Le sommeil régule un mécanisme anti-inflammatoire qui protège contre les maladies du coeur, ont constaté des chercheurs de l'Université Harvard, ce qui ajoute aux connaissances dont on disposait déjà concernant l'importance pour la santé d'un sommeil de qualité.

Le mécanisme mis au jour par les chercheurs américains concerne une interaction entre le cerveau, la moelle osseuse et les vaisseaux sanguins. Ils ont découvert qu'une hormone produite par le cerveau contrôle la production de cellules inflammatoires dans la moelle osseuse, ce qui protège ensuite les vaisseaux sanguins.

« C'est une pierre de plus dans l'édifice des connaissances, ça ajoute à ce qu'on savait déjà », a commenté Roger Godbout, le directeur du Laboratoire et de la Clinique du sommeil de l'Hôpital en santé mentale Rivière-des-Prairies.

Lors de tests effectués en laboratoire, des souris modifiées génétiquement pour souffrir d'athérosclérose (un durcissement de la paroi des artères) ont développé des lésions jusqu'à un tiers plus grosses lorsqu'on les a privées de sommeil, comparativement aux souris qui dormaient normalement.

Les souris qui avaient mal dormi produisaient aussi deux fois plus de certaines cellules inflammatoires et moins d'hypocrétine, une hormone qui jouerait un rôle prépondérant dans la régulation du sommeil et de l'éveil. En revanche, celles qui ont reçu des suppléments d'hypocrétine ont produit moins de cellules inflammatoires et leurs lésions étaient plus modestes.

Les chercheurs concluent que la perte d'hypocrétine pendant le sommeil ouvre la porte à l'inflammation et à l'athérosclérose.

« La question de l'inflammation est réelle, a affirmé M. Godbout. Par exemple, ça peut favoriser certains types de cancers. La question elle-même était connue, maintenant (les chercheurs américains) fournissent une explication. »

Plusieurs recherches récentes ont associé un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité à de multiples problèmes de santé, qu'il s'agisse de l'obésité, du diabète et même du cancer.

« Ça se rajoute à la problématique des effets d'un mauvais sommeil sur la santé », a dit Roger Godbout.

Les deux tiers des participants à une enquête publiée par Statistique Canada en 2017 ont déclaré dormir entre sept et neuf heures par nuit. Respectivement 43 % et 55 % des hommes et des femmes de 18 à 64 ans ont indiqué avoir de la difficulté à s'endormir ou à rester endormis.

Les conclusions de cette étude ont récemment été publiées par le journal scientifique Nature.