Barbie détient le sort des Bratz entre ses mains. Elle pourrait devenir l'amie de ses jeunes rivales. Ou elle pourrait définitivement leur couper le sifflet. Les fans des Bratz et les magasins de jouets retiennent leur souffle.

Après une longue poursuite judiciaire, la compagnie Mattel a obtenu, au début du mois, le contrôle de la collection de poupées Bratz. L'été dernier, un juge avait décidé que l'employé de MGA qui avait mis au point les Bratz avait commencé à y travailler alors qu'il était encore chez Mattel. Et donc, que Mattel, qui fabrique les poupées Barbie, a droit à une portion des profits des Bratz, qui frisent les 3 milliards US depuis leur lancement en 2001.

Les deux entreprises ont négocié pendant tout l'automne pour en arriver à un arrangement à l'amiable. Mais comme elles étaient à couteaux tirés - Mattel a notamment engagé des détectives privés pour espionner les dirigeants de MGA - aucune entente n'a pu être conclue. Voilà deux semaines, un juge fédéral a donc réglé la question: Mattel aura dorénavant le contrôle de la marque Bratz.

MGA a jusqu'au 19 décembre pour en appeler de cette dernière décision. Signe que tout le monde marche sur des oeufs, un distributeur canadien des Bratz et des Barbie a préféré ne pas commenter le dossier avec La Presse. Et ni Target ni Wal-Mart n'ont voulu accorder d'entrevue au Wall Street Journal. Le quotidien financier new-yorkais a indiqué que Target a réduit de moitié l'espace réservé aux Bratz, à cause de l'incertitude concernant l'avenir de la marque.

Au magasin de jouets Bric à brac, rue Ontario Est, le propriétaire Serge Hudon croit peu probable que Bratz disparaisse. «Il y a encore beaucoup de ventes, même si Barbie regagne du terrain cette année, dit M. Hudon. Le fabricant a d'ailleurs annoncé beaucoup de nouveautés Bratz pour contre-attaquer l'an prochain.»

Bratz a failli détrôner Barbie au palmarès des poupées en 2004. Et ce, même si elles avaient un look beaucoup plus provocant que les Barbie, elles-mêmes souvent décriées par certaines féministes. «La poupée que les mamans n'aiment pas», titrait le New York Times en 2003. L'automne dernier, l'éditeur pour enfants Scholastic a accepté de retirer les albums des aventures des Bratz des foires de livres scolaires, devant les critiques quant à leur «hypersexualisation».

Le créateur des Bratz, Carter Bryant, a travaillé pour Mattel entre 1995 et 1998 et en 1999-2000, mais affirmait avoir conçu les poupées entre ces deux périodes. Un jury californien ne l'a pas cru. Pour le plus grand malheur des petites filles.