Rien de tel que de vivre à l'écart de la civilisation moderne pour garder la ligne. Selon un étude, les membres de la communauté Amish du comté de Lancaster, en Pennsylvanie, génétiquement programmés pour devenir obèses, y échappent, grâce à l'activité physique qu'ils pratiquent chaque jour pendant de longues heures.

Ces résultats sont publiés dans le dernier numéro des Archives de médecine interne. «Cette étude ne fait qu'accentuer le rôle important que joue l'exercice physique dans le combat contre l'obésité, particulièrement chez les gens à susceptibilité génétique», soulignent ses auteurs.

Selon les chercheurs, environ 30% des blancs d'origine européenne seraient porteurs de cette mutation génétique entraînant l'obésité, dont les Amish, ce qui expliquerait en partie pourquoi tant de personnes sont concernées par l'obésité.

Mais combattre ce facteur semble plus facile chez les Amish vivant comme au XIXe siècle, sans voitures autres que tirées par des chevaux, ni machines modernes. Dans ces communautés chrétiennes, les hommes sont souvent fermiers ou charpentiers, les femmes restent à la maison et s'occupent des nombreux enfants.

Les chercheurs viennent de découvrir que les Amish possédant la mutation génétique ne présentaient pas plus de risque d'être obèses que ceux qui n'en sont pas porteurs, du moins tant qu'ils pratiquaient quotidiennement trois à quatre heures d'activité physique modérée: marche rapide, ménage et jardinage.

Et bien que l'exercice physique soit recommandé à tout le monde, les auteurs soulignent qu'il est encore plus important pour les personnes possédant la version mutée du gène.

Co-auteur de l'étude, le Dr Soren Snitker, de l'Université du Maryland, reconnaît qu'il n'est pas réaliste de s'attendre à ce que la population renonce aux avantages qu'offre la vie moderne et retourne au mode de vie d'antan, dans le but de rester en forme.

Mais selon lui, ajouter quelques heures supplémentaires d'activité quotidienne ne devrait pas être si difficile que ça: sortir faire une promenade à bonne allure au lieu de regarder la télévision le soir, utiliser les escaliers plutôt que l'ascenseur, marcher au lieu de conduire, ou se mettre à un exercice structuré comme la natation.

L'étude Amish inclut 704 personnes, des échantillons sanguins désignant parmi eux les porteurs de la mutation. Dans ce groupe, ceux qui pratiquaient trois à quatre heures d'exercice physique modéré quotidien pesaient jusqu'à quatre kilos de moins en moyenne que les moins actifs.

Le groupe le moins actif était comparable aux Américains ayant une vie classique et sédentaire.

Les auteurs ne comprennent pas très bien comment le gène impliqué peut influencer l'excès de poids, mais ils pensent qu'il est impliqué dans le fonctionnement d'une protéine susceptible d'affecter la manière dont le corps régule le bol alimentaire.

«C'est uniquement lorsque vous êtes sédentaire que le gène se manifeste», déclare Snitker. «Si vous êtes actif, de toutes façons, peu importe que vous ayez le gène ou que vous ne l'ayez pas».

Jusque-là, les tests génétiques identifiant ce variant ne sont disponibles que pour la recherche. Et les experts soulignent qu'il y a probablement bien d'autres différences génétiques capables d'influencer l'obésité. Il est donc trop tôt, selon eux, pour recommander une quelconque généralisation de ce test.