On naît avec ce qu’il faut de vitalité pour le devenir, mais c’est souvent dans l’adversité et par nécessité qu’on le devient. Guerrières : c’est le titre du documentaire porté par Ingrid Falaise, et présenté ce mercredi sur les ondes de Canal Vie. C’est aussi le mot puissant choisi pour décrire cinq femmes qui, avec courage et détermination, mènent chacune leur combat pour que la justice et la dignité soient rendues.

La bosse qui s’affiche sur le nez d’Ingrid Falaise n’y était pas avant qu’elle ait à livrer son propre combat. Elle est sa blessure de guerre, la marque qui témoigne subtilement des souffrances qu’elle a racontées dans Le Monstre, son livre porté à l’écran et hautement médiatisé. Mais si Ingrid Falaise monte aujourd’hui au front, c’est pour donner une voix à d’autres qu’elle appelle ses « sœurs d’histoire ».

Le documentaire Guerrières met en lumière des femmes qui ont trouvé en elles la force de dénoncer l’injustice afin de changer les choses, au-delà de leur quête personnelle. Il montre aussi les failles d’un système qui manque parfois cruellement de jugement, et d’autant de compassion, envers ceux qui n’entrent pas dans les cases trop étroites de ses formulaires.

C’est le cas de Nathalie, mère de famille monoparentale qui a dû se tourner vers l’aide sociale pour parvenir à s’occuper de son fils lourdement handicapé, alors qu’une famille d’accueil recevrait une somme substantielle pour l’héberger.

C’est aussi l’histoire d’une mère endeuillée qui se bat pour que justice soit rendue après un accident impliquant de l’alcool au volant, qui a tué sa fille, ou d’Annie, qui élève ses neveux. Ces derniers ne reçoivent aucune aide parce que leur mère — sa sœur — a été assassinée par son conjoint alors que le couple était en vacances au Mexique, et non au Québec.

Bande-annonce de Guerrières

C’est aussi l’histoire d’une mère endeuillée qui se bat pour que justice soit rendue après un accident impliquant de l’alcool au volant, qui a tué sa fille, ou d’Annie qui élève ses neveux. Ces derniers ne reçoivent aucune aide parce que leur mère — sa sœur — a été assassinée par son conjoint alors que le couple était en vacances au Mexique, et non au Québec.

Quant à Isabelle, tombée dans la drogue et la prostitution à la suite d’un choc traumatique occasionné par une violente agression, elle est encore contrainte à se prostituer pour rembourser les dettes laissées par son proxénète.

« Depuis la sortie de mon livre, je suis devenue le journal intime de beaucoup de femmes et d’hommes aussi. Plusieurs ont envie de briser le silence. Moi, j’ai eu la chance d’avoir une voix publique. Pour qu’il y ait du changement, je pense qu’il faut d’abord élever la voix, et la télé est une bonne façon de le faire. On entre directement dans le salon des gens », souligne l’instigatrice du documentaire, qui souhaite ainsi faire bouger les choses pour d’autres.

La guerre à la violence

Guerrières teinte ce mot militaire d’une aura de féminité.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Ingrid Falaise

Je trouve que les femmes sont particulièrement fortes. On est déjà guerrières en donnant la vie à nos enfants, mais on doit se battre encore afin d’avoir toute notre place dans cette société et pour être dans une position d’équité avec les hommes.

Ingrid Falaise

Si les femmes présentées dans ce long métrage montent au front, c’est sans violence et pour la combattre, relève Ingrid Falaise en soulignant les 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes, dont la campagne a débuté le 25 novembre. Les femmes, dit-elle, subissent quantité d’agressions.

On ne peut d’ailleurs réprimer des frissons en entendant le récit troublant de Zainabou, excisée au Burkina Faso à l’âge de 7 ans, et qui lutte pour dénoncer les mutilations subies par des fillettes à travers le monde, malgré les lois, et souvent dans le plus grand silence, même au Québec.

« Ces histoires et ces femmes m’habitent encore et elles vont m’habiter pour le restant de mes jours. Mais je ne veux pas pleurer pour elles. Je veux être forte à leurs côtés et les honorer, souligne Ingrid Falaise. Ces femmes ne sont pas dans la victimisation et la fatalité. Elles relèvent la tête et font des choses concrètes pour que ça bouge. »

Une femme qu’on surnomme « La guerrière » a été le moteur de ce documentaire auquel elle n’a pu participer pour des raisons de sécurité. Elle pourrait cependant témoigner dans la suite de Guerrières, qui est actuellement en discussion. Ce projet pourrait par ailleurs se décliner en bien des chapitres, comme le souligne Ingrid Falaise. D’ailleurs, l’animatrice a déjà en tête d’autres survivantes et guerriers de cœur. Pour eux et avec eux, elle choisit de sortir son attirail pour une vie meilleure.

Guerrières est présenté ce mercredi 2 décembre à 20 h, sur les ondes de Canal Vie.

Consultez le site des 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes