Jeune OBNL d’économie sociale fondé par Tsahaï Papatakis, Food’Elles porte à la fois une mission sociale et gastronomique : faire découvrir aux Québécois les cultures culinaires du monde grâce à des cuisinières immigrées, réfugiées ou des Premières Nations.

Tsahaï Papatakis est française, mais, admet-elle, elle ne s’est jamais « complètement » sentie ainsi. Ses origines sont multiples : son père a des racines grecques et éthiopiennes, sa mère, elle, est à la fois française et italienne. Enfant, elle a vécu au Maroc, puis a aussi passé du temps en Irlande.

Bref, la diversité culturelle est au cœur de l’identité de cette femme qui réside depuis un an et demi à Montréal. En février 2020, elle a commencé à travailler sur un projet qu’elle a nommé Food’Elles : une entreprise qui allie cuisine et mission sociale.

« Cela faisait longtemps que je me questionnais sur ce que je voulais faire, j’avais envie de trouver quelque chose qui ait du sens, d’avoir un impact dans la vie de certaines personnes. J’ai toujours baigné dans un univers multiculturel et j’ai donc un grand intérêt pour les différentes cultures. Je suis aussi pas mal féministe ! Ce projet me permettait d’associer tous ces intérêts », raconte-t-elle, jointe au téléphone.

Ainsi, afin de faire découvrir les cultures culinaires du monde entier, elle a comme projet d’engager des cuisinières issues de l’immigration, des réfugiées ou encore des femmes des Premières Nations qui pourront cuisiner des plats typiques et authentiques de leur culture. Elle cite un projet semblable qui l’a inspirée en France, nommé Meet my mama, un traiteur évènementiel.

PHOTO AMANDREAM, FOURNIE PAR FOOD’ELLES

Tsahaï Papatakis, fondatrice de Food’Elles

« La pandémie a fait en sorte que j’ai dû revoir mon plan d’affaires, car il n’y a pas d’opportunité pour les évènements corporatifs en ce moment. Je me suis réorientée vers un site internet où les gens pourront commander des plats », précise-t-elle.

Food’Elles en est à ses balbutiements. L’entreprise a lancé ses premières livraisons hebdomadaires en novembre, puis a cuisiné des boîtes de Noël pour des employés de diverses entreprises en décembre. Des cuisinières d’origines algérienne, turque, égyptienne, haïtienne et pakistanaise ont travaillé dans l’espace de cuisine loué par l’entreprise.

J’ai vraiment envie de mettre de l’avant des recettes plus méconnues des diverses cultures culinaires, de proposer des plats d’un maximum de pays différents, avec un menu qui change chaque semaine et que les gens pourront se faire livrer.

Tsahaï Papatakis, fondatrice de Food’Elles

Campagne de sociofinancement

L’entreprise d’économie sociale fera son lancement officiel en février. Tout le mois de janvier, une campagne de sociofinancement est en cours sur la plateforme La Ruche. L’objectif est de 10 000 $ — s’il est atteint, un financement additionnel de 10 000 $ du fonds Mille et Un pour la jeunesse sera accordé. L’argent récolté servira à payer des cuisinières permanentes et invitées, la location de la cuisine et les frais de gestion, entre autres.

Pour dénicher des cuisinières, Food’Elles travaille avec plusieurs organismes communautaires, comme Singa Québec ou le Centre des femmes sud-asiatiques. C’est dans ce dernier que Mme Papatakis a pu faire la connaissance de Saïra Amin, d’origine pakistanaise et installée à Montréal depuis 1996.

PHOTO FOURNIE PAR FOOD’ELLES

C’est par l’entremise du Centre communautaire des femmes sud-asiatiques que Saïra Amin est entrée en contact avec Mme Papatakis et a travaillé dans les cuisines de Food’Elles.

« Je cuisinais pour le centre communautaire depuis cinq ans et une dame du centre m’a mise en contact avec Mme Papatakis. Son idée est excellente, ça vient du cœur, et elle veut faire partager sa passion pour la bonne nourriture. J’ai vraiment aimé travailler avec elle. J’ai cuisiné plusieurs plats de mon pays : du curry, des kebabs — notre version avec des pommes de terre ! —, du dahl… », nous raconte la femme qui n’a jamais travaillé à l’extérieur depuis son arrivée au pays, car elle devait s’occuper de ses enfants.

La cuisine devient ainsi un lieu rassembleur et un facteur d’intégration pour ces femmes, note Mme Papatakis. « Je me rends compte que même après plusieurs années au Québec, des choses restent compliquées pour certaines, dont bien souvent la barrière de la langue qui crée des difficultés pour s’intégrer. »

Et quoi de mieux qu’un délicieux plat aux parfums d’ailleurs pour créer la rencontre entre nos solitudes ?

> Consultez le site web de Food’Elles