Les jumelles Sandrine et Maude Gobeil auraient pu poursuivre leur parcours en danse contemporaine, mais voyez-vous, elles avaient aussi la bosse des sciences… Elles ont donc entrepris des études en pharmacie, qu’elles viennent de terminer en y ajoutant une maîtrise en pharmacothérapie. Tout cela en dansant.

Elles ne sont pas jumelles identiques, mais Sandrine et Maude ont les mêmes gènes récessifs et les mêmes intérêts, dont la danse, qui les passionne et qu’elles pratiquent depuis l’âge de 4 ans.

Leur formation en danse contemporaine à l’UQAM allait donc de soi. Des contrats ont suivi. Avec Misteur Valaire, Patrick Watson, Gardy Fury, le Cirque Éloize… C’est qu’elles ne sont pas seulement passionnées, elles sont aussi très douées. Et quand ce talent est multiplié par deux, ça en jette.

Mais voilà, malgré leurs débuts encourageants, Sandrine et Maude ont eu du mal à boucler leurs fins de mois. Elles se sont mises à la recherche d’un métier qu’elles pourraient faire « à côté ».

« On avait étudié en sciences de la santé au cégep, nous dit Sandrine Gobeil, et on avait adoré ça. On a fait une première année en physiothérapie, mais on trouvait ça physiquement difficile, pour soulever des patients, par exemple. Comme on avait des notes assez fortes, on a opté pour le programme en pharmacie. »

« Vous dites toujours “nous” », leur fait-on remarquer. « Oui », répond Maude.

Les gens nous demandent souvent si on aimerait faire des choses différentes, mais non, on a les mêmes intérêts et on est bien ensemble.

Maude Gobeil

« J’étais prête à refuser d’aller en pharmacie si ma sœur n’était pas prise. C’est drôle à dire, mais je préfère avoir un métier avec ma sœur, peu importe lequel, que le métier en soi. »

Dès le printemps prochain, Sandrine et Maude travailleront donc dans une pharmacie et dans un groupe de médecine de famille (GMF) de Brossard.

« Quand il y en a une qui sera en pharmacie, l’autre sera au GMF, et vice-versa, précise Sandrine, qui convient en riant que leurs clients risquent d’être bluffés. Sérieusement, ce sera même plus facile pour nous de faire des suivis. On va travailler une trentaine d’heures par semaine. »

Le besoin de bouger

Que feront-elles le reste du temps ? Danser, évidemment ! À 29 ans, elles n’ont pas l’intention d’arrêter.

« On n’a jamais envisagé d’arrêter, nous assure Sandrine, qui dit avoir été fortement inspirée par Louise Lecavalier. Ça fait partie intégrante de notre vie. Quand on était en physiothérapie, on a arrêté complètement pendant un an et j’ai vu une grosse différence dans mon humeur, ma concentration, je me suis dit : j’en ai besoin. C’est ma dose de dopamine. »

Le mois dernier, on les a vues dans un vidéoclip du groupe montréalais Neighbours You Know, dans une reprise de la pièce Without Me, de Halsey. Le groupe est mené par le chanteur Martin Robert, qui est aussi… pharmacien ! « On s’est connu dans un “talent show” au département de pharmacie ! nous dit Maude en riant. On s’est dit qu’il fallait qu’on fasse quelque chose ensemble. »

En ce moment, les deux sœurs s’entraînent à l’Atelier de danse Bahia, à Longueuil, dirigé par Francis Lafrenière et Claudia Primeau – qui ont tous les deux participé à l’émission So You Think You Can Dance (Canada). Après avoir fait du ballet jazz, de la gigue irlandaise, du hip-hop et de la danse contemporaine, Sandrine et Maude se sont lancées dans la danse latine.

« On est toujours à la recherche de nouveaux mouvements, nous dit Sandrine. On a chacune nos partenaires, mais on pratique ensemble. C’est extrêmement technique, c’est aussi plus sportif comme danse, donc c’est un défi pour nous. On aimerait bien éventuellement participer à des compétitions. »

Elles ont aussi l’intention de soumettre leur candidature à l’émission Révolution, pour la prochaine saison. « On aimerait beaucoup ça, nous disent-elles. On voulait participer dès la première saison, mais on étudiait la physio, à la deuxième saison, on était à la maîtrise, donc ça n’a pas été possible, mais on va s’essayer ! »

L’influence des parents

D’ici là, c’est le métier de pharmacienne qu’elles pratiqueront. Avec la même passion que la danse.

« On a vécu l’anxiété de performance, nous dit Sandrine, comme beaucoup d’autres personnes, et on croit à l’approche pharmacologique. C’est sûr qu’idéalement, on va privilégier d’autres avenues, faire de l’exercice, adopter de saines habitudes de vie, mais parfois, ce n’est pas suffisant. Quand je vois qu’un médicament peut aider une personne à s’en sortir sans trop d’effets secondaires, je trouve ça extraordinaire. »

Qu’elles parlent de danse ou de pharmacologie, Sandrine et Maude ont les yeux qui s’allument. Cette double passion, elles croient l’avoir héritée de leur père, Jean Gobeil, avocat à la retraite, qui a joué du piano toute sa vie, et de leur mère Johanne Aubry « pour le côté santé », qui a travaillé comme infirmière en milieu hospitalier. Comme quoi les pommes ne tombent jamais très loin de l’arbre.