Comme des milliers de jeunes partout au Québec, Milan Latulippe retrouve ces jours-ci ses coéquipiers à l’aréna. Mais pour lui, la pause a été longue, très longue, et ce retour au jeu revêt une signification particulière. Voici l’histoire de Milan, ambassadeur du Triathlon d’hiver de la Fondation du CHU Sainte-Justine.

Fidèle à ses habitudes, Milan Latulippe était le premier sur la glace, à 6 h 45 lundi matin. Il le dit lui-même : sur la glace, c’est là qu’il se sent le mieux.

Milan est un joueur de hockey élite des Diabolos de l’école secondaire Lucille-Teasdale, à Blainville. Lundi, les défenseurs ont répété le jeu de pieds à la ligne bleue offensive et les feintes en transition. Milan a effectué les exercices avec la même vigueur que les autres joueurs. La seule chose qui le différenciait, c’est la couleur de son chandail, qui lui permet d’être facilement identifié.

Comme Milan est sous immunosuppresseurs, il doit garder une certaine distance des autres.

C’est un bien petit sacrifice pour l’adolescent de 16 ans, qui rêvait de ce retour au jeu depuis plus de neuf mois.

  • Milan Latulippe à l’aréna de Blainville, lundi matin.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Milan Latulippe à l’aréna de Blainville, lundi matin.

  • C’est sur la glace que Milan (en gris) se sent le mieux.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    C’est sur la glace que Milan (en gris) se sent le mieux.

  • Milan, en gris, écoute les instructions de l’entraîneur Julien Tremblay.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Milan, en gris, écoute les instructions de l’entraîneur Julien Tremblay.

  • Milan se change dans une salle privée.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Milan se change dans une salle privée.

  • Marie-Eve Carrier regarde son fils jouer.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Marie-Eve Carrier regarde son fils jouer.

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La vie de Milan a basculé le 11 mars 2021, lors d’une consultation au CHU Sainte-Justine.

Ses parents s’inquiétaient des ecchymoses que leur fils aîné se faisait au moindre choc depuis un petit moment. Une prise sanguine venait de révéler chez lui des taux de plaquettes et d’hémoglobines anormalement bas.

Le diagnostic est tombé : anémie aplasique sévère, une maladie rare qui empêche la moelle de produire de nouvelles cellules souches et qui conduit à une insuffisance de globules blancs, de globules rouges et de plaquettes.

Sans traitement adéquat, les patients pourraient en mourir.

« Ça a été un choc », raconte la mère de Milan, Marie-Eve Carrier, dont les trois fils avaient toujours été des sportifs débordants de santé.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Milan et sa mère, Marie-Eve Carrier

Le seul traitement qui offrait une chance de guérison, c’était la greffe de cellules souches. Les deux petits frères de Milan se sont révélés incompatibles. L’équipe médicale s’est donc tournée vers le registre international d’Héma-Québec, où un donneur compatible a été trouvé, au grand soulagement de la famille.

En attendant sa greffe, qui a eu lieu le 18 mai, Milan a reçu des transfusions de plaquettes et de sang complet. Il a aussi subi des traitements de chimiothérapie et de la radiothérapie pour faire fondre la moelle malade.

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-EVE CARRIER

Milan, au lendemain de sa greffe de cellules souches

S’évader en pédalant

Dans la chambre d’hôpital de Milan, où il est resté en isolement 41 jours, la Fondation du CHU Sainte-Justine avait fait installer un vélo stationnaire. Et dès le lendemain de la greffe, Milan pédalait. Pour de courtes périodes, mais il pédalait. « J’avais peur de perdre ma forme physique, pour laquelle j’avais travaillé très fort, confie Milan, qui fait un programme de sport-études depuis ses 12 ans. Et ça me permettait aussi de m’évader. »

À la mi-juin, Milan a pu retourner chez lui. Il devait continuer à faire très attention (il prend des médicaments pour supprimer son système immunitaire afin qu’il ne rejette pas la greffe), mais il a pu s’entraîner à la maison et à courir à l’extérieur en suivant un programme graduel.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le directeur du développement des joueurs, Julien Tremblay

Dès septembre, le directeur du développement des joueurs, Julien Tremblay, lui a offert deux entraînements privés de 30 minutes par semaine, sur la glace. « C’était super motivant de faire partie du parcours de Milan et de voir son évolution d’une semaine à l’autre », souligne-t-il.

Et le 16 décembre, enfin, Milan a pu prendre les entraînements avec ses coéquipiers.

Les premières fois qu’on l’a vu retourner sur la glace, c’est comme si la vie recommençait tranquillement, et la nôtre aussi. C’est vraiment très émouvant.

Marie-Eve Carrier, mère de Milan

On connaît la suite : le variant Omicron est arrivé, repoussant le retour au jeu, mais aussi le retour à l’école en présence pour Milan. Il était un peu découragé, convient sa mère, mais pas pour longtemps. « Il s’est dit qu’il aurait le temps de s’entraîner un peu plus sur la patinoire dans notre cour », raconte Marie-Eve Carrier, impressionnée par la résilience de son fils, qu’elle attribue à son parcours sportif.

Milan est aujourd’hui sur la voie de guérison. Et son objectif, c’est de reprendre les matchs, « à 100 % ». « Connaissant le petit gars, son adaptation va se faire de la bonne façon », conclut Julien Tremblay.

Milan est coambassadeur du Triathlon d’hiver de la Fondation du CHU Sainte-Justine, une collecte de fonds qui aura lieu du 14 au 20 février. À distance, les participants sont invités à relever un des trois défis sportifs inspirés par le parcours de Milan.

Consultez la page du Triathlon d’hiver de la Fondation du CHU Sainte-Justine