Ça faisait à peine une minute que nous étions à l’entrée du festival Heavy Montréal. En serrant ma main, elle a levé la tête et a dit : « Hey, maman ! Ce serait vraiment cool que ma dent qui branle tombe ici, han ? »

Était-ce à cause d’un sympathique festivalier gothique qui, à mon insu, lui aurait fait un sourire en coin… avec des dents de loup-garou ? Ou peut-être que l’immense et magique Biosphère y était pour quelque chose ? C’est comme si, du haut de ses 6 ans, elle avait compris que nous nous apprêtions à entrer dans un monde où il y a des bouts qui frôlent l’irréel. Et que si, par leur puissance, certaines musiques pouvaient déplacer des foules, elles pouvaient certainement aussi faire tomber des dents !

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @MELISSAMAYAFALKENBERG

Melissa Maya Falkenberg avec sa fille à Heavy Montréal l’an dernier

Aller à un festival avec un enfant… c’est pas heavy ?

Ce n’est pas que je n’apprécie pas les petits plaisirs simples de la vie, bien au contraire, mais je trouve ça plus heavy de rester dans mon quartier et aller au même parc tous les week-ends. Aller dans un festival, c’est avant tout sortir de chez soi, de son quartier, vivre une ville autrement et, sans nécessairement devenir un guide touristique, raconter des bribes d’histoire quand le cœur nous en dit. C’est montrer du doigt Habitat 67 lorsque les festivités ont lieu dans le Vieux-Port. C’est aller dans un parc gigantesque, où il y aura des imprévus, certes, mais quand on est bien organisé, l’imprévu apporte quasiment de la fierté : « Tout est beau, maman a pensé à apporter le Purell ! » Finalement, le plus heavy n’est pas le festival (sinon à quoi bon y aller ?) ; c’est la préparation avant.

Les règles de base

Pour apprécier son expérience, il suffit d’abord de bien suivre les règles de base d’une bonne vie en général. Idéalement, on n’emmène pas son enfant à un festival de musique si tout le monde s’est couché trop tard la veille, si le pseudo-déjeuner provoque une faim de loup (garou) avant même l’arrivée, et, non, personne – même pas les parents-kangourous – ne tripe à traîner son enfant sur son dos pendant six heures parce qu’une gougoune a rendu l’âme dans le métro. La seule chose que je vous conseille de faire à la dernière minute : la crème solaire, de manière militaire.

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Melissa Maya Falkenberg à Osheaga avec sa fille l’an dernier

Au-delà de la musique

Un festival n’est pas seulement un événement culturel ; il s’agit d’une expérience sociale. Pendant un moment de magie, il t’oblige à côtoyer, de près, des gens que tu n’as pas nécessairement choisis, et qui peuvent parfois être un peu trop dans ta bulle. Mais ces gens-là peuvent aussi inspirer. Devenir des alliés pour que ton enfant voie mieux la scène. Faire tomber des jugements sans fondement. Les festivals des « gros méchants punks et métalleux », par exemple, sont souvent les plus familiaux. Ces genres musicaux qui ont évolué en marge ont des communautés avec des valeurs très nobles qui sont extrêmement belles à voir aller.

Avoir soif de découverte

La règle d’or, la plus importante à mon avis : il ne faut pas emmener son enfant à un festival si on n’en a pas envie. Si, depuis des mois, on rêve d’être première rangée au milieu pour tel artiste et que manquer le refrain de sa chanson préférée gâcherait au plus haut point le plaisir, c’est peut-être le signe qu’on a besoin d’une journée « adulte ». Et c’est bien correct.

Lorsque je pense aux festivals expérimentés avec ma fille au fil des ans, des images impérissables défilent dans ma tête. Les premiers pas de groove avec des musiciens de jazz de rue. L’excitation de pouvoir toucher les instruments d’un orchestre classique après un concert. L’étonnement de voir que la musique de Star Wars et d’Indiana Jones a été créée par un réel être humain, et non une créature, et que cette personne nommée John Williams est là, en plein cœur d’une montagne, faisant apparaître la musique avec sa baguette (magique) de chef d’orchestre.

Il y a tout cela, oui. Mais parfois, il arrive qu’aucune chanson ne soit écoutée au complet ou même écoutée tout court. Il arrive que le plus beau souvenir de la journée, ce soit le jus d’une noix de coco partagée. Ou le maquillage de papillon pour lequel il a fallu faire la file. Ou cette piscine de boules de plastique, juste là, qui a provoqué le plus beau rire du monde quand ta fille a décidé de sauter dedans.

La sécurité avant tout

La sécurité des familles est une priorité de plus en plus courante chez les producteurs de festivals. En plus des aires de jeux colorées et sécuritaires pour les enfants, à Heavy Montréal, ’77 Montréal et Osheaga, par exemple, un système de bracelets munis d’une puce est offert gratuitement aux familles. Y sont inscrites les informations les plus importantes, comme les numéros de téléphone des parents en cas d’urgence et les allergies de l’enfant, s’il y a lieu. L’entrée des enfants âgés de 10 ans et moins est gratuite.