Être parent est aussi un boulot qui peut mener à l’épuisement. La psychologue Suzanne Vallières propose un guide simple et déculpabilisant pour prévenir ce « burnout parental ».

Environ un quart des parents québécois juge que leur rôle de mère ou de père est une source de stress, rapporte Suzanne Vallières dans Le psy-guide des parents épuisés. La situation se dégrade parfois au point de mener à l’épuisement parental, qui toucherait de 5 % à 7 % des parents, écrit encore la psychologue.

« Ça se rapproche beaucoup de l’épuisement professionnel, sauf que les symptômes vont être liés à la famille. Ce sont des gens qui, souvent, vont être fonctionnels dans leur milieu de travail, mais quand ils arrivent à la maison, ça va moins bien », explique la psychologue. Jouer, donner le bain ou faire la routine du dodo est pour eux une source de stress et de lourdeur.

Suzanne Vallières précise d’emblée que le burnout parental n’est pas un diagnostic reconnu par le DSM-5, la bible de la santé mentale. Ses symptômes s’apparentent à ceux de la dépression, mais se caractérisent notamment par une perte de plaisir dans son rôle parental et, parfois, par une distanciation affective avec le ou les enfants.

PHOTO FRANÇOIS COUTURE, FOURNIE PAR LES ÉDITIONS DE L’HOMME

Suzanne Vallières, psychologue et auteure du livre Le psy-guide des parents épuisés

« Tous les parents vont dire qu’à un moment donné, ils ont été épuisés. […] Lorsque tu vis un burnout parental, c’est tous les jours. » 

Comment en est-on arrivé là ? La psychologue évoque la conciliation travail-famille, l’éclatement du noyau familial, la distance géographique qui sépare les familles, etc. Elle ajoute aussi la pression qu’on ressent en voyant tout un chacun afficher ses pique-niques joyeux, ses bricolages ambitieux et ses enfants heureux sur les réseaux sociaux. On se compare et, non, on ne se console pas…

Suzanne Vallières ajoute qu’on vit dans une ère de surinformation quant à l’éducation des enfants. Les pratiques d’hier sont remises en question, des concepts nouveaux émergent et tout le monde a son avis. « Les parents ont du mal à faire la distinction entre ce qui vient d’une professionnelle et ce qui vient d’une maman qui est juste tannée et qui écrit des commentaires [sur l’internet], explique-t-elle. On se retrouve en consultation avec des gens qui disent : on ne sait plus qui croire. »

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS DE L’HOMME

Le psy-guide des parents épuisés

Qui croire ? Soi-même, pour commencer, suggère la psychologue. Suivre son instinct n’est pas une mauvaise piste. Agir en fonction de ses valeurs et de l’éducation qu’on a soi-même reçue non plus… si on est d’accord avec les gestes faits par nos propres parents. « Tout au long du livre, j’essaie de redonner aux parents ce qui leur appartient », dit-elle.

Suzanne Vallières propose des pistes concrètes pour reprendre la situation en main et aller chercher l’aide nécessaire. Si le fait d’être à la tête d’une famille monoparentale ou de partager la responsabilité d’une famille reconstituée sont des facteurs de risque, un important réseau social et de soutien est un facteur de protection, comme c’est le cas pour tout ce qui touche à la santé du corps et de l’esprit.

« On peut changer d’emploi, mais pas de famille, observe l’auteure, qui plaide pour la prévention. Il faut donc trouver des solutions à l’intérieur de sa famille pour se sentir bien. »

★★★

Le psy-guide des parents épuisés. Suzanne Vallières. Éditions de l’Homme. 182 pages.