Tous les matins, Régis Bérubé se réveille en se demandant ce qu’il peut faire pour aider quelqu’un à Témiscaming, municipalité du Témiscamingue, près de l’Ontario. Le retraité possède un curriculum vitae de bénévolat à faire pâlir d’envie.

Même s’il est à la retraite, le Témiscabitibien demeure très occupé. « Je suis pompier volontaire depuis 42 ans, dit-il au bout du fil. Même pas 30 minutes avant votre appel, je suis allé éteindre un camion qui brûlait ! »

Le septuagénaire fait plus qu’éteindre les feux. Dès qu’il le peut, il prévient les besoins de ceux qui l’entourent. Dans le dernier mois, il a livré de la nourriture à une famille moins nantie, utilisé sa souffleuse pour dégager la cour d’un proche, rangé les décorations de Noël de l’église, aidé plus d’une personne à déménager des meubles et conçu un coussin répondant aux besoins d’une personne handicapée.

Il a également appris qu’un ami vivant avec la maladie de Parkinson se trouvait dans une situation fâcheuse. « Il avait besoin d’installer une fournaise neuve, mais l’employé du magasin lui a dit qu’il fallait démancher le mur, jouer avec le filage, et que ça coûterait une fortune ! Il était découragé. Je suis allé chez lui, je lui ai dit : “Assis-toi, pis regarde-moi faire.” J’ai tout arrangé, sans demander un sou. »

N’allez pas croire qu’il a commencé à aider son entourage à la retraite, parce qu’il avait trop de temps libre. Régis Bérubé agit ainsi depuis l’enfance.

Avec mon père, on avait défriché le terrain pour construire une église. Il était toujours en train d’aider les gens. Si une personne passait au feu, il lui prêtait main-forte. Il nous a fait comprendre que c’était important d’aider autour de nous. Toute ma famille est comme ça.

Régis Bérubé

Avec le temps, les gens du coin se sont habitués à sa présence. « Ça fait assez longtemps que je fais ça. Quand le monde a besoin de quelque chose, ils m’appellent ! »

Aider sans discriminer

Parfois, le bon Samaritain offre son aide à des individus qui ont du mal à comprendre sa générosité.

Par exemple, quand il a voulu se débarrasser d’une cuisinière et d’un réfrigérateur, il a pensé à une famille qu’il voyait glisser dans la cour d’école, près de chez lui. Lorsqu’il a proposé les électroménagers au père, ce dernier a refusé. Tout comme sa femme. « Elle a dit qu’il faisait assez froid pour que la viande ne dégèle pas sur sa galerie. Je lui ai proposé de prendre mes électros et elle a répondu qu’elle n’avait pas d’argent pour les acheter. Je lui ai dit de me fournir leur adresse et que j’irais leur porter. »

Une semaine plus tard, le père a demandé à son fils d’aller voir Régis Bérubé, afin de comprendre pourquoi il avait voulu les aider. Incrédule, celui-ci est allé à la rencontre du père pour lui parler. « Le père m’a expliqué qu’il venait de sortir de prison, que personne ne voulait l’aider et qu’il ne comprenait pas pourquoi je faisais ça. Je lui ai répondu qu’il était une personne comme une autre, que je ne regardais pas d’où il venait ou ce qu’il avait fait, et que je ne faisais que livrer. Il a promis qu’il ferait n’importe quoi pour moi, si j’avais besoin d’aide un jour. »

Régis Bérubé ne s’arrête pas là. Il propose à certains résidants de tailler leurs arbres lorsque c’est nécessaire. Il anime aussi le téléthon télévisé du Club Lion, dont il fait partie depuis 1977, afin d’amasser de l’argent pour aider les familles dans le besoin.

Avant de mettre fin à l’entrevue, il a énuméré une dizaine d’autres participations bénévoles à sa liste déjà bien garnie. Parmi elles : planter 550 arbres dans un parc avec les autres Lions, entretenir des sentiers pédestres et travailler aux préparatifs pour le centenaire de sa ville, cette année.

Ce n’est pas pour rien que certains disent qu’il a encore l’énergie de ses 25 ans. « Je ne lâche jamais de faire des projets. C’est ça qui me garde en forme ! »