Après 19 mois de silence, les concerts intimes du mardi midi sont de retour au Centre du cancer des Cèdres, au Centre universitaire de santé McGill. La Presse a pu assister à une représentation récemment.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Les concerts Notes de réconfort remplissent le silence du Centre du cancer des Cèdres chaque mardi midi. Le projet a été lancé en janvier 2020, mis de côté pendant la pandémie, puis relancé le 26 octobre dernier. Les visiteurs et musiciens sont vaccinés et le masque est bien sûr obligatoire. « Pour le moment, on évite les chanteurs et les instruments à vent », précise l’instigatrice du projet, Patil Harboyan, chargée de cours à l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Les concerts — gratuits – sont destinés aux employés, visiteurs et patients déjà sur les lieux, comme c’était le cas de Mark Godden (notre photo), venu recevoir un traitement ce jour-là.

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Il y a une dizaine d’années, alors qu’elle faisait son doctorat, Patil Harboyan a rendu visite à son mari (un chirurgien-oncologue du CUSM) dans un hôpital de New York. Il y avait un piano. Elle s’y est assise et a joué pendant deux heures. « C’était une expérience très enrichissante et très émouvante », se souvient Patil Harboyan. Quelques années plus tard, elle a pris contact avec le président et directeur général de la Fondation du cancer des Cèdres pour lui proposer l’idée, qui a été retenue. Des médecins ont organisé une collecte de fonds pour acheter le piano et une donatrice s’est offerte pour verser un cachet aux musiciens.

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Une fois par mois, Patil Harboyan engage des musiciens professionnels, comme c’était le cas mardi dernier avec le duo Cavatine. Le reste du temps, le contrat est donné à des étudiants en musique. Le contexte de proximité avec le public implique une concentration différente, indique Mme Harboyan, qui y voit une belle occasion pour les étudiants. « Les gens bougent et parlent autour de nous. Certains s’assoient pour une minute, d’autres restent pour l’heure au complet, dit-elle. Si on est capable de rendre la souffrance, la douleur un peu plus tolérables, ce serait un programme réussi. »

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De temps à autre, pendant la représentation du pianiste Michel-Alexandre Broekaert et de la violoncelliste Noémie Raymond-Friset, le personnel déplaçait des patients étendus sur des civières. Une dame qui accompagnait l’un d’eux s’est retournée vers les musiciens, profitant de ces quelques secondes de paix avant de s’engouffrer dans le corridor. « Il y a des patients en radio-oncologie qui viennent tous les jours pendant trois, cinq, sept semaines, souligne le DTarek Hijal, chef de la radio-oncologie au CUSM. On veut quelque chose qui fait du bien, qui remonte le moral, qui apaise. »

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Gérald Bouchard écoutait attentivement la musique en attendant la fin du traitement de chimiothérapie de sa femme, à l’étage. « Ça m’apporte la paix », confie-t-il. Voilà deux ans qu’il fréquente le Centre du cancer des Cèdres et c’est la première fois qu’il entend le piano résonner entre ses murs. Va-t-il revenir ? « Je voudrais bien, mais c’est sa dernière chimiothérapie », dit-il le sourire dans les yeux.

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Chantal Leblanc, travailleuse sociale en oncologie, était au concert du début jusqu’à la fin, appuyée au mur, elle aussi attentive. « Pendant la pandémie, ce piano était couvert, souligne Mme Leblanc qui, en temps normal, chante dans la chorale du CUSM. Pour moi, enlever cette housse et reprendre des activités comme celle-ci, c’est magique. »

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Le président et directeur général du CUSM, le DPierre Gfeller (au centre), est lui aussi venu faire son tour. Une proche collaboratrice passée par là à l’heure du midi lui a dit que la musique était exceptionnelle. « Je suis un grand amateur de musique. D’ailleurs, mon plus vieux fils est un chanteur lyrique », dit-il fièrement. Il voulait aussi démontrer, par sa présence, son appui à l’initiative. « Je trouve formidable qu’on puisse introduire les arts dans un environnement de soins. »