En épluchant le courrier de nos lecteurs destiné à la COVID-19, nous avons trouvé de nombreux textes à saveur poétique. Voici la prose et les vers antivirus de nos lecteurs.

Ode à toi, virus

Je sais qu’on va publier plusieurs doléances à ton égard. À mon regard, tu es une bénédiction pour que l’Homme ne s’égare. Grâce à toi, j’ai réussi à traverser toute une année de méditation. Ta présence m’a fait comprendre l’importance des relations humaines. Les élèves apprécient leur école, les amis, leurs câlins, et les citoyens, leurs gouvernements.

L’Histoire retiendra que tes 500 000 morts chez nos voisins du Sud ont éloigné leur pays de la dictature d’un président tsariste. Grâce à toi, l’humanité sait qu’elle peut combattre un ennemi exterminateur. Puisse-t-elle s’en souvenir pour lutter contre les changements climatiques. Merci pour la leçon. Maintenant, tu peux partir en paix.

– Jean-Yves Morin

Pour mieux se retrouver

Cher COVID-19,

Cette lettre est pour toi. Je t’en prie, ne sois pas timide. Montre-toi tel que tu es : un vrai caïd. Intrépide, ton périple à travers les continents s’est rendu jusqu’à nous, a secoué notre chrysalide. J’aimerais dire que nos interventions à ton égard étaient solides, mais ce serait te mentir. Ne soyons pas candides : chacune de tes manifestations limpides laissait présager une nouvelle fissure sur notre bastide au quotidien aride. Distanciation, confinement, couvre-feu, tu as su, chaque fois, demeurer impavide. J’ose croire, par cette année loin d’être insipide et par un élan peut-être stupide, que l’humanité a parfois besoin d’un guide aux allures de fin du monde pour mieux se retrouver.

Je te salue, apatride.

– Andréa Lefebvre

J’envie ta sagesse

Ô toi virus, à la fois si petit et si puissant, je ne peux que rendre hommage à ta grande sagesse. Quand ton environnement te devient hostile et menace ta descendance, tu n’as aucune hésitation, tu apprends à tes enfants à vivre autrement. Tu leur apprends que menacer leur environnement en exploitant trop ses ressources ne peut que les mener à la mort de l’espèce.

Tu leur apprends qu’il leur faudra faire des sacrifices, accepter de vivre plus pauvrement, plus humblement, parce que les ressources qui sont à leur disposition ne sont pas inépuisables et que les gaspiller pour en faire n’importe quoi ne fera qu’accélérer le mouvement.

J’envie ta sagesse, Ô toi virus, à la fois si petit et si puissant, toi qui me forces à réfléchir à mon avenir et à celui de mes enfants.

– Richard Normandeau

Slam de la COVID-19

Eh oh Corona, tu n’es vraiment pas de la p’tite bière
Tu es en train de faire de nous, de la mise en bière
Eh oh Corona, toi qu’on appelle COVID-19
En un éclair de temps, dans nos villes, tu as créé le vide
Eh oh, COVID-19, on croirait que tu veux faire du neuf
Tout raser pour du neuf, du dix, et puis du dix-neuf
Tu nous enfermes chacun chez nous
Avec nos animaux, nos enfants et leurs doudous
Avec nos doutes, notre anxiété et nos peurs
On ne peut même plus recevoir nos frères et nos sœurs
Tu nous défends de se toucher ou s’embrasser
Tu nous éloignes de tout ce qui nous fait vibrer
Eh oh COVID-19, c’est pas sérieux
Cesse de t’en prendre à nos vieux
Eh oh, COVID-19, qu’est-ce que tu veux de nous ? Nous faire plier et nous mettre à genoux ? Te demander pardon pour nos actions ? Nos actions ou plutôt notre inaction ? Notre inaction à protéger notre Terre ? Nos actions qui salissent la mer ? Vas-y, vas-y COVID-19, dis-le, sors le méchant
Crache-le nous au visage, espèce de mécréant
Vide-toi le cœur et les poumons
Chante-la nous donc, ta chanson !

– Éric Trudel

Accroche-toi bien !

Cher coronavirus,
Car je te déteste, je te fuis comme la peste
Tu gâches mes journées à cause d’un masque mouillé
Mais accroche-toi bien, le vaccin s’en vient !
Les infirmiers et infirmières travaillent fort et moi je fais des efforts.
Nous continuons à nous laver les mains avec entrain
Quand ça va enfin se terminer, on va célébrer avec une bonne crème glacée !
Ne soyons pas désespérés, car on va finir par s’en débarrasser !

– Clara Garneau, 10 ans

Projet coordonné par Sylvain Sarrazin, La Presse