(Milan) « C’est ici pour gagner 45,6 milliards de won ? » (47 millions $). Pour Stefano, un médecin milanais de 42 ans admirateur de la série sud-coréenne ultraviolente Squid Game, mourir, heureusement, n’est qu’un jeu.

Avec une cinquantaine d’autres candidats au frisson, il s’est inscrit ce soir-là à un escape game (jeu d’évasion) organisé dans un hangar près de Milan, dans le nord de l’Italie, à partir de l’univers de cette série au succès planétaire.

Sortie en septembre sur Netflix, Squid Game met en scène 456 Sud-Coréens qui s’affrontent dans des jeux d’enfants pour toucher le jackpot, au péril de leur vie, pour le plaisir sadique de « VIPs », des anonymes richissimes qui paient, comme aux jeux du cirque, pour voir des hommes et des femmes mourir en s’affrontant dans des joutes plus cruelles les unes que les autres. À la fin des épreuves, le dernier survivant remporte le pactole.

Mais ici, on ne tire pas à balles réelles, on ne trucide pas. Les participants récupèrent un masque pour protéger leurs visages et endossent un t-shirt avec un numéro pour les identifier.

« J’ai pris le 13, la poisse ! » se désespère Viola Nicosi, une vendeuse de 23 ans. « La série m’a fascinée et je cherchais un jeu pour retrouver l’ambiance ! », explique son amie Laura Tatolo, une serveuse de 27 ans.

Adrénaline

PHOTO PIERO CRUCIATTI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les participants récupèrent un masque pour protéger leurs visages et endossent un t-shirt avec un numéro pour les identifier.

Enigma Room, société milanaise spécialisée dans les jeux d’évasion, a vite flairé la bonne affaire. « Cela devait être un évènement pour l’Halloween, mais ça a tellement bien marché qu’on a continué », explique Anna Kovalova, l’une des associés.

Comme pour la série, leur succès a été accompagné d’une vague de critiques. « Nous avons reçu des courriels de parents scandalisés », raconte-t-elle. L’accès du jeu est interdit aux moins de 16 ans. Ce dimanche de novembre, l’ambiance est bon enfant : les joueurs, âgés de 20 à 45 ans, sont venus en couple ou entre amis.

Une fois équipés, ils découvrent le hangar de 1500 m2 où ils vont croiser le fer. En fond sonore, les tambours inquiétants de Way Back Then, l’une des musiques de la série.

PHOTO PIERO CRUCIATTI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Six épreuves — dont le terrible tir à la corde au-dessus d’un précipice — s’enchaînent pendant deux heures.

« Mettez-vous en ligne ! », hurle un soldat en combinaison rouge. Apparaît alors Frontman, le maître du jeu. Il tire un coup de feu en l’air. Silence. « Vous êtes-là pour satisfaire les VIP, ce jeu a été organisé pour eux », récite-t-il en pointant deux personnages masqués assis dans un coin.

Les présentations faites, le premier jeu commence. C’est « 1, 2, 3 soleil ». Anna Kovalova interprète la terrifiante poupée-robot du premier épisode. Fusils à l’épaule, les soldats tirent sur ceux qui bougent. Évidemment, les armes sont factices, les balles sont des billes. « On vise où ça ne fait pas mal », glisse un soldat.

Six épreuves — dont le terrible tir à la corde au-dessus d’un précipice — s’enchaînent pendant deux heures. Le duel final consacre le numéro 15, Federico Alemanni. « On a retrouvé l’ambiance, l’adrénaline de Squid Game », se réjouit-il.

Le prix est à la mesure de l’enjeu : ici, pas de tirelire géante contenant des millions, mais une entrée gratuite pour un autre jeu.