Un centre commercial présenté comme le plus grand d'Europe en centre-ville s'apprête à ouvrir ses portes à l'ouest de Londres, un pari audacieux au moment où les Britanniques se serrent de plus en plus la ceinture face aux menaces de récession.

Westfield London est un luxueux paquebot qui émerge du quartier en pleine régénération de Shepherd's Bush avec son toit de verre ondulé, créé d'après un modèle virtuel de vagues créées par un galet, un projet de 1,7 milliard de livres (3,4 milliards $ CAN).

À quelques jours de l'ouverture jeudi, des centaines d'ouvriers en vestes jaune fluo travaillent encore frénétiquement autour et à l'intérieur du bâtiment et de ses 265 magasins sur le site d'une taille équivalente à celle de Buckingham palace avec ses jardins.

Alors que la Grande-Bretagne a connu une croissance négative au troisième trimestre et que le secteur de la distribution, des hôtels et restaurants a reculé de 1,7% sur la même période, le groupe Westfield reste confiant pour ce projet dont la construction a débuté il y a cinq ans.

«Nous avons ouvert des centres commerciaux en période de boom économique, ou de récession, ou entre les deux, mais évidemment c'est un projet à long terme qui n'est pas juste construit pour aujourd'hui (...) Nous prévoyons d'être dans ce secteur pour une longue période», observe Michael Gutman, le directeur pour l'Europe et le Royaume-Uni du groupe australien, numéro un mondial des centres commerciaux.

99% des espaces commerciaux étaient loués à la veille de l'ouverture, relève-t-il, soulignant l'enthousiame des grandes marques pour ce nouvel espace.

«Westfield London» compte attirer la première année environ 20 millions de visiteurs, alors que le premier centre commercial ouvert par le groupe à Derby (centre de l'Angleterre) avait réussi à afficher 25 millions de visiteurs la première année.

«Cela ouvre au pire moment, c'est très regrettable à court terme mais ce projet a été prévu de longue date», observe Neil Mason, analyste spécialiste de la consommation pour la société d'études Mintel, soulignant que la promotion du centre qui ouvre à l'approche de Noël sera fondamentale pour son succès.

Le groupe a consacré au total un budget de communication et publicité de 6 millions de livres (12 millions $ CAN) à ce projet, un record pour ce secteur, selon les informations du quotidien Evening Standard, non confirmées par le groupe.

Ce temple du shopping de 1,6 million de m2, qui abritera aussi une cinquantaine de restaurants et un cinéma, espère malgré la récession qui menace la Grande-Bretagne tirer son épingle du jeu grâce à sa position centrale et à son offre.

Le centre qui devrait créer quelque 7000 emplois, abrite une majorité de magasins de vêtements milieu de gamme, mais parie aussi sur une clientèle fortunée avec le «village», un espace dédié aux marques haut de gamme comme Tiffany & Co ou Louis Vuitton.

Westfield a aussi dépensé quelque 170 millions de livres (344 millions $ CAN) pour les transports publics, avec la modernisation de stations de métro, des voies d'accès et des logements sociaux.

Mais, si Westfield London réussit son pari, les concurrents craignent que ce soit aux dépends d'autres zones commerciales, comme Oxford street, la plus grande artère commerciale d'Europe au centre de Londres, ou Kensington High street, une autre artère de l'ouest de la capitale.

À plus long terme, le groupe Westfield compte ouvrir un autre centre commercial à Bradford (nord de l'Angleterre) en 2010 et un autre dans l'est de Londres, à Stratford en 2012, coïncidant avec les Jeux olympiques de Londres.