Pour Samuel Giguère, fondateur du Parti royaliste du Québec, la monarchie est le meilleur moyen d’accéder à la souveraineté. Entrevue.

Le Parti royaliste du Québec, c’est une vraie formation politique ?

Oui, officiellement autorisée le 9 février 2019. Dans un peu plus de trois ans, nous participerons aux élections provinciales. On est encore petits, avec 128 membres. Mais mon objectif est d’en avoir entre 500 et 1000 à l’automne.

Donc, vous prônez l’instauration d’une monarchie au Québec ?

Pas une monarchie héréditaire, mais un royalisme méritoire… Le roi ou la reine du Québec serait celui ou celle qui serait approuvé(e) par référendum par la majorité de ses concitoyens et de ses concitoyennes. Il ou elle jouerait un peu la fonction de lieutenant-gouverneur du Québec [NDLR : représentant de la reine d’Angleterre au Québec]. C’est un poste essentiellement symbolique. Mais qui aurait quand même certains pouvoirs.

Des pouvoirs ? Lesquels ?

Comme la reine en Angleterre, mais un peu plus. Dissolution du Parlement avant des élections, par exemple. Ou possibles vétos sur des lois votées par le gouvernement. Ce monarque aurait un Conseil du Trône qui jouerait un peu le rôle d’un Sénat. Il serait le chef du Sénat. Idéalement, ce ne serait pas quelqu’un de très politique. Pour que les gens reconnaissent cette personne comme une bonne personne, il faudrait que ce soit quelqu’un qui ait accompli de grandes choses. Ça pourrait être un artiste ou un athlète que les gens reconnaîtraient comme un grand citoyen.

Combien de temps cette personne resterait-elle au pouvoir ?

Normalement à vie, pour assurer la stabilité.

En quoi cette option vous semble-t-elle meilleure que ce qu’on a actuellement ?

Au Québec, on a la place pour un chef d’État, sauf que ce n’est pas assumé à cause de la situation particulière qu’on a en rapport avec la monarchie britannique. Il y a le lieutenant-gouverneur, qui représente la reine, un peu comme le gouverneur général du Canada. Sauf que le lieutenant-gouverneur ne peut jamais rien faire, parce que s’il décide quoi que ce soit, la base souverainiste va se braquer. Si on a notre propre personne qui accède à ce siège, ce ne sera plus honteux.

Faudrait-il que le Québec soit d’abord indépendant avant de passer à la monarchie ?

Non. Le contraire. C’est par le couronnement du roi ou de la reine du Québec qu’on deviendrait indépendants. Du moment que la population québécoise reconnaît, par référendum, cette personne comme son roi ou sa reine, ça devient son chef d’État. C’est donc une façon diplomatique d’accéder à la souveraineté. Diplomatique, car du moment où la population vote Oui par référendum, c’est une adhésion consciente à un régime monarchique. Le peuple a décidé. Et un État ne peut pas avoir deux chefs. Personne ne va pouvoir prendre le micro pour empêcher ça. Ça fâcherait la population.

Et qui organiserait ce référendum royal ?

Nous, le Parti royaliste du Québec !

Pour cela, il faut se faire élire… et donc se faire connaître. Comment comptez-vous vous y prendre ?

Bonne question. J’y pense tous les jours. Je pense y aller étape par étape, avec des objectifs faciles à atteindre. Je ferai du porte-à-porte. Jusqu’à maintenant, je suis surpris de voir comment les gens sont réceptifs. Je maîtrise bien mon dossier. J’y crois.

Vous êtes conscient que ce sera difficile d’être pris au sérieux avec ça ?

[Silence] Ouin, bon, comment je pourrais dire… Oui, je suis conscient de ça. Mais comme je vous dis… Je suis ingénieur industriel, mais je suis un passionné de politique fondamentale. Et c’est en ça que je crois. Soit j’y vais, avec le risque de ne pas être pris au sérieux, soit je cache ce que je pense vraiment et ce que je suis et je fais une autre sorte de politique. Mais j’aurais l’impression d’être un imposteur. On ne me prend pas au sérieux ? J’attends juste que des gens viennent me défier. Les gros contre-arguments, je ne les ai pas encore vus. L’idée peut faire peur au premier coup d’œil, mais quand on explique bien… Je veux dire, combien de nations par siècle ont la chance de fonder un nouveau pays ? Le peuple québécois, on a une certaine responsabilité face à notre destin, qui est d’instaurer le meilleur régime politique de l’histoire. Ça a l’air grandiloquent dit comme ça, mais c’est à ça que je crois…