Ils ont du temps. Ils sont moins stressés. Ils n’ont plus rien à prouver. Ils sont aussi plus épanouis que jamais. Les septuagénaires seraient-ils les champions du bonheur ?

« Je constate à quel point il est plus agréable de travailler, car je n’ai plus rien à prouver ! C’est un bonheur tellement grand, j’ai moins de stress, moins d’angoisse de performance, et je dis tout ce que je pense sans filtre ou presque, c’est tellement libérateur. Je me sens plus jeune intérieurement qu’il y a 15 ou 20 ans. Ça n’a pas de prix ! », lance Louise Deschâtelets, 73 ans.

Malgré les petits bobos qui apparaissent avec l’âge, la comédienne dit prendre beaucoup plus de plaisir qu’avant à toutes les petites choses de la vie, comme les amitiés et les rencontres professionnelles et sociales. « C’est comme si tout était synonyme de bonheur. Ça simplifie la vie ! Si j’avais su ça il y a 20 ans, ça m’aurait aidée », explique celle qui participe à l’émission de Jean-Philippe Wauthier Bonsoir bonsoir ! où elle tient la rubrique « Pas de tabou avec Loulou ».

Un avis que partage la sexologue et auteure du livre Les femmes vintage, Jocelyne Robert, âgée de 70 ans. « Il y a quelque chose qui se révèle à 70 ans, une sorte d’aptitude au bonheur, à la joie et à la capacité de savourer pleinement la vie », avance-t-elle.

« Comme si l’être humain devenait farouchement conscient qu’il y a moins de temps devant soi, ce qui exacerbe le goût et le plaisir d’en profiter. »

André Ledoux, membre de l’Observatoire Vieillissement et Société et auteur de Vivre et vieillir heureux, pense qu’à partir de 65 ans, on est plus heureux. « On a moins de responsabilités familiales, les enfants sont grands, il y a moins de stress, dit-il. On a acquis de l’expérience et même si l’avenir est incertain, notre expérience nous donne une certaine sagesse, ce qui contribue au bonheur. »

Courbe en forme de U

PHOTO JEAN-BAPTISTE LACROIX, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Richard Gere

Il fait référence à une étude réalisée par des chercheurs britanniques de la London School of Economics selon laquelle la courbe du bonheur a la forme d’un U. C’est d’abord au début de la vingtaine que nous sommes le plus heureux. Ensuite, la courbe ne fait que chuter pour mieux remonter au moment de la cinquantaine et atteindre la plénitude à 70 ans. Pas étonnant, donc, qu’à cet âge, on se sente plus épanouis.

Mais il y a un bémol. Même si à cet âge, on profite de la vie et on s’engage dans des activités comme le bénévolat ou on s’occupe des petits-enfants, André Ledoux prévient qu’il ne faut pas oublier la solitude. « L’isolement des personnes âgées peut être très grand, surtout dans les centres urbains, souligne-t-il. La précarité financière également est un problème, tout comme l’endettement. »

Redéfinir l’âge

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jocelyne Robert, sexologue et auteure du livre Les femmes vintage

Les exemples des septuagénaires actifs sont nombreux dans différents domaines ; la célèbre rédactrice en chef du magazine Vogue Anna Wintour fêtera ses 70 ans en novembre prochain, Lionel Richie aura 70 ans en juin tout comme Meryl Streep, tandis que Richard Gere soufflera ses 70 bougies en août, et Bruce Springsteen en septembre.

La série Grace and Frankie sur Netflix, qui met en vedette deux septuagénaires déjantées jouées par Jane Fonda et Lily Tomlin, montre la vie active des femmes et des hommes de plus de 70 ans en pleine possession de leurs moyens, affranchis de tout.

« Exactement ! Je n’ai plus peur de déplaire. La vie est facile, tu ne cours plus après rien, tu vis et tu te laisses porter et tu n’as que du plaisir ! », explique Louise Deschâtelets.

« On voit bien qu’il y a la volonté d’être plus ouvert à tout dans la vie incluant la sensualité, le plaisir, l’érotisme, le désir », souligne Jocelyne Robert. Alors que notre société est en train de redéfinir l’âge, il y a une plus grande vitalité chez les personnes de 70 ans qui n’était pas là avant, avance-t-elle. « Il y a une nouvelle disponibilité à tout ce qui se présente. Tout à coup, on commence à faire des choses qu’on n’a jamais faites avant ! »

« C’est formidable, cette plénitude, ajoute-t-elle. Je suis arrière-grand-mère ! Je suis très fière et je souhaite qu’on voie qu’une arrière-grand-mère, ce n’est pas une vieille qui est à l’agonie. » 

À 70 ans, « on récolte ce qu’on a semé pendant toute notre vie, pense Louise Deschâtelets. On regarde en avant, on n’a plus de temps à perdre, et tout ça vient avec un immense sentiment de liberté ».