Le bois, le feu, la nuit, les étoiles et la pluie. Ça change une vie, qu’on dit. Pour tous les campeurs en deuil cet été, la saison ayant été annulée, plusieurs se souviennent. Et se racontent.

Samara Healey, 15 ans
Camp Géronimo, à Lachute
Campeuse depuis l’âge de 7 ans

Samara Healey fréquente le camp Géronimo, à Lachute, depuis l’âge de 7 ans. Quand elle a appris que les camps de vacances seraient fermés pour l’été, elle avoue avoir été « super triste ». « C’est le truc le plus cool de mon été, nous dit-elle. C’est un rituel, je me prépare chaque année à ça, j’ai hâte de retrouver mes amis, là j’avoue, c’est vraiment plate... »

Dans ce camp spécialisé en cirque, elle a appris le fil de fer, la jonglerie, le monocycle, mais aussi les disciplines aériennes : le cerceau, le trapèze, le tissu...

« J’ai vraiment touché à tout, nous dit l’adolescente de 15 ans, qui vient de terminer sa troisième secondaire à l’Académie Lafontaine de Saint-Jérôme — où elle donne maintenant des ateliers de cirque à des jeunes de 7-8 ans. C’est d’ailleurs au camp Géronimo qu’elle nous a donné rendez-vous, en ce dernier vendredi du mois de juin, à une date où elle serait normalement avec ses amis... plutôt qu’en présence d’un journaliste.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Samara Healey a appris à faire du monocycle au camp Géronimo. Elle a continué à en faire à l’Académie Lafontaine dans un programme de cirque de loisir où il se donne aujourd’hui des ateliers aux plus jeunes.

C’est pourtant par hasard qu’elle a découvert ce camp. Après avoir raté une sortie scolaire à Géronimo, elle a demandé à sa mère de l’inscrire l’été suivant. « Au début, j’étais pas sûre, nous avoue Samara. Je suis repartie une journée avant la fin, mais après, j’ai eu envie de retourner. L’année suivante, je n’ai plus eu envie de partir. Ce sont les deux semaines qui font partie de mon été. »

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE

Samara en spectacle lors d’un séjour au camp Géronimo

Ce qui va lui manquer le plus ? L’esprit de groupe. « Peu importe les âges, on est ensemble, on s’amuse, on s’entraide, on fait plein d’activités, c’est vraiment cool. Un soir, se rappelle-t-elle, on avait mis tous les matelas de protection du camp dans le chapiteau et on avait passé une partie de la nuit à se raconter des histoires, avec les moniteurs, c’était tellement l’fun. »

Samara était aussi inscrite à un camp de théâtre à Val-David, mais lui aussi est fermé pour l’été. « J’étais déçue, nous dit encore Samara, qui voudrait plus tard être comédienne. J’ai commencé à faire de la figuration, je passe des auditions de temps en temps, donc, je vais continuer à en faire. On verra pour l’été prochain, ce que je pourrais faire. »

PHOTO FOURNIE PAR SOPHIE TRAVERSY

Flavie Légaré et sa cousine Chloé Boucher, au Camp des Débrouillards, à l’été 2019

Flavie Légaré, campeuse déçue

Flavie Légaré a 10 ans et devait se rendre au Camp des Débrouillards pour la quatrième année. Elle a vécu la fermeture du camp comme un deuil, nous dit sa maman Sophie Traversy.

« J’étais vraiment triste, nous dit Flavie. Mais en même temps, je me suis dit que ça allait éviter la contagion du virus. Et puis, on a su que le camp allait en profiter pour rénover sa tyrolienne. Je me dis que l’année prochaine, ça va sûrement être plus amusant, parce qu’avec les mesures de distanciation, c’est quand même difficile... »

Ce qu’elle aime du Camp des Débrouillards ? « J’aime les activités, les traditions, les histoires, les moniteurs, les expériences scientifiques, j’aime me retrouver dans les petites cabanes en bois, j’aime ça me retrouver avec tout le monde. Chaque année, j’y vais avec quelqu’un que je connais, j’y vais souvent avec ma cousine Chloé, on s’arrange pour être ensemble. »

Pour Flavie, c’est donc partie remise. Cet été, ce sera tranquille. « On s’est habitué à ça depuis trois mois », dit-elle, philosophe. Peut-être ira-t-elle voir de la famille en Ontario. « On verra... »