Ils font (ou feront) leurs premiers pas sur le marché du travail dans le contexte de pandémie que l’on connaît. Dans des secteurs qu’ils n’avaient pas nécessairement imaginés. La Presse s’est entretenue avec six ados allumés, âgés de 14 à 17 ans.

Ninon Liebert, 15 ans, employée à la Boulangerie Jarry

Au départ, c’est la sœur de Ninon, âgée de 17 ans, Zélie, qui a postulé à la Boulangerie Jarry. Mais lorsque le boulanger-propriétaire Dominique Gauvrit l’a appelée, elle avait déjà trouvé un emploi. Elle a quand même eu la présence d’esprit de proposer les services de sa petite sœur. Dominique Gauvrit a d’abord hésité, puis il s’est dit pourquoi pas ? « Elle avait l’air motivée », nous a-t-il confié. Ninon, qui d’ordinaire est enrôlée dans une foule d’activités (guitare, espagnol, cheerleading, etc.) s’ennuyait. « J’avais besoin de voir des gens », avoue-t-elle. À la boulangerie, elle s’est vite adaptée à son travail, même si elle s’est un peu sentie « perdue » les premiers jours. « Le plus difficile a été d’apprendre à faire les cafés et à bien connaître la composition des pains », nous dit la jeune fille qui termine sa quatrième secondaire. Depuis un mois et demi, elle y croise ses parents, des amis de la famille et y a même vu sa prof d’histoire. Des rencontres qui ne la gênent pas le moins du monde. « Honnêtement, ça me fait plaisir, ça me fait du bien. »

Antoine Choquette, 17 ans, commis chez Jean-Coutu

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Antoine Choquette, 17 ans, est commis chez Jean-Coutu.

Antoine termine son secondaire ce printemps. Il vient juste d’avoir 17 ans. Ce finissant de l’école Joseph-François-Perreault devait faire une tournée musicale de deux semaines à la fin de l’année. Par la suite, il devait faire un camp musical ou un camp de hockey (ce n’était pas encore décidé). C’était ça, ses plans de l’été. Et puis tout a été annulé. « Les premières semaines, c’était cool, admet-il. J’avais des devoirs, j’ai chillé, j’ai joué à des jeux en ligne avec mes amis, mais je me suis tanné, j’avais rien à faire. » Depuis deux semaines, il travaille comme commis dans un Jean-Coutu. « Je sors tous les jours, j’y vais en vélo, ça me prend 15 minutes, je vois du monde, j’interagis avec les clients, j’aime ça. » Le plus difficile ? « Respecter la règle des deux mètres, c’est pas facile, il faut se tasser quand les gens passent dans mon allée, ils sont plus méfiants, plus distants, mais j’aime ça, j’ai quand même beaucoup de responsabilités, je dois aider les clients à trouver les produits, c’est cool. »

Léa-Rose Cayen, 14 ans, monitrice de service de garde – camp de jour

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Léa-Rose Cayen, 14 ans, va travailler cet été dans le camp de jour Les Ateliers Soleil à Anjou.

Léa-Rose avait envie de travailler cet été. Le contexte de la pandémie s’y prêtait bien. Plus de temps libre, et puis un besoin soudain de se sentir utile. Elle termine à peine sa troisième secondaire, mais déjà l’appel du camp de jour s’est fait sentir. « J’ai toujours gardé des enfants, nous a-t-elle confié, et puis tout le monde dans ma famille a travaillé au camp de jour Les Ateliers Soleil, à Anjou. Mes parents se sont rencontrés là-bas quand ils étaient moniteurs ! Et ma grande sœur est monitrice, donc c’était naturel pour moi de travailler là-bas. » Le fait de commencer plus jeune, comme monitrice au service de garde (matin et soir), lui permettra de devenir une « vraie » monitrice plus rapidement, peut-être même dès l’an prochain. Dans une semaine, elle recevra une formation. « J’ai hâte parce que ce qui me stresse, c’est de devoir organiser des jeux à deux mètres de distance, et puis si je dois consoler un enfant qui pleure, est-ce que je vais pouvoir lui faire un câlin ? L’idée de porter un masque les jours de canicule, ce ne sera pas évident… C’est des questions que je me pose. »

Rosalie Gendron, 16 ans, employée dans une épicerie Metro

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Rosalie Gendron, 16 ans, travaille chez Metro depuis un mois et demi.

Rosalie termine sa cinquième secondaire. Comme des milliers d’autres finissants, son parcours se termine en queue de poisson, sans le traditionnel bal. Cet été, elle avait planifié de travailler dans un musée ou une librairie. Mais la COVID-19 l’a forcée à revoir ses plans. « Au début de la pandémie, on n’avait vraiment rien à faire pour l’école, nous a-t-elle dit. Je m’ennuyais tellement. Un jour où je faisais l’épicerie avec mon père, on a vu qu’ils cherchaient du personnel. Je me suis dit pourquoi pas ? J’ai postulé, et une semaine après, j’ai commencé à travailler », nous dit Rosalie, employée chez Metro depuis un mois et demi. « Je désinfecte les chariots et les paniers, et maintenant, j’accueille les clients avec du désinfectant à main. Plus tard cet été, je vais travailler à la caisse. » Même si ce n’est pas « le job de rêve », Rosalie aime bien son nouveau boulot. « Honnêtement, le plus difficile, c’est de rester debout pendant toute la journée. Au début, j’avais vraiment mal au dos, et puis c’est répétitif, mais ça va, je m’habitue, et j’ai du plaisir à échanger avec mes collègues et les clients. »

Marie-Jeanne Dufresne, 16 ans, employée du magasin Korvette

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Marie-Jeanne Dufresne, 16 ans, travaille au magasin Korvette.

Marie-Jeanne avait l’intention de travailler cet été avant même la crise sanitaire liée à la COVID-19, mais elle ne pensait pas commencer aussi tôt ce printemps. « Ça me tentait de travailler là-bas, nous a-t-elle confié, c’est proche de chez moi, et c’est au centre du village [de L’Épiphanie], donc c’est pratique. » Là-bas, c’est chez Korvette, petit commerce qui vend à la fois du linge et des produits alimentaires. Marie-Jeanne y travaille à la caisse depuis une semaine. « Je dois m’habituer à la caisse, mais ça va bien, j’aime ça, je m’entends bien avec ma gérante, avec mes collègues aussi, mais je suis la plus jeune. » Le plus difficile, avoue-t-elle, est de respecter les règles de distanciation dans un commerce qui n’est déjà pas très grand. « Les clients sont vraiment très prudents, ils veulent s’assurer que tout est désinfecté, donc il faut faire attention », nous dit-elle. Pour l’instant, elle travaille de 15 à 20 heures par semaine, mais dès la fin de son année scolaire, elle passera à temps plein. « J’avais fait du bénévolat avant, donc ça m’a préparée à ces interactions avec les clients. »

Mathilde Redmond, 16 ans, sauveteuse à L’Assomption

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Mathilde Redmond, 16 ans, est sauveteuse à L’Assomption.

Mathilde avait l’intention de travailler comme sauveteuse cet été. Depuis un an, elle a suivi ses cours méthodiquement. Jusqu’à sa formation de Sauveteur national, qu’elle a terminée (sans avoir pu passer l’examen final, reporté pour cause de pandémie). « Je ne savais pas si j’allais pouvoir travailler. À cause de l’examen, mais aussi parce qu’on ne savait pas si les piscines allaient ouvrir. » La décision est finalement tombée la semaine dernière. Mathilde va commencer son premier boulot le 20 juin. Dans la piscine municipale de L’Assomption. Avec une foule de restrictions (maximum de 50 baigneurs à la fois, vestiaires fermés, réservations, etc.). « Ça me stressait au début de travailler dans ce contexte, mais en fin de compte, le fait qu’il y ait moins de monde dans la piscine, ça me rassure. Dans le sens où ça fait moins de gens à surveiller. Comme c’est une petite piscine et qu’il n’y a pas de cours de natation, c’est moins stressant. Mais je suis fébrile, j’ai hâte de commencer ! »