Mathieu Gratton est le papa de Benjamin, qui aura 18 ans à l’automne. Son fils est son plus grand complice. « C’est mon copilote, mon GPS, on fait tellement de choses ensemble, on s’amuse, on va au cinéma, on essaie toutes sortes d’activités », dit-il fièrement. À l’approche de la fête des Pères, l’humoriste revient sur les joies et les défis d’avoir un enfant ayant des besoins particuliers.

Benjamin est autiste. Le diagnostic est tombé lorsqu’il était âgé d’un peu moins de 3 ans, se rappelle Mathieu Gratton. « J’ai trouvé ça difficile pendant six bons mois, je n’étais pas prêt à avoir un enfant, pas prêt à avoir un enfant autiste non plus », explique celui qui est devenu père à 25 ans.

« J’ai dit oui ! Il y en a qui se demandent en mariage, Patricia [Paquin] voulait un enfant et j’ai dit oui ! Naïvement. Elle avait 33 ans, et j’ai suivi son horloge biologique ! Je n’étais pas rendu là du tout, je faisais des shows dans les bars (encore aujourd’hui !), je sortais, je n’avais pas l’idée d’être papa du tout ! » confie-t-il.

Une fois le choc du diagnostic passé, Mathieu a adapté son rythme de vie afin de consacrer le plus de temps possible à son fils. « D’abord, j’ai été très bien entouré, mes amis, ma famille, Patricia [de qui il est maintenant séparé]. Ensuite, il faut avouer que la garde partagée me donne une pause dans mon horaire. Pendant ma semaine de garde, je refusais tous les spectacles. »

« C’est sûr que je ne suis pas riche, j’ai fait le choix de travailler moins, je suis bien heureux comme ça. Tout le temps que j’ai passé avec Benjamin, je ne regretterai jamais ça. Et j’en suis très content. » — Mathieu Gratton

Conscient des défis que pose un enfant aux besoins particuliers, il se demande d’ailleurs comment font les parents qui ont un travail conventionnel de 9 à 5 et qui retrouvent, le soir, leur enfant autiste à la maison, épuisés. La garde partagée est le bon côté de la séparation, souligne-t-il, car il y a du répit. « Même si c’est la personne que j’aime le plus au monde, il reste que Benjamin est très demandant, alors avoir un peu de répit, je ne dis pas non. » Car avec son fils, les sujets de discussion sont très redondants ; Benjamin parle des hôtels, des avions, des numéros de vol, du prix des billets, des transports en commun. « Il connaît toutes les lignes d’autobus et de métro de Montréal, il serait un très bon porte-parole de la STM ! Il en parle tout le temps ! Et quand il est chez sa mère, c’est trois à six appels FaceTime tous les soirs », dit-il en riant.

Le monde de Benjamin

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Afin de sensibiliser la population à la réalité des enfants autistes, Mathieu Gratton a créé Le monde de Benjamin, une page Facebook où il présente en vidéo les différentes activités et les aventures qu’il vit avec son fils.

Afin de sensibiliser la population à la réalité des enfants autistes, Mathieu Gratton a créé Le monde de Benjamin, une page Facebook où il présente en vidéo les différentes activités et les aventures qu’il vit avec son fils. La page remporte un grand succès et compte aujourd’hui près de 71 000 abonnés.

« La mission de la page, c’est de divertir et d’inspirer les gens pour que leurs enfants deviennent autonomes, autistes ou non. Nous sommes allés voir notre premier concert : la chanteuse Jain au MTelus. Benjamin trippe sur l’Impact de Montréal, on va faire des capsules avec Marianne St-Gelais pour parler de sport, on va essayer l’escalade. »

Benjamin fréquente une école secondaire ordinaire, mais est dans une classe spécialisée TSA (trouble du spectre de l’autisme). Le jeune homme aura 18 ans dans quelques mois et souhaite avoir plus d’autonomie. En bon papa poule, Mathieu est inquiet. « J’ai un peu de mal à le laisser partir ! Il prend les transports en commun tout seul, il a son téléphone cellulaire, il le ferme parfois et ça me fâche ! Une de mes craintes, c’est qu’il se perde. Il y a toujours un côté de moi qui se dit : ah, je suis un bon père, je lui laisse des libertés et, de l’autre, je me dis et s’il lui arrive quelque chose, et si on lui vole son téléphone, il ne pourra pas me joindre… Je pense tout de même que les gens sont bienveillants. »

Des parents inspirants

Au fil de notre discussion, l’humoriste raconte qu’il a eu une belle enfance avec des parents présents qui l’ont beaucoup aidé, que ce soit à rénover ou à s’installer : « Et à s’assurer que je sois confortable… jusqu’à mes 40 ans ! » « Je reproduis ce modèle. Mon père est mort il y a trois ans, il était très attentionné, on se comprenait entre gars, on passait de bons moments ensemble.  »

Il parle aussi de son frère, qui a quatre enfants et qui n’a pas de répit. « Le soir, avec sa conjointe, une autre journée commence. Ils emmènent les enfants à leurs nombreuses activités sportives, ça n’arrête jamais ! Je me trouve bien ordinaire à côté ! Quatre enfants, c’est bien plus demandant qu’un enfant autiste ! »

Mathieu Gratton espère un jour avoir un autre enfant. « Avant je refusais, je voulais être certain que j’avais fait le maximum pour Benjamin, que je lui avais donné tous les outils. Il va avoir 18 ans, j’ai 43 ans. C’est mon destin, je le sens. »

Pour la fête des Pères, qu’est-ce qu’on lui souhaite ? « Une journée de rêve pour Benjamin. Ça commence au restaurant, ça se poursuit au cinéma, on prend l’autobus, le métro et ça se termine à l’hôtel ! »

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