Il fait gris. Le temps est doux, mais les nuages sont omniprésents depuis une dizaine de jours et on commence tous à souffrir du manque de soleil. Quels sont les effets sur notre moral ? Ce temps gris est-il anormal ?

Selon Julien Chartrand, météorologue à Environnement Canada, on vit jusqu’à maintenant un hiver assez atypique avec des températures plus douces que la normale. « Ce n’est pas juste une impression, il y a un vrai manque de soleil depuis la tempête du 23 décembre, dans l’ensemble du Québec », dit-il d’emblée en entrevue. Les prévisions annoncent toutefois du soleil dans plusieurs régions mardi.

« Le scénario météo de la province a été plus chaud que la normale avec plus de perturbations. Ce système nous a amené de la neige, des vents forts, de la poudrerie, et on a eu très peu de soleil. Le redoux est arrivé, avec de l’air chaud, de l’humidité et des nuages jusqu’à dimanche dernier… On s’attendait à avoir du soleil à Montréal, mais on a eu des nuages bas qui ont persisté le long de la vallée du Saint-Laurent, mais ailleurs au Québec, c’était une belle journée », précise Julien Chartrand.

Le météorologue constate que nos hivers sont normalement froids et secs, ce qui apporte de belles journées ensoleillées qui font la beauté de l’hiver. « Quand il y a une masse d’air froid, c’est plus sec et ensoleillé, c’est là qu’on a nos belles journées avec du soleil, mais il n’y a pas eu cette masse d’air froid depuis le début de la saison, sauf depuis dimanche. »

On est resté dans le corridor des dépressions, avec une succession de systèmes qui nous a amené un couvert nuageux, et des précipitations.

Julien Chartrand, météorologue à Environnement Canada

Les effets du manque de soleil

Est-ce que ça affecte l’humeur ? « Oui, car notre corps a besoin de soleil », répond la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier. « Quand le nombre d’heures d’ensoleillement est réduit, ça joue sur la baisse d’activité de la sérotonine dans notre cerveau qui est un neurotransmetteur qui contribue à réguler l’humeur et notre état émotionnel », explique celle qui est aussi professeure associée à l’Université du Québec à Montréal.

Le changement de saison et le manque de lumière ont aussi un impact sur le niveau de mélatonine, qui est l’hormone en lien avec le cycle du sommeil, qui peut être perturbé.

Quand on dort mal, on est fatigué. Un des facteurs important dans la régulation de l’humeur, c’est le fait d’être en forme. Si on est fatigué, on va être impatient et avoir la mèche courte, ce qui ne sera pas agréable.

Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue

La psychologue fait un autre constat : nous sommes moins portés à sortir quand il fait gris, et même à voir des gens. Il devient alors difficile de garder notre bonne humeur. « Même si on ne souffre pas de dépression saisonnière, on voit que nous sommes affectés par ce manque de soleil. On peut avoir des manifestations dépressives dans le fait de ne pas avoir envie de sortir ou de voir nos amis, être plus fatigué, avoir une humeur plus maussade. Sans vouloir en rajouter, à cause de la pluie et du verglas, on n’a pas pu profiter des activités extérieures. Les patinoires des parcs sont impraticables, et on n’a pas pu aller glisser avec les enfants non plus. »

Sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens en ont assez de ce temps déprimant. MétéoMédia s’amuse d’ailleurs à faire des devinettes : « Il n’a presque pas montré son nez depuis plus de dix jours dans le sud du Québec. Il a inspiré plusieurs chansons, dont une des Beatles. De quoi s’agit-il ? », pouvait-on lire en début de semaine sur la page Facebook de MétéoMédia.

« Les gens ne nous appellent pas pour se plaindre, mais on sent bien que ce manque de lumière, c’est déprimant, même si […] certaines personnes apprécient la douceur de ces températures », estime le météorologue Julien Chartrand. Il nous prévient qu’il va y avoir une autre succession de journées nuageuses avec des précipitations…

Que faire pour être moins affecté par le manque de soleil ?

« N’attendez pas le soleil pour sortir dehors, car ça fait du bien de prendre l’air, de bouger, de marcher, d’aller se promener avec des amis. C’est efficace pour refaire le plein d’énergie, car on a besoin d’être à l’extérieur », conseille la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier. Elle estime qu’il est important de prendre soin de soi et de se faire plaisir, car le mois de janvier, avec ou sans soleil, est toujours une période difficile de l’année, puisqu’on a du mal à reprendre le rythme après les Fêtes. « Faites-vous plaisir, que ce soit dans la socialisation, mettre de la musique et danser dans votre salon, cuisiner un plat réconfortant ou regarder un film, une comédie de préférence ! »