deux types d’inquiétude : une inquiétude réelle, comme celle de se faire de nouveaux amis à la suite d’un changement d’école. Ou une inquiétude pour des problèmes inexistants, mais qui peuvent potentiellement arriver. Par exemple, « si j’attrape des microbes et que je tombe malade » ou « si j’ai des moins bonnes notes cette année ». En début d’année, c’est plutôt cette deuxième peur qui se manifeste.

La Dre Grou ajoute qu’un enfant anxieux devant une situation réagira de trois façons : il voudra éviter la situation, réagira physiquement (maux de tête, de cœur, de ventre) ou aura des difficultés émotionnelles ou comportementales.

Que faire si son enfant est en crise avant d’aller à l’école ? « L’enfant qui est en crise est en détresse. Il ne faut pas que le parent ajoute de la détresse par-dessus en le chicanant », souligne Christine Grou. « Et il ne faut surtout pas minimiser les symptômes physiques, ils sont bien réels », insiste Marie-Hélène Vaillancourt. On essaie donc de le calmer du mieux qu’on peut.

L’entrée au préscolaire, en première année ou en première secondaire est une période de transition qui est généralement plus anxiogène.

Trucs pour apaiser un enfant anxieux

Les sources d’anxiété chez les enfants sont multiples. S’il n’existe pas de formules magiques, quelques astuces peuvent aider l’enfant. Mais n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé.

Éviter de garder l’enfant à la maison
Devant une anxiété et un refus d’aller à l’école, « c’est normal que les parents soient en détresse. Et c’est normal de vouloir protéger notre enfant et de le garder à la maison. Il va mieux à la maison, donc c’est rassurant », observe Marie-Hélène Vaillancourt. Mais mieux vaut le rassurer à l’école, en travaillant en équipe avec l’établissement. « La pire chose à faire, c’est de l’évitement », ajoute Mme Grou. Car c’est comme si on donnait raison à l’enfant d’être si inquiet à l’école.

Communiquer
On peut aider l’enfant à verbaliser ses craintes. Quand il n’est pas en pleurs, on peut lui demander ce qui lui fait peur. À travers ses réponses, on peut imaginer avec lui le pire scénario qui pourrait arriver et trouver des solutions rassurantes.

Après l’école
Un enfant anxieux a besoin de la présence de son parent après l’école. On peut l’encourager à raconter sa journée et lui demander ce qui lui ferait plaisir après les classes : jouer au parc, manger un cornet de crème glacée, etc.

Rencontrer le professeur
Dès le début de l’année, on n’hésite pas à demander de rencontrer le professeur. On privilégie une rencontre individuelle plutôt qu’une communication par courriel. La clé : créer une alliance avec l’enseignant.

Ne pas surcharger
Il faut se rappeler que l’enfant doit avoir des moments de plaisir et de détente tous les jours, souligne Mme Grou, sinon, « c’est sûr qu’il deviendra anxieux et stressé ».

Doser les activités parascolaires
Les activités parascolaires nuisent-elles à un enfant anxieux ou l’aident-elles ? « Les deux ! », répond Christine Grou. « Ça va aider si l’activité est une source de valorisation. Par exemple, un enfant qui a de la difficulté d’apprentissage à l’école, mais qui est un champion de sport, on ne va pas lui enlever son sport, parce que c’est extrêmement important qu’il garde cette source de valorisation. Les activités parascolaires peuvent amener de l’anxiété si c’est une surcharge. » Elle rappelle que la priorité pour un enfant, c’est de bien manger, bien dormir, se détendre et aller à l’école.

Être disponible pour son ado
En ce qui concerne les plus vieux, on peut leur demander de nous appeler sur l’heure du midi pour prendre le pouls de leur journée. Ils nous envoient promener ? Pas de panique ! « Il ne faut pas se laisser impressionner. Ce n’est pas important que l’ado réagisse comme ça, ce qui est important, c’est qu’il sente que le parent souhaite savoir ce qui se passe dans sa vie. »