Photoreportage Aux champs pour la cause
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PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Par un matin de semaine ensoleillé, dans une serre de tomates de Mont-Saint-Grégoire, en Montérégie, 25 jeunes adultes s’activent. Le groupe, qui travaille pour l’OBNL Jour de la Terre, est venu aux Serres Richard Cosetti dans le cadre de sa semaine de consolidation d’équipe. L’objectif : s’initier au glanage, qui consiste à ramasser des légumes restants après la moisson, parce qu’ils sont moins beaux ou parce qu’il ne vaut plus la peine de les récolter. Les rires et la bonne humeur fusent au même rythme que les bacs se remplissent de jolies tomates cerises.
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En temps normal, les récoltes du glanage sont partagées en parts égales entre le producteur, les glaneurs et l’organisme Alternative Aliment-Terre, qui organise des activités de glanage en Montérégie pour offrir des légumes frais à des gens défavorisés. Le propriétaire des serres, Richard Cosetti (notre photo), ne gardera que deux petits cabarets de tomates ce jour-là. C’est surtout de bras qu’il a besoin. « Pour moi, c’est une révélation », dit-il entre deux allers-retours sur son tracteur.
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Richard Cosetti a demandé aux glaneurs de récolter les tomates, mais aussi d’arracher les plants, une tâche longue (surtout avec la fatigue de fin de saison !) et non profitable. « Je pourrais encore continuer trois semaines de récolte, mais j’aime mieux fermer trois semaines plus tôt et vivre ce moment-là. Tout le monde en profite », dit M. Cosetti, aussi propriétaire d’une entreprise de paniers de légumes. Perché sur son escabeau, Étienne Beauchemin (notre photo) s’est attribué le rôle de décrocher les plants.
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Pour les employés de l’OBNL Jour de la Terre, cette journée de glanage arrive à point, eux qui ont passé la dernière année et demie en télétravail. « Demain, on va faire tous ensemble de la sauce tomate, des tomates séchées et de la lactofermentation », explique Camille Dussault, conférencière pour l’organisme (à gauche), à qui revient l’initiative de l’activité. Kristin Mullin (à droite), qui travaille de chez elle à Kingston, en Ontario, est venue passer la semaine à Montréal pour l’occasion.
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En après-midi, les glaneurs ont mis le cap sur la ferme Bogemans, à Saint-Sébastien, où les attendait le copropriétaire Vincent Goudreault. « Prenez ce que vous voulez », leur a-t-il dit après leur avoir montré les poivrons, carottes, feuilles de bette à carde, brocolis, choux, courges spaghetti, aubergines, melons… « Le 30 % de plus qu’on a semé en cas de perte, il est au champ. Pourquoi ne pas le donner à des gens qui vont en profiter ? » C’est la deuxième année que la ferme Bogemans, spécialisée dans la culture de maïs, de soya et de blé, consacre une partie de ses champs à la production maraîchère. L’entreprise vend des paniers de légumes.
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Le glanage est une coutume très ancrée en France, mais moins courante au Québec. Elle concerne surtout les petits producteurs. « Ce n’est pas faisable dans toutes les fermes, surtout dans les moyennes et les grandes fermes », explique Selma El Hafi, conseillère aux communications à l’Association des producteurs maraîchers du Québec. Les producteurs qui vendent dans les grandes surfaces ou qui font de l’exportation, par exemple, doivent notamment respecter des normes en matière de salubrité, de formation et de sécurité qui rendent la tenue de ce type d’activité « très complexe », dit-elle.
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« Les plus jeunes producteurs, on n’a pas à les convaincre de l’importance du glanage : ils le savent déjà », dit Stéphanie Vaillancourt, responsable de la mobilisation chez Alternative Aliment-Terre. Chaque année au Canada, les producteurs gaspillent 0,66 million de tonnes d’aliments, ce qui représente 6 % du gaspillage alimentaire évitable, selon une étude réalisée par Value Chain Management publiée en 2019. Ce gaspillage est dû à des raisons esthétiques, à des surplus de production, aux chutes des prix et au manque de main-d’œuvre.
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« C’est génial, j’adore ! résume Valérie Mallamo, directrice générale de Jour de la Terre, à propos de cette journée qui tire à sa fin. C’est super de faire quelque chose en équipe qui est utile : on évite le gaspillage, on aide le producteur, et on redistribue des aliments vers des banques alimentaires. » Sur la photo, Valérie Mallamo vient de cueillir quatre beaux oignons blancs.
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C’est le camion chargé de victuailles et les poumons remplis d’air frais que les employés de Jour de la Terre sont retournés à Montréal, ce jour-là. Bérangère Ferrand (notre photo), chargée de projet en mobilité durable, a particulièrement apprécié sa journée : « Je quitterais mon job demain matin pour faire ça tous les jours. Je suis une fausse intellectuelle et une manuelle refoulée ! »