Le « plan de carrière » de Martin Larocque a toujours été clair : il voulait être papa. Il a trois fils et un beau-fils, alors on peut dire qu’il a réussi. Ce boulot a aussi permis au comédien d’en développer un autre : papa public. Il vient de publier un quatrième livre de « réflexions parentales pratiques ». 

Surtout pas de recettes

« Je ne suis pas un spécialiste de l’éducation, un mentor, un thérapeute, rien de tout ça. Je suis quelqu’un qui s’est amusé à observer et à réfléchir à un rôle qu’il aime beaucoup », dit d’emblée Martin Larocque, au sujet de son envie de prendre la parole à propos de la parentalité, « ce travail d’équipe » auquel il croit « beaucoup, beaucoup ». Il a lu des tonnes de livres sur le sujet, échangé avec quantité de parents et élevé trois garçons, dont deux sont maintenant adultes. Sa recette ? Ne surtout pas suivre celles des autres.

Redonner confiance

N’est-il pas paradoxal d’affirmer une telle chose puis de publier Quand t’éduques, éduque, un livre portant justement sur l’éducation des enfants ? Cela n’échappe pas à l’auteur, qui explique simplement avoir envie de partager des réflexions avec autrui parce que celles des autres le nourrissent, lui. « Mon but est d’enlever la culpabilité », dit-il, en invitant chacun à être le parent qu’il souhaite être, pas celui qu’un spécialiste lui dicte d’être. Une invitation qu’il déploie en une centaine de pages teintées d’humour et surtout gonflées de joie.

Un coach pour la vie

« On met l’enfant au sommet, comme Simba dans Le Roi lion, mais non : l’enfant embarque dans la parade, il est censé la suivre et suivre ses leaders », estime Martin Larocque. Les enfants attendent d’ailleurs des parents qu’ils donnent une direction, selon lui, en déplorant que cette absence de leadership se remarque un peu partout dans la société. Il n’estime toutefois pas que le parent doit agir en dictateur, plutôt en coach. « Le coach exige, ordonne, inspire », écrit-il.

L’inspiration en héritage

IMAGE FOURNIE PAR TRÉCARRÉ

Quand t’éduques, éduque – Réflexions parentales pratiques, de Martin Larocque

« L’inspiration, c’est ce qu’on laisse en héritage. On ne laissera pas notre pensée sur la vie à nos enfants. Ils vont retenir ce qu’on est comme personne. Comment on mange, comment on a aimé leur mère, comme on parle de notre travail, comment on fait face à la tempête », croit le comédien. Il juge pour cette raison qu’il ne faut pas aller contre sa nature dans son rôle de parent. « Si on laisse une fausse image parentale de soi, dit-il, c’est ça qu’on laisse en héritage. » Être fidèle à ses valeurs, écouter sa « petite voix » : voilà la voie.

Ils ne sont pas des bonsaïs

Les parents se mettent beaucoup de pression, constate l’auteur, et en mettent beaucoup sur leurs enfants, qui doivent avoir de très bonnes notes, le bon comportement, etc. « Ces parents vont tellement couver, entourer et protéger leur enfant que c’est comme s’ils taillaient un bonsaï tout de suite, observe-t-il. Comme s’il fallait que l’enfant soit parfait, comme s’il n’y avait pas de période de préparation, de création, de doute… Le bonsaï, c’est cette idée que l’enfant devrait tout de suite donner un résultat concret. » Or, comme le bonsaï, le futur adulte demande du temps et de l’amour. Et de la patience.

On n’est pas du personnel

Qui n’a jamais pris le sac d’école trop lourd et la boîte à lunch de son petit en sortant du service de garde ? Martin Larocque aussi l’a fait. Et il trouve ça mal, très mal. Il invite les papas et les mamans à reprendre leurs esprits : on n’est pas du personnel pour nos enfants, tranche-t-il. Oui, il faut leur demander de participer aux tâches ménagères. Sans culpabilité. « L’idée, c’est d’amener l’enfant dans le monde des responsabilités, à son rythme et selon son âge, suggère l’auteur, qui propose un tableau des tâches pouvant être faites dès 2 ou 3 ans. Il n’y a pas deux clans : ceux qui font et les touristes à l’auberge. La famille, c’est une équipe. »

Quand t’éduques, éduque – Réflexions parentales pratiques. Martin Larocque. Trécarré. 145 pages.