Dans le monde des montres, énergie solaire et minimalisme ne sont pas un mariage courant. Pour concilier ces deux aspects chers à leurs yeux, les entrepreneurs montréalais derrière Solios ont passé deux ans à développer un prototype à la fois chic et écoresponsable.

La montre la plus écoresponsable est certainement celle que l’on n’achète pas. « De penser que les gens vont arrêter de consommer, c’est complètement illusoire », répond Alexandre Desabrais, cofondateur de l’entreprise montréalaise Solios. Alors, avec son acolyte Samuel G. Leroux, il a tenté de créer une montre qui aurait le plus faible impact possible sur l’environnement. Tous deux passionnés de cet objet, ils ont analysé l’industrie de la montre, qui a, selon eux, plusieurs lacunes quand on l’observe sous la loupe environnementale.

« Avec la popularité qu’ont les montres aujourd’hui, particulièrement les montres de luxe abordable [le segment dans lequel Solios se positionne], on s’est demandé comment on pourrait les améliorer sur plusieurs points allant de la technologie qui est à l’intérieur aux matériaux utilisés en passant par les conditions de travail des gens et l’emballage qu’on prend pour le transport », expose Alexandre Desabrais.

Pile rechargeable à vie

Ainsi, ils ont conçu une montre à énergie solaire munie d’une pile rechargeable à vie. Avec deux heures d’exposition à la lumière du jour, la pile emmagasine suffisamment d’énergie pour six mois d’utilisation.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Samuel G. Leroux et Alexandre Desabrais, les deux fondateurs de l’entreprise montréalaise Solios

Le boîtier est en acier inoxydable recyclable, de même que l’un des deux types de bracelets offerts en option. L’autre est en faux cuir, à base de silicone, une matière plus écologique que le cuir végane, généralement en polyuréthane, un dérivé du pétrole. La coloration des métaux, nécessaire pour certains modèles, est réalisée par ionisation, un procédé moins polluant que le trempage dans un bassin de teinture.

Mais à quoi bon avoir une montre recyclable si les infrastructures pour la recycler ne sont pas en place ? « Rapidement, on veut mettre en place une section sur notre site pour les retours, indique Alexandre Desabrais. On veut offrir cette option de les reprendre [en échange d’un rabais], les remettre à neuf et les revendre à un prix plus faible. » 

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le défi a été d’obtenir un cadran suffisamment opaque pour couvrir le mécanisme, mais pas trop pour que la lumière naturelle ou artificielle puisse alimenter
la cellule solaire.

« On aimerait récupérer pas seulement nos propres montres, mais aussi celles de nos compétiteurs qui ne fonctionnent plus et s’assurer qu’elles seront recyclées », indique Samuel G. Leroux, cofondateur de l’entreprise montréalaise Solios.

Pour arriver à un produit le plus vert possible, les deux entrepreneurs, issus du monde de la finance, ont multiplié les fournisseurs. Certains, réfractaires à l’idée de modifier leur chaîne de production pour de petites quantités, les ont même laissés tomber. « Bâtir une entreprise de montres, ça peut être extrêmement facile, observe Alexandre Desabrais. Tu appelles un fournisseur chinois, tu en fais commander, tu mets ton logo. Créer quelque chose de différent, qui a un vrai impact, et questionner tes fournisseurs qui ont fait ça pendant les 50 dernières années, c’est plus compliqué qu’on pensait et c’est pour ça que ça a pris énormément de temps. » Beaucoup de temps et d’éducation. « Quand tu reçois un prototype qui est dans trois pochettes de plastique, ça vient tout annuler, illustre-t-il. Il faut répéter. »

Un autre important défi qu’ils ont eu à surmonter est de concevoir un boîtier minimaliste, un look qui est favorisé par la clientèle qu’ils visent. « La technologie solaire existe depuis plusieurs années, mais elle n’a jamais été intégrée dans une montre au design minimaliste, sans cadran extra pour essayer de cacher la cellule solaire », dit Samuel G. Leroux. Le défi a été de prendre la technologie et d’avoir un cadran suffisamment opaque pour la couvrir, mais que la lumière naturelle ou artificielle puisse aller alimenter la cellule solaire. »

Un succès sur Kickstarter

Dès son lancement sur Kickstarter, le produit a suscité un fort engouement. En 30 minutes, l’objectif de 25 000 $ avait été atteint. À la fin de la campagne en novembre dernier, les entrepreneurs avaient dépassé de quatre fois leur objectif. Les montres, alors offertes en prévente, ont été livrées en avril dernier.

Pour l’instant, elles sont proposées sur leur site internet et dans un point de vente à Montréal, la boutique Tozzi au centre-ville, au prix de 325 $ ou 345 $, selon le modèle choisi.

Solios n’est peut-être pas la première montre aux prétentions vertes, mais selon Samuel G. Leroux, elle est la première à allier design minimaliste, écoresponsable et solaire.

https://www.solioswatches.com/