Suzanne en a assez. Hyper sollicitée au travail comme à la maison, elle a du mal à tolérer le comportement opposant de la plus jeune de ses filles, âgée de 2 ans. Le soir, elle se surprend à n'attendre que le moment où ses enfants seront (enfin!) au lit et où elle pourra s'affaler devant le téléviseur. Une attitude négative qui agace son mari.

Pour beaucoup de familles, une situation comme celle-là a un petit air connu. Spécialiste de la périnatalité, la psychiatre australienne Diana Korevaar a vu défiler dans son bureau de nombreux parents chargés d'histoires semblables.

«Ça arrive à tout le monde d'avoir de moins bons moments», tempère la spécialiste. Ces dernières années, elle a toutefois constaté les bienfaits de la pleine conscience et de la méditation sur ses patients les plus stressés. Tant et si bien qu'elle en a fait un livre: Apaiser le stress parental.

«Malheureusement, les troubles liés au stress sont en augmentation partout, souligne la Dre Korevaar. Ces dernières années, beaucoup d'études nous ont cependant démontré qu'avec la pleine conscience, on pouvait aller jusqu'à changer la façon dont réagit notre cerveau. L'idée, avec ce livre, c'est d'aider les parents à mieux se comprendre. À mieux comprendre leurs émotions.»

Plusieurs exercices

Le guide de 200 pages propose plusieurs exercices pour accompagner les parents qui souhaitent teinter leur quotidien d'un peu plus de calme et d'équilibre. Pas de recettes magiques ici, mais des techniques très concrètes pour intégrer la méditation et la pleine conscience dans une journée déjà bousculée par le travail et la routine des enfants.

«On sait que les parents doivent gérer toutes sortes de situations et souvent, rien ne va comme prévu, mais nos émotions veulent dire quelque chose. Elles sont absolument nécessaires. Les écouter, qu'elles soient bonnes ou moins agréables, peut être bénéfique.»

Un des exercices suggérés par la Dre Korevaar consiste à fermer les yeux, confortablement assis sur une chaise dans un endroit calme. Le dos droit, on observe alors de l'intérieur quelles sensations traversent notre corps et quelles pensées traversent notre esprit. Pas question ici de chasser cette liste d'épicerie qui nous taraude soudainement: il suffit ici d'être le témoin privilégié de ces idées qui vont et qui viennent et des sensations physiques qui accompagnent notre respiration.

«L'objectif, c'est de se connecter à soi-même», résume la psychiatre. Elle précise qu'avec le temps, le parent qui se permet ces pauses pour refaire cette «connexion» arrivera à prendre des décisions plus éclairées, car il comprendra mieux ce qui l'anime. 

Suzanne, dont l'histoire est relatée dans le livre de la psychiatre, a ainsi pu se libérer de certaines frustrations en intégrant la méditation à son quotidien une dizaine de minutes seulement, et en reprenant le jogging quelques matins par semaine. «Au lieu d'écouter de la musique, elle a commencé à s'entraîner à noter ses pensées et à se connecter avec une plus grande attention à ce qui se produisait autour d'elle», précise la Dre Korevaar.

Attention au surplus d'informations

Une technique bénéfique, mais doit-on alors à tout prix éviter les distractions comme la télévision et les écrans, afin de favoriser cette pleine conscience de soi au quotidien? Pas du tout, tempère la spécialiste. «Je pense qu'il faut faire attention à ne pas amener les parents à se sentir coupables, ajoute-t-elle. Oui, quand on écoute la télévision ou que l'on consulte l'internet, on se relaxe et ça peut faire du bien. Par contre, il faut savoir qu'on se retrouve submergé par beaucoup d'informations. Ce sont des éléments qui peuvent déclencher notre stress sans qu'on s'en rende compte. Ce n'est pas quelque chose qu'on ne doit pas faire, mais je pense qu'on devrait aussi favoriser les vraies interactions. Réserver des moments pour écouter pour vrai notre partenaire, ou encore pour prendre conscience de nos propres émotions.» Et ce, même si ça nous fait sortir de notre zone de confort, précise la spécialiste dans son livre.

«Comprendre et utiliser la pleine conscience peut être un long processus, c'est vrai, admet la Dre Korevaar. Par contre, on a tout avantage à se familiariser avec les grands principes. À l'école et au travail, nous avons appris à détecter des problèmes et à les régler. Avec la parentalité, ça ne fonctionne pas comme ça. On ne peut pas être sur le pilote automatique. Si les parents apprennent à ralentir, leur attitude sera contagieuse et leurs enfants apprendront à le faire, eux aussi.»

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Apaiser le stress parental. Dre Diana Korevaar. Éditions Québec Amérique. 208 pages.

Image fournie par Éditions Québec Amérique

Apaiser le stress parental, de la Dre Diana Korevaar