Solidement attaché, le petit bouledogue brun de 8 mois gémit avec inquiétude lors d'une séance d'acupuncture dans une clinique de Shanghai, un soin vétérinaire en développement en Chine pour les chiens victimes de paralysie.

Le petit Danjiao («Ravioli d'oeuf») serait probablement plus à l'aise en train de mâchouiller tranquillement un os: harnaché sur une structure rappelant celle d'un instrument médiéval de torture, il assiste impuissant à l'insertion dans ses chairs de longues aiguilles alimentées par du courant électrique.

Mais l'acupuncture peut constituer une alternative à l'euthanasie, le sort qui attend bien souvent les animaux atteints de graves blessures de la moelle épinière ou du système nerveux, assure Jin Rishan, docteur à la Clinique de médecine traditionnelle chinoise de Shanghai.

«Nous avons de plus en plus de clients», explique M. Jin, 53 ans, dont le Centre de neurologie et d'acupuncture vétérinaire accueille 20 patients à pattes en moyenne chaque jour. Le service tourne à plein régime et envisage de s'agrandir.

De nombreux chiens souffrent de blessures du dos ou de lésions de la moelle épinière qui peuvent les rendre inaptes à la marche. Plusieurs races comme les bouledogues, les bergers allemands, les collets ou les bassets sont particulièrement exposés.

«Soixante-dix pour cent des animaux ici souffrent de hernie discale, une maladie qui peut mener à la paralysie des membres postérieurs voire de l'ensemble des quatre pattes», explique le docteur Jin, pour qui l'acupuncture est «plus efficace» que les techniques modernes.

«La médecine occidentale ne peut pas faire grand-chose dans ces cas-là», déclare-t-il.

La méthode semble en tout cas fonctionner pour «Ravioli d'oeuf». Le pauvre canidé était complètement paralysé après avoir une lourde chute sur le dos.

«Après trois jours d'acupuncture, il a petit à petit été capable de ramper sur ses pattes avant. Et au septième jour, il a pu boitiller sur ses quatre jambes», explique son maître Michael Xu.

Aujourd'hui, les chiens - mais aussi quelques chats - défilent dans la clinique shanghaïenne, des grands labradors noirs aux minuscules caniches nains, portés par leurs maîtres ou transportés dans des poussettes.

«Dans le passé, les Chinois avaient une idée assez vague de la notion d'animal de compagnie», explique le docteur Jin Rishan.

«Mais aujourd'hui, beaucoup les adorent. Ils les considèrent comme un compagnon ou un membre de la famille.»