Il y a tout juste quatre semaines, Julie prenait son nouveau-né dans ses bras. Déjà maman d’un petit Éloi, âgé de 2 ans, la jeune maman témoigne des premiers jours qui ont suivi l’arrivée d’un deuxième bébé dans la famille.

Julie Plaisance, 35 ans, et Saule, 4 semaines

La remise en forme

«Mon premier petit bonheur est de me sentir si en forme suivant l’accouchement, physiquement et mentalement. Pour moi, ça change énormément la donne par rapport au premier: je peux m’occuper de mon bébé par des gestes aussi simples que de changer sa couche.»

Est-ce dû au fait qu’elle a arrêté de travailler un mois avant sa naissance, qu’elle a accouché à la maison ou qu’elle est plus confiante dans son rôle de mère? Julie se pose la question. À la naissance d’Éloi, elle était restée clouée au lit pendant trois semaines, sous le choc de ce qui venait d’arriver à son corps. «C’est tellement intense comme expérience, et il y a toutes les hormones qui entrent en jeu, l’allaitement… C’est un voyage de fou, un accouchement!»

Son corps lui permet cette fois de se dégourdir plus vite. Elle a décidé d’en prendre soin en s’offrant des massages et un suivi en ostéopathie. «Ça participe à mon bonheur et à mon bien-être, ce qui joue sur ma capacité à bien jouer mon rôle de mère.» Réussir à faire de bonnes siestes demeure toutefois un défi. Parfois, elle envie son conjoint Mathieu, qui a droit à de meilleures nuits. «Mais je ne lui en veux pas… c’est à moi de lui expliquer ma réalité.»

De l’amour pour deux, et plus…

«J’apprécie les petits moments que je prends avec mon plus vieux. Ils me font du bien et je sens que ça rassure grandement Éloi dans l’amour que j’ai encore pour lui malgré l’arrivée de son frère.»

La naissance de Saule a eu des répercussions positives sur toute la famille, observe sa maman. «J’apprécie aussi la complicité qui s’accentue entre Éloi et son père. De ma chambre lorsque j’allaite, je les entends rire et s’amuser. Je vois mon chum prendre plus de place parce que je suis moins là pour dire mon mot.»

Quand la vie côtoie la mort

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

«Hier, nous avons eu des funérailles dans la famille de Mathieu. […] Je suis contente d’y être allée. J’ai l’impression que bébé a pu mettre un baume sur les cœurs des gens endeuillés.»

À ce triste événement s’est ajoutée l’annonce de la maladie dans l'entourage de son conjoint. «Je trouve parfois difficile que Mathieu ne soit pas tout à fait là. Qu’il soit ailleurs que dans la paternité. Mais ça se comprend et c’est important qu’il vive ses deuils.» La vie continue, observe-t-elle, malgré la maladie, malgré la mort.

La difficulté de gérer son temps

«Comme au premier, je sens parfois des frustrations monter… Comme celle de me sentir handicapée d’un bras (ou deux!)»

Cette fois-ci, papa est occupé à gérer le plus vieux. Et puis, il y a la maison achetée trois mois plus tôt… «J’oscille entre contempler mon bébé et faire avancer des petits trucs qui sont en suspens. C’est comme si j’avais plein de temps, et pas de temps en même temps», décrit-elle. Sans compter que des gestes tout simples deviennent parfois des montagnes quand le corps peine à suivre. On oublie souvent d’ajouter «se reposer» à la «to do list», fait-elle remarquer. «Si j’en fais trop dans une journée, je serai fatiguée, et c’est mon plus vieux qui écopera.» S’épuiser ne servira personne.

Gagner en confiance grâce à la maternité

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Saule, âgé d’à peine 4 semaines

«Quand on devient mère, les yeux se rivent sur nous. Ça me faisait peur avant d’avoir des enfants. J’avais peur du jugement des gens.»

La maternité lui a appris à assumer davantage ses choix, notamment celui d’accoucher à la maison avec une sage-femme. «La maternité force une meilleure connaissance de soi et renforce nos valeurs», dit-elle. Sa douche n’est pas prise et la maison n’est pas rangée pour l’arrivée de la visite? C’est ainsi, tant pis!

La gratitude

«Comme la mère d’une amie m’avait dit, le premier jour où l’on rencontre notre bébé est celui où on l’aime le moins de notre vie. C’est bizarre comme phrase, mais c’est vrai! La relation se développe.»

L’adrénaline des premiers jours a fait place à la fatigue: c’est une bonne chose, selon elle. Le fait d’avoir ralenti le rythme lui permet d’être plus à l’écoute de l’instant présent et de réaliser à quel point donner la vie est en soi «un petit miracle». «Maintenant, c’est comme si je suis tranquillement et réellement tombée en amour avec lui, et j’ai plus le goût de simplement le regarder, le bécoter, le câliner, le porter sur moi.»

Reconnaissante pour tout ce bonheur, elle souhaite redonner au suivant. Elle s’est portée volontaire pour être marraine d’allaitement et songe à tirer son lait pour des bébés prématurés, consciente qu’elle a en elle ce «puissant or blanc» qui peut être bénéfique à d’autres.