Seulement 5 % des parents croient que leur adolescent a déjà vapoté, indiquent des données du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS). La réalité ? Plus de 40 % des jeunes de quatrième et de cinquième secondaire l’ont essayé. Alors que les études démontrant les effets nocifs et addictifs de ces produits s’accumulent, comment peut-on sensibiliser son enfant aux risques liés au vapotage ? Voici cinq conseils.

Cours 101 du vapotage

Avant toute chose, mieux vaut s’informer sur le sujet, croit Annie Papageorgiou, directrice générale du Conseil québécois sur le tabac et la santé. Dans les dernières années, des mythes ont circulé sur le vapotage. Des exemples ? On a notamment entendu que la fumée produite n’est que de la vapeur d’eau ou que les vapoteuses ne contiennent pas de nicotine. Or, bien que certains liquides de vapotage sans nicotine existent, 90 % de ceux consommés par les jeunes en contiennent, selon les chiffres du CQTS. « C’est prouvé que la nicotine altère la mémoire et la concentration des adolescents, souligne Annie Papageorgiou. Elle peut aussi favoriser l’apparition de troubles psychologiques comme la dépression, le stress, l’anxiété. On sait également que ça peut affaiblir la capacité des poumons. » La directrice générale du CQTS croit que les parents doivent être au courant des effets nocifs du vapotage et les invite à consulter le site « Québec sans tabac » pour obtenir plus d’information.

Consultez le site « Québec sans tabac »

Le dialogue plutôt que la peur

On souhaite décourager son jeune d’essayer la vapoteuse ? Tenter de lui faire peur en lui exposant toutes les recherches sur le sujet n’est pas l’avenue que recommande Annie Papageorgiou. Mieux vaut miser sur le dialogue en « validant auprès de lui ce qu’il connaît de la vapoteuse et ce qu’il en pense ». Myriam Day Asselin, directrice Innovation et développement chez Tel-Jeunes, croit aussi en l’importance d’ouvrir la discussion avec son adolescent. « C’est toujours bien de fonctionner avec des questions ouvertes. Ça permet de saisir où notre jeune se situe dans sa compréhension du sujet. » « Que penses-tu du vapotage ? » ou « Est-ce populaire à ton école ? » sont deux exemples de questions possibles. « Les parents s’imaginent souvent que leur jeune n’a pas envie de parler de ces sujets-là avec eux, mais les études démontrent au contraire que les jeunes s’attendent à avoir ces discussions avec leurs parents. Je ne dis pas qu’ils ne vont pas rouler des yeux, mais les parents demeurent LA source fiable et de confiance pour un jeune », souligne Annie Papageorgiou.

Plus tôt que tard

Sachant que certains élèves commencent à vapoter en cinquième ou en sixième année, devrait-on aborder le sujet avec son enfant d’âge primaire ? « Moi, je dirais le plus tôt, le mieux », répond Myriam Day Asselin. Selon elle, cela montre à l’enfant que son parent est ouvert à discuter de ce sujet et qu’il peut se tourner vers lui s’il a des questions. « Ce n’est pas vrai qu’en parler va l’inciter à consommer. Au contraire, ça vient aiguiser son jugement critique et donc, peut-être même décourager le jeune à l’essayer », fait valoir la porte-parole de Tel-Jeunes. La discussion doit toutefois être adaptée au niveau de compréhension de l’enfant. Et peu importe l’âge auquel on aborde le sujet pour la première fois, il est bon d’en rediscuter périodiquement. « Ce n’est pas parce qu’on a posé la question une fois quand son adolescent était en 1re secondaire qu’il ne faut pas la reposer trois ou quatre mois plus tard. Un jeune, ça évolue tellement rapidement que ses positions peuvent changer », soutient Annie Papageorgiou.

Des limites à mettre

Au Québec, un adolescent sur cinq vapote, selon l’Institut national de santé publique du Québec. À certains endroits, il est même facile pour les moins de 18 ans de se procurer des produits de vapotage, a d’ailleurs récemment démontré un article de La Presse. Si votre jeune fait partie de ces statistiques et que vous souhaitez qu’il cesse de fumer, que pouvez-vous faire ? Myriam Day Asselin croit qu’il faut rester à l’écoute de son enfant, mais cela ne signifie pas qu’on ne doit pas mettre ses limites. « Les jeunes ont besoin de cadre », affirme-t-elle. On ne veut pas que son jeune vapote à la maison ? À l’école ? On le lui dit tout en expliquant les raisons qui motivent cette règle, suggère Myriam Day Asselin. L’adolescent tentera peut-être de la contourner, prévient-elle toutefois, car, à cet âge, « c’est normal d’aller expérimenter à l’extérieur ».

Lisez l’article d’Alice Girard-Bossé

Petites victoires

Dépendance, essoufflement : certains effets du vapotage sont ressentis rapidement par les jeunes, affirme Annie Papageorgiou. Si bien qu’environ un adolescent qui vapote sur deux a envie d’arrêter. Comment peut-on l’accompagner dans son cheminement ? Les encouragements de l’entourage peuvent être très bénéfiques, croit la directrice générale du CQTS. On peut notamment souligner de petites victoires, comme une soirée sans fumer. L’amener à modifier sa routine peut aussi contribuer à un changement d’habitudes. Créé pour les jeunes, le site « Brise l’illusion » présente différentes ressources d’aide pour arrêter de vapoter.

Consultez le site « Brise l’illusion »