Inspire, expire. Inspire, expire. S'il est possible de s'entraîner mentalement avant de pratiquer un sport, de travailler sa respiration pour diminuer son stress, pourquoi les enfants souffrant de déficit d'attention ne pourraient-ils pas, eux aussi, bénéficier de tels exercices de relaxation?

C'est la question que pose Jean Savard, auteur, pédagogue et conférencier autodidacte, qui propose un projet pilote de relaxation pour enfants souffrant de TDAH (troubles de déficit d'attention, avec ou sans hyperactivité). Objectif? Recruter une quinzaine de parents volontaires, afin de tester son hypothèse.

 

Le concept (éprouvé auprès de patients souffrant de stress, mais jamais, à ce jour, auprès d'une clientèle TDAH) est le suivant: il s'agit d'atteindre, en ralentissant progressivement la respiration, un niveau dit de «cohérence cardiaque», optimal pour la relaxation et la détente, permettant du coup d'optimiser la concentration.

Pour ce faire, il est possible de faire divers exercices de respiration. «Mais pas un enfant ne va s'arrêter trois minutes pour respirer», avance Jean Savard. D'où l'intérêt de son approche, sous la forme d'un jeu d'ordinateur coûtant environ 400$. S'inspirant d'un logiciel mis au point par des chercheurs américains de l'institut Heartmath, en Californie, voici ce qu'il propose: brancher l'enfant, à l'aide de petits bracelets ou d'une pince à l'oreille, à un ordinateur, afin de mesurer son rythme cardiaque; par ailleurs, l'inciter à ralentir sa respiration, en suivant le rythme d'une barre à l'écran. Plus l'enfant se détend, plus il avance dans le jeu (en faisant apparaître des animaux autour d'une oasis, par exemple). Selon Jean Savard, après trois minutes, l'effet bénéfique en termes de relaxation et de concentration perdure de six à huit heures. Idéalement, il s'agit donc de répéter l'exercice trois fois par jour, pendant trois semaines. Au bout des trois semaines, l'enfant devrait avoir acquis un «réflexe de détente», et du coup une meilleure concentration. C'est du moins ce que ses cobayes devront confirmer, ou infirmer. «Ce que je présume, c'est que les parents vont voir une nette différence dans le comportement de l'enfant, dit-il. Je ne peux pas dire que je vais les guérir, je ne le sais pas. Mais ils vont certainement pouvoir diminuer leur médication.»

Ésotérique? Chose certaine, Stacey Bélanger, directrice de la clinique de TDAH au CHU Sainte-Justine, n'y croit pas. Les problèmes d'attention chez les enfants TDAH ne sont pas liés au stress, répond-elle. «Les enfants avec un TDAH de type inattentif ne sont pas nerveux, anxieux ou agités, mais ont des difficultés avec les fonctions cognitives. C'est donc d'origine neurologique.» Ce que propose Jean Savard est «loin de la recherche fondamentale», tranche-t-elle.

Philippe Lageix, pédopsychiatre et chef médical de la clinique des troubles de l'attention à l'hôpital Rivière-des-Prairies, est tout aussi sceptique, quoique moins sévère face à ce type d'approche «alternative». «Toutes les recherches utilisant de près ou de loin des interventions prescriptives n'ont donné aucun résultat, fait-il valoir. Mais peut-être que pour un tout petit nombre, ça va marcher.» Conclusion? Il faut explorer cette avenue, «comme il faut en explorer 10 000 autres», suggère-t-il.

Si le projet vous intéresse, consultez le site de Jean Savard: http://parenticipation.qc.ca