Entre 1960 et 1990, des rafles policières visent périodiquement des bars et établissements fréquentés par la communauté gaie de Montréal ; des clients sont brutalement arrêtés et transportés dans des « paniers à salade » au poste de police. 

En août 2017, l’ex-maire Denis Coderre s’est excusé publiquement, au nom de la Ville de Montréal, « pour les violences policières commises contre la communauté LGBT [lesbiennes, gais, bisexuels, transsexuels] à l’époque ».

À Montréal, deux descentes ont constitué des moments tournants dans les rapports entre cette communauté et la police.

La première a eu lieu le 21 octobre 1977 au bar Truxx, rue Stanley. L’escouade antiémeute de la police a arrêté 150 hommes sous prétexte qu’ils se trouvaient dans « une maison de débauche ». Le lendemain, une manifestation est organisée à l’initiative de l’Association pour la défense des droits des gai(e)s. Près de 2000 personnes descendent dans la rue. Elles manifestent une partie de la nuit, au coin des rues Stanley et Sainte-Catherine, le quartier gai à l’époque.

Ensuite, une décennie plus tard, en 1990, la descente du party Sex Garage passe aussi à l’histoire LGBT. Dans la nuit du 14 au 15 juillet, la police évacue 400 personnes d’un party « after-hour » dans un loft de la rue De La Gauchetière. 

La descente dérape quand les premiers fêtards sortent de l’immeuble et font face à une trentaine de policiers, matraque à la main. « Ils ont enlevé leur insigne devant nous. C’est là que j’ai réalisé que ce n’était pas normal », a raconté en 2015 la photographe Linda Dawn Hammond à notre collègue Louis-Samuel Perron. Ses clichés ont été publiés dans La Presse (voir photos ci-dessus).

Le 16 juillet, une centaine de manifestants organisent un « kiss-in pacifique » avec 200 personnes devant le poste de police 25, au coin du boulevard De Maisonneuve et de la rue Saint-Mathieu. Cette manifestation a aussi mal tourné devant les médias qui étaient sur place au beau milieu de l’après-midi. 

Ç’a été un choc. Je n’avais jamais pensé qu’ils nous attaqueraient et nous frapperaient. C’était terrible ! Je me suis sentie comme un animal dans un abattoir.

Linda Dawn Hammond

Bilan de ce « kiss-in pacifique » : 48 personnes arrêtées et des manifestants blessés. Or, cet incident a été un déclencheur. Il a changé les relations entre la communauté homosexuelle et les forces de l’ordre à Montréal qui se sont nettement améliorées depuis un quart de siècle. Tout comme à New York : le 7 juin dernier, le chef de la police, James O’Neill, a présenté des excuses pour les violences policières lors des émeutes de Stonewall.

Le Goethe-Institut soulignera le 50e anniversaire des émeutes de Stonewall avec l’exposition Queer as German Folk, à la galerie Never Apart, 7049, rue Saint-Urbain, à Montréal. Du 11 juillet au 28 septembre. Entrée libre.