En Bretagne, première région porcine française, des chercheurs étudient l'intérêt nutritionnel pour l'homme de l'incorporation de graines de lin, riches en omega 3, dans l'alimentation des porcs.

«L'objectif n'est pas de transformer le porc en poisson, mais il s'agit d'une pièce du puzzle pour rééquilibrer l'alimentation», a expliqué Jacques Mourot, directeur de recherche Inra à Rennes, en présentant ses travaux à l'occasion du Salon international de l'alimentation (SIAL).

Les acides gras oméga-3 appartiennent à la famille des acides gras (lipides) polyinsaturés. Ils sont dits "essentiels" car utiles au bon fonctionnement des cellules. Les recommandations nutritionnelles vont dans le sens d'une augmentation des apports en oméga-3 et d'une diminution des oméga-6.

Les aliments les plus riches en oméga-3 proviennent des poissons gras (comme le saumon, le thon, le maquereau, le hareng, la sardine et l'anchois), même si les poissons d'élevage en contiennent beaucoup moins que les poissons sauvages. Certaines huiles sont également riches en oméga-3 (lin, colza, noix...).

La viande de porc a souvent la réputation d'être grasse. Pourtant, a souligné Jacques Mourot, «la viande de porc que nous consommons aujourd'hui n'a plus rien à voir avec celle d'il y a 50 ans». La masse adipeuse (la graisse) a diminué de plus de moitié, représentant aujourd'hui moins de 20% du poids de l'animal. La teneur en lipides des tissus a également diminué.

Son équipe a comparé deux groupes de porcs (40 au total), l'un nourri avec un régime à base d'huile de tournesol, le second avec un régime à base de graines de lin (5% de l'alimentation pendant deux mois). Les résultats ont montré que le régime lin augmentait la teneur en omega 3 à la fois dans le tissu adipeux du dos de l'animal et le muscle Longissimus dorsi, composant principal du rôti de porc. Le rapport oméga-6/oméga-3 est le plus faible chez le groupe lin.

«Les produits transformés, dans l'ensemble, sont bons», a indiqué Jacques Mourot, reconnaissant «quelques problèmes» avec le jambon de parme «qui présente un goût un peu différent».

Des études chez des volontaires en surpoids, à Lorient, ont comparé l'intérêt nutritionnel de la viande de porc standard avec celle de la filière lin. «Tous ont maigri», a relevé le chercheur, parce que encadrés par des diététiciens, mais ceux qui ont consommé de la viande de la filière lin «ont maigri davantage et n'ont pas repris de poids».

«Ce n'est pas la viande de porc qui va régler tous les problèmes» d'alimentation, a reconnu Jacques Mourot, mais c'est une piste de recherche. Son équipe travaille aussi sur le lapin.

À la production, l'introduction d'une très petite quantité de graines de lin entraîne un surcoût de 1 à 2 euros par carcasse, qui devrait être supporté par le consommateur sur les morceaux nobles, comme le jambon.

La nutrition est une affaire complexe, comme l'a souligné Xavier Leverve, directeur scientifique de l'Inra. Et la prévention des maladies cardiovasculaires ne peut pas reposer uniquement sur la consommation d'omega 3, mais sur une alimentation variée et équilibrée et la pratique d'une activité physique régulière.