(Dorval) Les deux enfants de Keero Birla, Kishan et Darian, discutent avec enthousiasme de ce qui les attend : dans moins d’une demi-heure, dès le coucher du soleil, ils regarderont leur premier film dans un cinéparc.

« Comme tout le monde, nous sommes assoiffés d’interaction sociale. Quand nous avons appris la nouvelle, nous avons sauté sur l’occasion », raconte le père.

La ville de Dorval a organisé deux séances de cinéma en plein air dans un stationnement en face d’un centre commercial.

Plus d’une dizaine de rangées de voitures étaient garées vendredi soir dans le stationnement pour une projection de la version anglaise de Sonic le hérisson. Certains avaient apporté des chaises de camping et des couvertures, d’autres préféraient demeure dans leur véhicule.

Et plusieurs n’avaient pas oublié leur propre maïs soufflé.

« [Les gens] sont fatigués de rester à la maison et de ne rien faire, a expliqué Sébastien Gauthier, le chargé de communication de Dorval. Je sais que tout le monde avait hâte de sortir et de faire quelque chose d’intéressant. »

Dorval avait vendu les 160 places disponibles. Coût des deux projections : 15 000 $.

Le Québec a commencé à se sortir du confinement auquel la COVID-19 l’avait contraint. Les cinéparcs peuvent ouvrir depuis le 29 mai, pour autant que les règles de distanciation physique étaient respectées.

M. Birla se souvient d’être allé dans un cinéparc dans le Maine, il y a des années lors de voyages en famille. Il voulait partager l’expérience avec ses propres enfants.

« J’y vois une double fonction : on manque et on se détend, dit-il. C’est une sorte de cadeau rare que de pouvoir partager cela avec les enfants et de leur faire vivre une expérience que je chéris dans ma propre mémoire. »

Alors que la projection de Dorval était un évènement unique, pour les cinéparcs plus établis du Québec, les règles entourant COVID-19 signifient que cet été ne ressemblera à aucun autre.

Les vrais cinéparcs

Les cinéparcs ont longtemps été en vogue au Québec. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une poignée, dont un à Saint-Eustache, dans les Basses-Laurentides. Eux aussi doivent s’adapter à la pandémie.

Selon Brigitte Mathers, la présidente du Groupe Mathers, qui gère le cinéparc de Saint-Eustache, l’endroit compte cinq écrans et peut accueillir jusqu’à 3300 véhicules.

En raison de la distanciation physique, la capacité du cinéparc a été réduite de moitié. Chaque véhicule doit être garé à plus de deux mètres, l’un de l’autre.

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, ARCHIVES LE SOLEIL

Les véhicules doivent maintenant être garés à plus de deux mètres, l’un de l’autre, ce qui réduit la capacité des cinéparcs.

« C’est très compliqué. Naturellement, ça ne va pas être aussi rempli, mais il n’y a rien que l’on puisse faire », a-t-elle déclaré.

Les cinéparcs se retrouvent aussi devant le problème le manque de nouveaux films puisque les tournages ont aussi été interrompus à cause de la pandémie, souligne Mme Mathers.

Ce week-end, le cinéparc de Saint-Eustache a dû présenter des films sortis en 2018, en 2019 et au début de 2020 : AquamanBloodshotOnwardTrolls World Tour et Menteur.

« Il y a un [nouveau] film qui sortira en juillet, escompte Mme Mathers, mais sinon ce sont des films déjà sortis, car les producteurs attendent que toutes les salles ouvrent pour sortir leurs longs métrages. C’est un peu particulier cette année. »

Pourtant, certains des plus petits cinéparcs du Québec espèrent que le manque options pendant la pandémie fera sortir les gens en grand nombre.

Il y a des cinéparcs en Gaspésie, dans les Laurentides, en Montérégie et en Estrie.

« Il n’y a pas de festivals, il n’y a pas de spectacles, les cinémas sont toujours fermés, cela amènera un regain d’intérêt pour le ciné-parc », avance François Pradella, copropriétaire du Ciné-Parc Orford, à Sherbrooke.

Le cinéparc de deux écrans a dû être reconfiguré afin de pouvoir accueillir jusqu’à 650 véhicules, environ 85 % de sa capacité normale, dit M. Pradella.

« Les gens qui n’avaient pas les cinéparcs sur leur radar vont nous donner une deuxième chance parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. »

La ville de Vaudreuil-Dorion a alloué 100 000 $ pour installer un cinéparc dans le stationnement d’une école secondaire pour l’été. Prévu pour ouvrir début juillet, l’endroit pourra accueillir 100 véhicules.

Le maire Guy Pilon espère que la nouvelle attraction donnera aux familles une chance de faire ensemble quelque chose d’amusant pendant la pandémie — et de permettre à la jeune génération de vivre l’expérience de regarder des films sous les étoiles.