En étudiant des personnes aux prises avec un problème de sommeil assez particulier, des chercheurs montréalais qui font partie d'un groupe international ont réussi à prédire avec plus de précision la progression du Parkinson - une étape de plus vers le développement de nouveaux traitements pour cette maladie.

Des chercheurs de l'Institut et hôpital neurologiques de Montréal et de l'Hôpital général de Montréal du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) ont participé à cette étude regroupant près de 1300 patients.

Celle-ci permettra de choisir et de catégoriser plus judicieusement les participants aux essais cliniques pour une meilleure efficacité de ces derniers, en route vers la création de médicaments ayant du potentiel.

Le trouble comportemental en sommeil paradoxal a été étroitement lié à la maladie de Parkinson.

Les personnes présentant ce symptôme « miment » leurs rêves pendant leur phase de sommeil REM : s'ils rêvent qu'ils font du café, ils font les gestes liés, par exemple activer la machine et brasser le café. Ceux qui rêvent qu'ils jouent au soccer donnent des coups de pied, a expliqué en entrevue Ziv Gan-Or, un médecin et chercheur à l'Institut et hôpital neurologiques de Montréal qui est l'un des auteurs de cette étude.

Ceux qui ont ce trouble de sommeil - 80 à 90 % d'entre eux en fait - vont développer une maladie neurodégénérative, et pour la moitié, ce sera le Parkinson, et pour d'autres, une forme de démence, a-t-il relaté en entrevue.

La maladie de Parkinson progresse très lentement : il peut s'écouler des années avant que les symptômes les plus typiques soient visibles, comme les tremblements et la lenteur des mouvements.

À ce moment-là, une bonne partie du dommage au cerveau a déjà été fait. Et il est probablement trop tard pour tester des médicaments qui pourraient ralentir la progression de la maladie, se désole Dr Gan-Or.

Afin de mettre à l'essai des médicaments visant à prévenir la maladie de Parkinson, les chercheurs doivent savoir reconnaître les personnes exposées à un risque élevé de souffrir de cette affection, et ce, avant même qu'elle n'apparaisse.

Et justement, l'étude qui vient d'être faite permet d'identifier à des stades beaucoup plus précoces ceux qui vont développer le Parkinson, ce qui permettra d'étudier les mécanismes de la maladie et d'apprendre comment elle se développe, notamment en faisant de l'imagerie médicale sur leurs cerveaux.

Quant aux essais cliniques, ils sont souvent faits alors que les patients sont en stade avancé et les médicaments, même s'ils pourraient être efficaces, ne marchent pas. Avec des personnes attrapées au tout début, on pourra possiblement voir s'ils fonctionnent et peuvent permettre de prévenir l'évolution du Parkinson ou de la démence, ajoute le chercheur.

La taille de cette étude a aussi permis de confirmer et de valider avec plus de précision ce qui était déjà connu sur le lien entre ce problème de sommeil et la maladie de Parkinson.

Les résultats de recherche ont été publiés au début du mois de mars dans la revue scientifique « Brain ».