Verteville est un endroit où Eva, Gaspard et Arthur n’aimeraient pas vivre. Enfin si, un peu. Malgré ses problèmes environnementaux, les résidants de cette ville imaginaire qu’ils ont créée de toutes pièces (cubiques) dans Minecraft sont impliqués dans les débats politiques, et tous iront voter le 7 novembre. Un degré d’engagement que ces trois élèves du secondaire aimeraient voir aux élections municipales.

Bien sûr, tout cela est fictif. L’univers du jeu vidéo Minecraft ne permettant pas d’y intégrer des personnages, les débats et les élections n’auront pas réellement lieu à Verteville. Si Eva Gagnon, Gaspard Medina Creimer et Arthur Méthot-Boudreau, tous âgés de 13 ans, ont créé Verteville, c’est surtout pour inciter les électeurs de la vie réelle à se rendre aux urnes le 7 novembre prochain. Lors des précédentes élections municipales, en 2017, seulement 44,8 % des électeurs québécois avaient voté.

« Beaucoup de gens ne vont pas voter aux élections municipales parce qu’ils pensent que ce n’est pas important, mais c’est là qu’on va décider ce qu’on construit dans une ville », souligne Gaspard.

À Verteville, il y a une usine qui crache des nuages de fumée et un parc en voie d’être rasé pour faire place à un stationnement.

Si les gens votent pour un maire qui ne souhaite pas que ça arrive, il y a moins de chances que ça arrive.

Arthur Méthot-Boudreau

Le trio montréalais présente son projet dans une vidéo réalisée en collaboration avec Vire au vert, une initiative de mobilisation citoyenne ayant pour but de mettre les enjeux environnementaux au cœur des élections. Plus tôt cette semaine, elle a été diffusée sur le site internet et les réseaux sociaux d’ENvironnement JEUnesse. Il faut dire que le père de Gaspard est impliqué dans le milieu environnemental. Diego Medina Creimer travaille au sein de la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec.

« Comme tant d’ados, Gaspard et ses amis passent un temps fou devant la télé [et les jeux vidéo] depuis le début de la pandémie », remarque-t-il. Ce dernier s’est réjoui de voir que ce projet, qui s’est étiré sur quatre mois, a été l’occasion pour eux de bâtir quelque chose et de briser la solitude des sous-sols « playstationnaires ».

Moins de voitures, plus de vélos

Cette semaine, les adolescents prévoient d’assister à l’un des débats entre candidats qu’organisera Vire au vert dans plusieurs municipalités, villes et arrondissements à travers le Québec. S’ils avaient une question à poser aux candidats, quelle serait-elle ?

« Pensez-vous vraiment à l’environnement ou le dites-vous juste pour que les gens votent pour vous ? », dit Eva. « On dit souvent qu’on a un plan. Mais c’est quoi, le plan ? », demanderait Arthur. « Est-ce que vous êtes prêts à modifier votre arrondissement en fonction des changements climatiques à venir et à agir pour contrer les canicules en été qui vont devenir de plus en plus fréquentes ? », les interrogerait pour sa part Gaspard.

Pour eux, une ville où il fait bon vivre est une ville où il y a un équilibre entre le développement urbain et les espaces verts. Une ville où il y a une moins grande place faite aux voitures au profit des vélos et des piétons.

Est-ce que les élus en font assez en ce sens ? « Ça dépend quel élu, mais si on rentre dans des opinions… je ne sais pas si on peut vraiment faire ça ! », répond Gaspard, diplomate.

Néanmoins, ils se disent inquiets pour le futur. « On ne sait pas ce qui va se passer dans 20 ans », remarque Eva. « J’ai un peu peur d’avoir un futur comme dans Insterstellar [film réalisé par Christopher Nolan, qui présente une Terre devenue inhospitalière où les tempêtes de sable sont fréquentes], ajoute Arthur. Ma maison est en rénovation, il y a de la poussière partout et je n’aime pas ça ! »

Gaspard, lui, s’inquiète de la toxicité de l’air et de la montée du niveau de la mer. « Les gens qui peuvent prendre des actions maintenant ne seront probablement pas là quand ça va arriver. En général, j’ai peur qu’on meure tous dans 30 ans. J’ai peur qu’on ne fasse rien et qu’après, ce soit juste nous qui devrons nous arranger avec tout ça. »

D’ici là, il y a des élections municipales le 7 novembre. Si Verteville n’est qu’un jeu pour eux, ils espèrent que les décideurs et les électeurs comprendront que leur avenir n’en est pas un.