(Mont-Saint-Grégoire) Les érables n’ont pas encore coulé cette année, mais certaines cabanes à sucre font le plein de clients dans leurs salles à manger enfin rouvertes après deux ans de pandémie.

« J’ai misé, comme au casino, et j’aurais pu être obligée de vendre 40 000 tourtières à moitié prix, comme en 2020 », lance Mélanie Charbonneau, propriétaire de l’Érablière Charbonneau, au pied du mont Saint-Grégoire, en Montérégie. Derrière elle, clients et serveuses vont et viennent dans un ballet incessant en ce lundi midi de semaine de relâche. Mme Charbonneau serait-elle en voie de remporter son pari ?

  • Lundi, plus de 200 personnes avaient fait une réservation à l’Érablière Charbonneau, au pied du mont Saint-Grégoire, en Montérégie.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Lundi, plus de 200 personnes avaient fait une réservation à l’Érablière Charbonneau, au pied du mont Saint-Grégoire, en Montérégie.

  • L’enseignante Isabelle Longtin et sa fille Laeticia ont profité de la semaine de relâche, et de la fermeture de la garderie, pour se rendre à la cabane à sucre.

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    L’enseignante Isabelle Longtin et sa fille Laeticia ont profité de la semaine de relâche, et de la fermeture de la garderie, pour se rendre à la cabane à sucre.

  • Marina Colinares et ses fils Marc et Matthew s’apprêtent à savourer des crêpes, des saucisses et des oreilles de crisse.

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    Marina Colinares et ses fils Marc et Matthew s’apprêtent à savourer des crêpes, des saucisses et des oreilles de crisse.

  • Au côté de Yannick Blain, Josée Blanchard fête son anniversaire à la cabane à sucre, comme toujours… sauf l’an dernier.

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    Au côté de Yannick Blain, Josée Blanchard fête son anniversaire à la cabane à sucre, comme toujours… sauf l’an dernier.

  • Un premier repas des sucres satisfaisant pour Ly Hoang Tung, Hong Kham Hue et Sophia.

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    Un premier repas des sucres satisfaisant pour Ly Hoang Tung, Hong Kham Hue et Sophia.

  • Marie-Claude Dumont est une habituée de l’Érablière Charbonneau. C’est déjà son deuxième repas cette saison et elle prévoit s’y rendre encore trois fois. On la voit ici avec Maxime Gorman.

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    Marie-Claude Dumont est une habituée de l’Érablière Charbonneau. C’est déjà son deuxième repas cette saison et elle prévoit s’y rendre encore trois fois. On la voit ici avec Maxime Gorman.

  • Stéphanie Germain et Haendel Dorfeville ont adoré leur repas. « On est bien contents de voir de vraies personnes », rigole M. Dorfeville.

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    Stéphanie Germain et Haendel Dorfeville ont adoré leur repas. « On est bien contents de voir de vraies personnes », rigole M. Dorfeville.

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Deux printemps après le début de la pandémie, qui a mis fin d’un coup à la saison des sucres partout au Québec en mars 2020, les clients ne se font pas prier pour se gaver de soupe aux pois, fèves au lard, jambon, omelettes, crêpes, pets de sœur et tarte au sucre (et on en passe). Lundi, plus de 200 personnes avaient fait une réservation à l’Érablière Charbonneau. « La demande est très, très grande pour les repas en présentiel », se réjouit sa propriétaire.

En salle, la bonne humeur règne.

Je suis très contente de fêter mon anniversaire à la cabane, comme on le faisait depuis quasiment 50 ans. La dernière fois, ça faisait deux ans, on s’ennuyait !

Josée Blanchard, attablée avec ses proches

L’enseignante Isabelle Longtin prend un premier repas à la cabane avec sa fille Laeticia, 18 mois. Enceinte, la pandémie l’avait privée d’une sortie de sucres toute planifiée au printemps 2020. « Depuis ce temps-là, j’avais un craving d’aller à la cabane. »

Malgré le froid mordant, Marina Colinares rigole avec ses deux fils dans les modules de jeux avant de passer à table. « On n’est pas encore habitués à cette température, on n’est ici que depuis trois ans, dit-elle. On vient pour les enfants, mais on aime ça aussi, on avait déjà essayé avant la pandémie. » Matthew, 11 ans, a bien hâte de manger des crêpes dans le sirop. Marc, 9 ans, préfère les pommes de terre, les saucisses et… cette chose croustillante qui s’appelle comment déjà ? Ah oui, les oreilles de crisse.

Repas à emporter

Même si elles sont limitées à 50 % de leur capacité d’accueil jusqu’au 14 mars, nombre de cabanes n’ont pas tardé à recevoir des clients. Mais pas toutes. Certaines se contenteront d’offrir, cette année encore, des repas à emporter. C’est le cas, par exemple, de la Sucrerie des Gallant de Sainte-Marthe, près de Rigaud, ou de la Sucrerie Jean-Louis Massicotte et Filles à Champlain, en Mauricie. Incertitude quant aux dates de réouverture, incapacité à offrir à la fois des repas en salle et en boîte, pénurie de personnel… les raisons de cette fermeture prolongée sont multiples.

« Je les comprends, assure Mélanie Charbonneau. Moi, j’ai eu peur de manquer de personnel, mais pour l’instant, ça va. On continue aussi de vendre des boîtes. L’an dernier, on en a vendu toute l’année. » Pandémie ou pas, les repas à emporter sont donc là pour de bon à l’Érablière Charbonneau, dont les produits se retrouvent, avec ceux d’une cinquantaine d’autres cabanes, sur le site Ma cabane à la maison.

Consultez le site Ma cabane à la maison

Des prix qui montent

À Sainte-Anne-des-Plaines, la cabane d’Amours a aussi pu rouvrir sa salle à manger à temps pour les sucres. Mais la nouvelle érablière que l’entreprise vient d’acquérir tout près ne servira pas de repas cette année. « Il aurait fallu le savoir plus tôt, pour engager assez de monde. Là, c’est trop dur, avec la production du sirop en même temps », explique la propriétaire Marilyne Gauthier.

Ici aussi, on constate un grand enthousiasme pour les repas en salle. « On voit même des réservations pour des groupes de 15 ou 20 personnes, ça nous a surpris », dit Mme Gauthier.

En revanche, la hausse des prix n’enchante personne. « On n’a pas le choix avec l’inflation, assure-t-elle. C’est un grand défi de faire comprendre aux gens la valeur de nos produits faits maison et de toute l’expérience de la cabane. On doit moins miser sur le volume et plus sur la qualité. Il faut changer les mentalités. »

Sirop recherché

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Jules Vimont prépare de la tire d’érable à l’Érablière Charbonneau.

La pandémie a été très dure pour beaucoup de cabanes à sucre, en particulier pour les plus petites, tenues à bout de bras par des familles depuis des années. Selon une étude de l’Association des salles de réception et érablières du Québec, la pandémie a menacé de fermeture jusqu’à 75 % de toutes les cabanes qui servent des repas. À l’opposé, la crise semble avoir favorisé les producteurs de sirop. La demande pour le produit n’a jamais été aussi forte, en particulier sur les marchés étrangers, avec des exportations en hausse de 22 % en 2020 et de 21 % en 2021. Couplée à une baisse de production en 2021, cette forte demande a fait chuter les réserves de sirop de 104 millions à 37 millions de livres. Les Producteurs et productrices acéricoles du Québec ont donc attribué cette année 7 millions de nouvelles entailles aux producteurs, qui sont maintenant 13 300, en hausse de 2000 par rapport à l’an dernier.

En savoir plus
  • 143 millions
    Quantité, en livres, de sirop d’érable canadien exportée en 2021
    Producteurs et productrices acéricoles du Québec
    57 millions
    Nombre d’entailles que les producteurs et productrices acéricoles du Québec ont attribué aux 13 300 acériculteurs de la province
    Producteurs et productrices acéricoles du Québec