Vous jardinez ? Vous avez probablement déjà lu ses mots, que ce soit dans ses livres, dans ses chroniques ou encore sur son blogue du Jardinier paresseux. Larry Hodgson est LA référence en horticulture au Québec. Atteint d’une maladie pulmonaire, il se sait condamné. Son fils, Mathieu, tient à lui rendre un hommage bien spécial. La Presse s’est entretenue avec le père et le fils.

Dans la communauté horticole, la nouvelle a créé une onde de choc.

« On m’a dit il y a 6 ans et demi qu’il me restait 1 à 2 ans à vivre. J’ai donc déjoué les pronostics jusqu’à présent », a écrit Larry Hodgson sur son blogue, le 24 juin, le jour de ses 68 ans. « Mais la maladie progresse plus rapidement maintenant et je ne pense pas qu’il me reste beaucoup de temps. Des semaines ? Des mois ? Le temps nous le dira. »

Lisez le billet de Larry Hodgson

« Un immense merci pour votre apport colossal à l’horticulture, a réagi l’organisme Les Urbainculteurs, sur Facebook. Votre passion nous touche et votre blogue richissime nous inspire quotidiennement. »

Une vraie passion

Larry Hodgson fait partager depuis près de 40 ans sa passion pour le jardinage. Au milieu des années 1980, cet Ontarien d’origine (et grand amoureux du Québec) a quitté son emploi, convaincu qu’il deviendrait chroniqueur horticole, un métier... qui n’existait pas. « J’ai des amis qui pensaient que j’étais complètement fou », raconte Larry Hodgson, joint à Québec par visioconférence. Larry avait un accent à couper au couteau, mais il était tellement convaincant que Le Soleil lui a donné sa chance.

Près de 40 ans plus tard, il y tient toujours sa chronique.

  • Larry Hodgson au Costa Rica, en 2008, alors qu’il travaillait comme guide horticole

    PHOTO FOURNIE PAR LARRY HODGSON

    Larry Hodgson au Costa Rica, en 2008, alors qu’il travaillait comme guide horticole

  • Larry Hodgson à la Fête des semences de Québec, en 2018

    PHOTO FOURNIE PAR LARRY HODGSON

    Larry Hodgson à la Fête des semences de Québec, en 2018

  • Larry et Mathieu Hodgson

    PHOTO FOURNIE PAR LARRY HODGSON

    Larry et Mathieu Hodgson

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Larry Hodgson a connu une carrière florissante, collaborant avec plusieurs magazines, journaux et stations de radio et signant pas moins de 64 livres (!). Très impliqué dans son milieu, il a aussi offert de nombreuses conférences et accompagné des milliers de personnes lors de voyages horticoles.

En 2014, son fils Mathieu lui a dit que, pour durer, il se devait d’investir l’internet. C’est là que le blogue Jardinier paresseux a été mis en ligne. Mathieu s’attendait à ce que son père écrive un article de temps en temps, mais « il s’est mis à écrire tous les jours », raconte Mathieu. « Le blogue a grossi, grossi... L’an passé, on a eu 8,5 millions de vues sur le site. »

« J’ai adoré ce contact plus direct avec le public, explique Larry Hodgson. Je ne le savais pas à l’époque, mais j’allais bientôt me retirer encore davantage de mes autres activités, parce que la mauvaise santé s’en venait. »

Le blogue survivra

Larry Hodgson est atteint de fibrose pulmonaire, une maladie dégénérative mortelle.

Son billet du 24 juin, il l’a écrit de l’hôpital, un oxymètre à l’annulaire pour mesurer son taux d’oxygène. Mais dans ce texte, Larry annonçait aussi une belle nouvelle : son blogue lui survivra. Son fils Mathieu lui a offert d’en assurer le maintien après sa mort.

La journaliste horticole Julie Boudreau y collaborera. Le Soleil a accepté de libérer de droits les chroniques que Larry Hodgson a écrites au fil des années pour leur donner une seconde vie sur le blogue. « Je ne suis pas un communicateur comme mon père, mais ça se pourrait que j’écrive un petit article de temps en temps, moi aussi », confie Mathieu. Larry sourit, visiblement fier.

Il mérite qu’on se souvienne de lui. Il a travaillé fort, il a donné beaucoup de son temps. Pendant plusieurs années, le blogue ne rapportait absolument rien, mais il a continué à le faire parce qu’il était passionné, parce que les gens le lisaient.

Mathieu Hodgson, à propos de son père

Jusqu’au 8 juin, Larry Hodgson animait une émission hebdomadaire diffusée à la radio CKIA-FM et sur Facebook. Il a dû dire au revoir à ses auditeurs, n’ayant plus le souffle nécessaire. Larry s’est aussi promis de cesser de répondre aux nombreuses demandes de conseil qu’il reçoit par courriel.

Quand on lui en glisse un mot, sa voix se brise. « C’est difficile », laisse-t-il tomber. Certaines questions lui prenaient quelques minutes à répondre, mais d’autres, une demi-journée. Il n’a plus l’énergie.

« Je comprends que ce n’est qu’une plante, mais quand ils m’écrivent, les gens sont désespérés : leur plante ne va pas bien, ils m’envoient des photos... » Depuis sa sortie de l’hôpital, des centaines de courriels non lus s’affichent dans sa boîte de réception. Il réussit à s’en tenir à sa décision, « mais c’est terrible de ne pas leur répondre ».

En revanche, Larry Hodgson entend continuer d’écrire dans Le Soleil et sur son blogue aussi longtemps que possible. « Chaque personne a sa façon de mourir, dit-il. Moi, je veux continuer à faire ce que j’aime faire. »

Quand il écrit à propos du jardinage, il ne pense pas à l’inexorable progression de sa maladie. « J’aime penser que c’est la raison pour laquelle je vis plus longtemps que prévu, confie Larry. Quand j’écris, je suis bien. »