Comment attirer plus de femmes en sciences ? C’est la question que pose l’événement Femmes et filles de science, qui a lieu ce dimanche au Centre des sciences. Jeunes et moins jeunes pourront rencontrer des chercheuses et autres scientifiques de l’UQAM et aussi une dizaine de grandes entreprises.

Un phénomène mondial

« On a commencé l’événement il y a trois ans, parce qu’on s’est rendu compte que beaucoup d’autres musées de sciences et technologies organisaient des journées pour promouvoir la présence des femmes en sciences », explique Cybèle Robichaud, directrice de la programmation au Centre des sciences. « Depuis deux ans, l’UQAM est un commanditaire principal. On a toujours travaillé avec plusieurs organisations comme Ubisoft, ElementAI, Pratt & Whitney, des entreprises qui font la promotion des sciences auprès des jeunes filles dans un but éventuel de recrutement. Avec l’UQAM, on a accès à des jeunes chercheuses qui peuvent parler de leurs travaux, de leur parcours. »

De nouveaux ateliers

PHOTO RÉFÉRENCE DESIGN, FOURNIE PAR LE CENTRE DES SCIENCES

L’événement présentera des activités interactives.

Des étudiantes en sciences de l’UQAM présenteront des miniconférences où elles expliqueront leur parcours et leurs recherches. « On a ajouté cette année des ateliers très interactifs où on pourra mettre la main à la pâte dans différents dossiers, dont l’urgence climatique, la biologie, la chimie, l’activité physique, les mathématiques et le transfert d’information », explique Claire Bénard, professeure de biologie à l’UQAM. Les jeunes femmes de moins de 18 ans pourront participer gratuitement à la journée. « On vise particulièrement celles qui sont en orientation de carrière, explique Mme Robichaud. Chaque année, je suis émue de voir arriver des jeunes filles avec leur carnet qui posent des questions. » Il y aura aussi des activités pour les 4 à 8 ans.

Stéréotypes

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Les choix de carrière des femmes sont souvent dictés par le souci d’aider autrui.

Y a-t-il des domaines des sciences où il est plus difficile d’attirer les femmes ? « Particulièrement dans l’informatique, l’aérospatiale, le génie, ce qu’on appelle les “sciences, technologies, informatiques et mathématiques”, ou STIM », assure Mme Robichaud. Selon Mme Bénard, des motivations profondes expliquent cela. « Traditionnellement, les femmes, dans l’inconscient collectif, font plus des carrières d’utilité sociale, pour prendre soin des gens, comme la médecine, souligne Mme Bénard. Même si la médecine est très exigeante, il n’y a pas d’autocensure pour les femmes parce que c’est bien perçu par la société. Nous voulons montrer que dans d’autres domaines aussi, on peut être utile à autrui. Par exemple, les tests de survie aux accidents de voiture avec les sacs gonflables sont souvent faits sur des mannequins hommes, dont l’anatomie est différente des femmes. Les sacs gonflables sont moins efficaces pour les femmes. S’il y a des femmes en génie pour ce genre d’emploi, ça va être utile. »

Le défi du génie

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L’Ordre des ingénieurs du Québec a lancé une offensive tous azimuts pour contrer la sous-représentation des femmes en génie.

Les admissions dans les facultés de génie progressent lentement. Trop lentement pour que l’objectif canadien de 30 % de nouveaux membres féminins soit atteint à l’échéance de 2030. L’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) a donc lancé une offensive tous azimuts pour contrer la sous-représentation des femmes en génie. « On a tout d’abord mis sur place un groupe de travail sur les femmes en génie, qui nous a permis de faire un diagnostic », explique la présidente de l’OIQ, Kathy Baig, qui a fait son baccalauréat en génie chimique, l’un des rares à avoir une forte proportion de femmes. « Le constat, c’est qu’il manque de modèles d’ingénieures. Ça part d’une méconnaissance de la profession. Les femmes ont besoin de la notion de caring, d’avoir un impact sur le côté plus humain, de changer les choses, de prendre soin. On a choisi trois axes d’intervention. Au début du secondaire, il faut faire les maths et les sciences fortes, sinon c’est difficile à rattraper. Ensuite, au cégep et à l’université, ce sont des moments clés pour poursuivre les sciences. On a trouvé 300 ambassadrices qui vont dans des écoles secondaires. L’objectif est de 240 visites d’ici le 31 décembre. On va aussi lancer un programme “midis du génie” dans les cégeps, et plus tard en 2020 un programme de mentorat de niveau universitaire. »

Consultez le programme de la journée

Rectificatif :
Dans une version précédente de ce texte, nous indiquions que l’Ordre des ingénieurs du Québec avait mis en place une chaire pour se pencher sur la question. Il s’agit en fait d’un groupe de travail qui, de concert avec la Chaire sur les femmes en génie de l’Université de Sherbrooke (aussi suscitée par l’OIQ), a fait un diagnostic.