« On ne change pas tant que ça avec le temps, philosophe Anne Potvin. D’ailleurs, ce qui fait en sorte qu’on s’amuse encore autant, c’est qu’on est restées les mêmes tannantes du pensionnat. » Près de 50 ans plus tard, les liens tissés dans le dortoir du collège Jésus-Marie, à Sillery, sont toujours aussi solides entre ces cinq femmes, unies dans les joies, les peines et de mémorables aventures. Confidences.

« On venait toutes de la campagne, sauf une. Il y a eu un fit naturel : on a fusionné dès les premières semaines », se remémore Anne Potvin. Après le collège, chacune a poursuivi son chemin. À l’époque, les moyens de communication n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui, précise Anne. « On était prises dans nos vies de collégiennes et nos amours. Et puis les mariages ont commencé, les grossesses, le travail, ce qui fait qu’on avait moins de temps. » Néanmoins, malgré le temps qui file, Manon Pelletier, Patricia Vallée, Luce Meunier, Gisèle Cloutier et Anne Potvin n’ont jamais coupé les ponts. Tous les prétextes ont toujours été bons pour reprendre contact.

PHOTO FOURNIE PAR ANNE POTVIN

Les cinq amis au temps du pensionnat

C’est pour leurs 40 ans que le vent a cependant tourné et que les rencontres entre filles ont débuté. « Nous les avons célébrés en louant une suite au Manoir Richelieu pour découvrir Charlevoix », raconte Anne. D’autres escapades plus ou moins longues ont suivi, que ce soit pour le plaisir d’être ensemble ou pour souligner des événements importants : retraites, mariages, baptêmes, anniversaires. À 45 ans, ce fut New York, puis Ogunquit à 50 ans. Boston a suivi à 55 ans et pour célébrer l’entrée dans la soixantaine, Las Vegas. Chaque fois, toujours le même plaisir : « On s’amuse ensemble ! »

PHOTO FOURNIE PAR ANNE POTVIN

À Boston pour célébrer leurs 55 ans

Savoir en rire

« On a fait plusieurs coups pendables au pensionnat et on a continué à en faire, avoue Anne Potvin. Je pense qu’à 60 ans, on est aussi folles et malcommodes qu’à 13 ans. Un exemple ? L’une de nous était prude au collège. On avait tapissé sa chambrette d’images d’hommes nus. Pendant une semaine, elle en a trouvé jusque dans ses tiroirs ! On lui a refait le coup quelques décennies plus tard. Le hic, c’est que ses enfants sont tombés dessus… s’amuse-t-elle. On a toutes un grand sens de l’humour, heureusement. »

Ce qui nous rassemble, c’est aussi cette joie de vivre. Je pense aussi qu’on vieillit bien.

Anne Potvin

Dans leur condo du Maine, pour leurs 50 ans, les cinq drôles de dames se sont amusées à réaliser un calendrier « coquin » qui en a intrigué plus d’un. « On a eu un fun noir à se prendre en photo dans une mise en scène qui laissait tout à l’imagination grâce à un judicieux choix d’accessoires. Une fois le calendrier produit, nos conjoints, amis et familles devaient débourser un montant pour le voir, ce qui nous a permis d’amasser près de 500 $ qui ont été remis à un hôpital de Montréal pour la recherche sur le cancer du sein. On s’était dit qu’on le referait 20 ans plus tard. Alors à 70 ans, on remet ça, c’est certain ! », promet Anne.

Cinq anges cornus

« Pour planifier un voyage ou une activité d’un week-end, il faut s’y prendre de bonne heure. Mais avec les Facebook, FaceTime et Messenger de ce monde, nous sommes continuellement en contact, indique la fidèle amie. Et comme on est cinq organisatrices, il y en a toujours une qui a une idée ou qui prend une initiative. Tout le monde y met du sien. » Une année, pour l’anniversaire d’Anne, les copines se sont réunies pendant des semaines afin de lui composer une chanson. Pour un autre anniversaire, c’était une gigue, clin d’œil à l’époque où, dans les couloirs du collège, Anne s’amusait à giguer pour les faire rire.

« Il n’y a pas de chichis entre nous, pas de drames. C’est une amitié facile où chacune prend soin de l’autre. » Une amitié qui fait aussi bien des envieux, dit-elle.

PHOTO FOURNIE PAR ANNE POTVIN

Le taxi commandé à Las Vegas était surmonté d’un panneau publicitaire bien à propos.

Bien sûr, au fil du temps, il y a eu des épreuves, des divorces, des deuils, des problèmes de santé, observe Anne, mais aussi et surtout beaucoup de moments mémorables teintés d’une grande complicité. « Comme on est toutes grands-mères désormais, on s’échange des photos, des trucs et des trouvailles. Nous avons cette grande chance de savoir que, quel que soit le problème, nous pouvons compter l’une sur l’autre. On ne sera jamais seules dans les joies et dans les peines grâce à nos quatre anges. »