(Hanoï) Des saucisses, du raisin, du lait ou des gâteaux, déposées sur des pierres tombales au cimetière des animaux domestiques de Hanoï : en ce Mois des Fantômes, chiens, chats et autres tortues enterrés ont droit à un festin bien réel.

Des dizaines de propriétaires d’animaux domestiques ont participé à une cérémonie solennelle à la pagode Te Dong Vat Nga (« Toutes les vies se valent »), autour de laquelle des milliers de chats et de chiens ont été enterrés.

Cette fête rituelle est habituellement pratiquée au Vietnam en hommage aux ancêtres, conformément à une croyance selon laquelle leur âme erre sur la terre pendant le Mois des Fantômes et est honorée par un grand festin, avant que celui-ci ne se termine à la fin août.

Mais pour le charismatique bouddhiste gérant le cimetière pour animaux domestiques, ces compagnons méritent d’être traités avec la même dignité.

« Nous aimons les chiens et les chats, et pas seulement dans cette vie, mais aussi après leur mort », avance Nguyen Bao Sinh, qui a ouvert son cimetière il y a 50 ans.

PHOTO NHAC NGUYEN, AFP

Il affirme avoir incinéré ou enterré plus de 10 000 animaux — dont des tortues, des oiseaux et des poissons — et facture entre 45 et 65 dollars aux maitres qui souhaitent installer une pierre tombale pour leur compagnon décédé.

« Bon mérite un endroit décent pour reposer en paix », avance Nguyen Anh Minh après avoir déposé du lait, des yogourts et des raisins sur la tombe de son husky, décédé cette année.

Pour Nguyen Thi Xuan Trang, qui considérait son chien Quoc comme son fils, offrir une véritable cérémonie d’enterrement à son animal de compagnie a été une source de sérénité.

« Je lui apporte des gâteaux de lune et des cacahouètes, c’est sa nourriture préférée », explique-t-elle au milieu du cimetière.

PHOTO NHAC NGUYEN, AFP

Pour Nguyen Thi Xuan Trang, qui considérait son chien Quoc comme son fils, offrir une véritable cérémonie d’enterrement à son animal de compagnie a été une source de sérénité.

Nguyen Bao Sinh se souvient que les gens le prenaient pour un fou lorsqu’il a entamé les démarches pour ouvrir le cimetière, dans un pays où la viande de chat ou de chien est parfois proposée à table.

Bien que posséder un animal de compagnie soit devenu plus fréquent au Vietnam au fil des années, il n’est pas rare de voir encore des chiens de garde enfermés dans des cages, ou des cornes de rhinocéros et autres écailles de pangolin utilisées dans la médecine traditionnelle.

Ancien combattant pendant la guerre du Vietnam, au cours de laquelle son chien l’avait accompagné sur les champs de bataille, M. Sinh espère que son cimetière permettra aux animaux domestiques d’être vus sous un nouveau jour, et contribuera à diffuser un message de bonté envers ces compagnons à quatre pattes.

« Les humains et les animaux sont égaux », assure-t-il. « Et quand vous aimez les animaux, alors vous ne ferez pas de mal à un humain ! ».