Considérés comme un service essentiel, les refuges animaliers pourront continuer leurs activités, mais les restrictions actuelles leur compliquent la tâche. Certains ont par ailleurs noté une hausse des demandes d’adoption en début de crise.

Alors que l’on aurait pu craindre une vague d’abandons d’animaux domestiques comme cela s’est observé aux États-Unis, les Québécois se sont plutôt montrés responsables, certains refuges ayant même enregistré une augmentation des demandes d’adoption lors des prémices de la crise sanitaire.

« Des refuges américains se sont plaints de la quantité d’abandons liés à la COVID-19, mais après avoir consulté des refuges à travers la province, et même au Canada, c’est un phénomène que l’on n’a pas vu au Québec. Il n’y a pas eu plus d’abandons que les autres années », confirme Élise Desaulniers, directrice de la SPCA de Montréal. À l’inverse, un pic d’adoptions a été enregistré au début de la crise, avec parfois une vingtaine d’animaux placés en une seule journée.

Quand les mesures de distanciation n’étaient pas aussi sévères, il y a eu une hausse d’adoptions, les jours de semaine ressemblaient à des jours de week-end. On a été surpris par la foule d’appels, de courriels et de visites.

Élise Desaulniers, directrice de la SPCA de Montréal

Le rythme s’est par la suite stabilisé, l’organisme ayant mené à terme 68 adoptions entre les 17 et 23 mars — on en avait enregistré 70 pour la même période l’an passé.

Au-delà du probable besoin de compagnie en ces temps d’isolement généralisé, la directrice pense que les Québécois ont profité d’une disponibilité accrue pour mettre en œuvre un projet d’adoption auquel ils avaient sûrement songé au préalable, sans avoir eu le temps de s’en occuper jusqu’alors.

La SPCA de Montréal a aussi remarqué que les candidatures pour devenir famille d’accueil, et donc s’occuper temporairement d’un animal, se sont multipliées. « Il y a beaucoup de personnes qui ne peuvent pas accueillir d’animal chez eux en temps normal, mais puisqu’ils sont à la maison ces temps-ci, c’est une bonne solution pour elles », souligne Anita Kapuscinska, porte-parole de l’institution.

Du côté du Berger Blanc, les demandes ont aussi bondi, mais cela a été géré avec prudence. « Nous avons en effet constaté une hausse des demandes. Toutefois, nous avons préféré placer nos animaux dans des refuges et foyers d’accueil temporaires afin d’éviter une hausse des abandons suite au retour à un rythme de vie normal dans les prochaines semaines ou mois », indique Pierre Couture, président de l’organisme.

Plus long et complexe

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Réseau Secours Animal, qui gère les adoptions de chats, n’a pas noté de hausse draconienne de sollicitations depuis le début de la pandémie.

La situation reste tout de même contrastée, certains refuges comme le Réseau Secours Animal (RSA), qui gère les adoptions de chats, n’ayant pas noté de hausse draconienne de sollicitations.

En revanche, toutes les associations doivent dorénavant composer avec les nouvelles mesures restrictives en vigueur, forçant à une réorganisation qui risque de ralentir le rythme des placements d’animaux dans des familles.

« On ne peut plus faire de stérilisation ni de vaccins, nous avons donc moins de chats disponibles à l’adoption. Certains bénévoles ne peuvent plus se rendre au refuge », déplore Agathe Thierry, bénévole responsable des adoptions au RSA.

À la SPCA de Montréal, seuls les abandons urgents sont désormais pris en charge, soit ceux des animaux blessés, malades, dont la vie est en danger ou qui ont mordu des humains. L’accès aux locaux étant restreint de façon draconienne, les potentiels adoptants doivent maintenant prendre rendez-vous, et ne sont rencontrés qu’au compte-gouttes.

« Pour nous, c’est absolument nécessaire que des adoptions soient faites en ce moment, même si le processus est plus long et compliqué qu’à l’habitude, parce qu’on voit arriver la pointe de l’été, avec plus d’abandons autour de la période des déménagements. Il faut qu’on libère le refuge le plus vite possible, parce qu’on ne passera pas à travers ça », prévient la directrice de l’organisme.