Depuis 2012, un mouvement planétaire invite la population à faire un don, en temps ou en argent, quelques semaines avant Noël à l’occasion du Mardi je donne. À l’approche de cette journée, qui se tient cette année le mardi 30 novembre, La Presse s’est demandé de quelle manière se manifeste la générosité des Québécois. Portrait.

Présents en temps de crise

« Une grande force qu’on a, c’est de se mobiliser en cas d’urgence », répond d’entrée de jeu Daniel H. Lanteigne, président de l’Association des professionnels en philanthropie, lorsqu’on lui demande si les Québécois sont généreux. Le déluge du Saguenay, la tempête de verglas, la catastrophe de Lac-Mégantic : dès qu’une crise surgit, les Québécois répondent rapidement présents. La pandémie a elle aussi mis en lumière cette caractéristique. « Très tôt, les dons se sont dirigés vers les banques alimentaires, vers les causes qui soutiennent les personnes en situation d’itinérance », raconte le consultant en philanthropie. « On est passé de 50 % des Québécois qui donnaient à 75 % durant la pandémie », souligne, quant à lui, Christophe Leduc, responsable des communications pour l’Institut Mallet, organisme qui a pour mission l’avancement de la culture philanthropique.

De plus en plus de donateurs

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Daniel H. Lanteigne, président de l’Association des professionnels en philanthropie

Même avant la pandémie, le nombre de donateurs augmentait. « Parmi les générations un peu plus jeunes, ils sont beaucoup à donner. […] Ils sont très engagés et veulent contribuer au changement. Ils veulent faire de notre société une société meilleure », note Daniel H. Lanteigne. Leur don moyen est toutefois moins élevé que celui des personnes plus âgées.

« Des philanthropes qui s’ignorent »

Malgré tout, le don en argent demeure moins élevé au Québec qu’ailleurs au Canada. Le rôle de l’État dans la société québécoise est l’un des aspects qui expliquent cette différence, note Christophe Leduc. « Les Québécois sont assez généreux en temps et en biens », ajoute-t-il, deux façons de donner qui sont plus difficiles à calculer. « Si vous demandez à quelqu’un : “Êtes-vous philanthrope ? Avez-vous fait un don de temps pendant la pandémie ?”, probablement qu’il va vous répondre non, et ce, même s’il est allé faire les courses pour sa voisine qui, à 75 ans, ne pouvait pas sortir. […] On avait caractérisé ça, il y a quelques années, en disant que les Québécois sont des philanthropes qui s’ignorent. »

Les femmes plus généreuses

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Les femmes sont nombreuses à donner temps et argent à des causes qui leur tiennent à cœur.

« La philanthropie au féminin prend de plus en plus de place », indique, de son côté, Jean M. Gagné, président de l’Institut Mallet. L’apport des femmes dans le domaine de la philanthropie est en hausse constante depuis les 15 dernières années, dit-il, notamment en raison de leur présence croissante dans le milieu des affaires. La générosité des femmes s’est confirmée dans le plus récent sondage de l’Institut Mallet, effectué pendant la pandémie. Parmi les répondants, 58 % des femmes ont affirmé avoir fait un don en argent, contre 49 % des hommes. « On voit vraiment une tendance qui s’accélère et qui se renforce », note Christophe Leduc.

Bénévolat nouveau genre

« Le bénévolat s’est beaucoup redéfini dans les dernières années », affirme Daniel H. Lanteigne. Cela s’explique notamment par le fait que les organismes ne voulaient pas mettre à risque leurs bénévoles plus âgés durant la pandémie. Comme pour le télétravail, certains bénévoles ont commencé à faire des tâches à partir de la maison. « Il y a aussi toute la notion de bénévolat d’expertise, explique-t-il. Autant ça prend des gens qui vont aller chez Moisson Montréal trier des denrées, autant une organisation va être contente qu’un infographe donne quelques heures de son temps. […] Le bénévolat s’est un peu professionnalisé. »

Les causes préférées des Québécois

Quelles sont les causes que les Québécois soutiennent le plus ? « L’enfance, les personnes aînées et les personnes en situation de handicap restent les trois causes principales au Québec », indique Daniel H. Lanteigne, en se basant sur une récente étude de la firme Épisode. « La pauvreté, la santé et l’aide aux démunis sont importantes et le demeureront toujours », répond quant à lui Jean M. Gagné, dont l’organisme fête ses 10 ans cette année. Des causes qui touchent les inégalités sont en train de gagner en popularité, notent les deux hommes. La situation des peuples autochtones ou de la communauté LGBTQ+ fait partie de ces causes. « La philanthropie, pour qu’elle soit pertinente, doit être au diapason de sa société. On le constate par l’évolution des causes soutenues », conclut-il

En chiffres

203 $ : Don moyen chez les Québécois ayant donné de l’argent en 2020

64 % : Pourcentage des Québécois qui ont fait un don en décembre 2020

86 % : Pourcentage des Québécois qui prévoient faire au moins un don en 2021

57 % : Pourcentage des Québécois qui affirment qu’une augmentation du crédit d’impôt pour don de charité les inciterait à donner davantage

Sources : Institut Mallet et Association des professionnels en philanthropie

La générosité s’invite au musée

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Aperçu de l’exposition Générosité – Droit au cœur

Du don d’argent au don d’organe, les actes altruistes prennent de nombreuses formes. Dans l’exposition Générosité – Droit au cœur, les visiteurs sont invités à réfléchir à leur propre rapport à l’entraide, au bénévolat et à l’engagement citoyen. Plus de 230 objets forment le corpus de cette exposition, où sont présentés de nombreux récits et témoignages.

Générosité – Droit au cœur, au Musée de la civilisation de Québec, jusqu’en octobre 2022

Consultez le site du Musée de la civilisation