À quelques jours du coup d’envoi de la Coupe du monde féminine de football 2019, un premier baby-foot mixte a été créé, composé de 11 joueurs et 11 joueuses mélangés dans les deux équipes. Cette initiative a pour but de promouvoir l’égalité dans le sport.

C’est la Française Nicole Abar, ancienne joueuse internationale de soccer, qui en a eu l’idée. Elle espère d’ailleurs que cette Coupe du monde accélère les changements de mentalités en France.

« Vous savez, en France, ce n’est pas comme chez vous ! Le soccer est toujours très masculin, explique-t-elle au téléphone. Il y a encore des stéréotypes, beaucoup de gens se disent que les petites filles ne doivent pas jouer au soccer. »

« On a beaucoup de progrès à faire dans l’éducation sur l’égalité et les représentations stéréotypées inconscientes que tout le monde a et véhicule encore. »

PHOTO JEROME MIRON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Marie-Ève Nault (au centre) lors d’un match
contre les États-Unis en 2014

Elle souhaite que de nombreuses petites filles regardent les matchs de la Coupe du monde à la télévision et qu’elles s’identifient à ces joueuses. « C’est important qu’elles se projettent et surtout que les garçons se disent : “Wow, les filles jouent bien, c’est super !” », affirme celle qui est aussi fondatrice de l’association Liberté aux joueuses.

Pour Marie-Ève Nault, ancienne joueuse de soccer qui a fait partie de l’équipe canadienne (médaille de bronze aux Jeux olympiques de Londres en 2012), ce baby-foot est une belle initiative. « Il faut que ça devienne normal en France de voir des figurines féminines sur un baby-foot tout comme sur un vrai terrain de soccer. Ça va contribuer à ce que le soccer féminin puisse avoir la même visibilité que le soccer masculin », affirme celle qui sera analyste au Réseau des sports (RDS) lors de cette Coupe du monde qui débute le 7 juin.

« Sur les réseaux sociaux, on voit qu’il y a une plus grande présence des équipes féminines, c’est encourageant, précise-t-elle. Le soccer est un des sports les plus populaires du monde, alors je pense que cette Coupe du monde sera très regardée. »

PHOTO FOURNIE PAR NICOLE ABAR

Ancienne joueuse internationale de soccer, la Française Nicole Abar est aussi fondatrice de l’association Liberté aux joueuses.

« Un tournant »

De son côté, André Richelieu, professeur expert en marketing du sport à l’ESG UQAM, pense que cette Coupe du monde féminine de football sera la plus suivie de l’histoire. « Cette huitième édition sera un tournant dans le développement du soccer féminin en particulier et du sport féminin en général, et ce, à l’échelle mondiale », avance-t-il.

« Autrement dit, bien qu’il reste du chemin à parcourir, le sport féminin de haut niveau devient un événement grand public pour les amateurs, les réseaux de télévision et de streaming, les commanditaires et les entreprises en tout genre, qui s’y intéressent désormais vraiment. »

Le professeur note un intérêt grandissant du public, ce qui nourrit l’appétit des commanditaires et des entreprises qui y voient des occasions commerciales.

PHOTO FRED DUMUR, FOURNIE PAR BONZINI 201

Les baby-foot mixtes sont fabriqués par l’entreprise française Bonzini.

Nicole Abar pense que si les stades sont pleins et que les cotes d’écoute sont élevées, le modèle économique sera plus intéressant pour les commanditaires. « Ce grand intérêt va apporter de l’argent sur le soccer féminin, et les femmes vont avoir de meilleures conditions pour s’entraîner. Il faudrait qu’elles soient aussi bien rémunérées que les hommes », espère celle qui a remporté trois fois le Championnat de France féminin de football et a été la meilleure buteuse du Championnat de France en 1983.

C’est l’entreprise familiale française Bonzini, qui existe depuis 1927, qui se charge de la fabrication des baby-foot mixtes. « Ce qui est incroyable, c’est que le père vient de transmettre son entreprise à sa fille, elle crée des figurines féminines et, en plus, c’est le début de cette Coupe du monde en France ! Quelle belle histoire ! lance Nicole Abar. Je vais bientôt avoir 60 ans et je ne pensais jamais vivre en France de Coupe du monde féminine de football, c’est un rêve qui se réalise. Ça fait 30 ans que je me bats pour l’égalité. »