Grand-maman avait raison : on se sent toujours beaucoup mieux après une bonne nuit de sommeil, et on comprend maintenant un peu mieux pourquoi, grâce aux travaux de chercheurs allemands.

Le sommeil augmente la capacité de certaines cellules immunitaires d'attaquer leurs cibles et, inversement, le manque de sommeil nuit à leur efficacité, écrivent dans le Journal of Experimental Medicine des scientifiques de l'Université de Tübingen.

Cela explique comment le sommeil peut aider à combattre une infection et comment des problèmes de santé, comme le stress chronique, peuvent rendre l'organisme plus susceptible à la maladie.

« C'est très intéressant, a réagi Serge Rivest, du Centre de recherche du CHU de Québec. On savait que le sommeil peut avoir des effets sur l'immunité, mais il n'y avait rien de vraiment précis. (Les chercheurs allemands) ont réellement démontré un mécanisme d'action sur une cellule immunitaire qu'on appelle les cellules immunitaires de type T. Cette cellule-là est vraiment importante dans (le mécanisme immunitaire). »

Quand les cellules T détectent un intrus, elles activent des protéines appelées intégrines pour se lier à leur ennemi (comme un virus) et le détruire. Les chercheurs allemands ont toutefois découvert que certaines substances (par exemple, l'adrénaline, la noradrénaline, la prostaglandine et l'adénosine) empêchent les cellules T d'activer leurs intégrines une fois l'ennemi détecté.

Les niveaux d'adrénaline et de prostaglandine déclinent pendant le sommeil. En comparant les cellules T de sujets endormis aux cellules T de sujets éveillés, les scientifiques ont constaté que les intégrines des premières étaient beaucoup plus actives que celles des deuxièmes.

« Ils ont démontré que quelqu'un qui manque de sommeil c'est un peu finalement comme quelqu'un qui est très stressé, que des hormones qui se promènent dans le sang vont être très augmentées quand le sommeil est manquant, a dit M. Rivest. La noradrénaline, par exemple, est un des premiers facteurs de stress qu'on retrouve dans le sang d'une personne qui est très stressée. »

Les chercheurs allemands estiment que leur découverte prend une toute nouvelle ampleur face à la prévalence élevée des troubles du sommeil et de problèmes comme la dépression, le stress chronique, le vieillissement (et même le travail par postes) qui interfèrent avec un sommeil de qualité.

« On sait qu'en se levant le matin on est moins malades, les chercheurs allemands ont démontré un peu le mécanisme d'action, a dit Serge Rivest. Les cellules T sont beaucoup plus actives, parce que des facteurs sont moins présents dans le sang, donc les cellules T [...] vont adhérer plus aux tissus malades, et vont faire une activité immunitaire beaucoup plus efficace. »

Cette découverte pourrait ouvrir la voie au développement de stratégies thérapeutiques pour améliorer l'efficacité des cellules T.

« L'immunothérapie du cancer est la grosse voie d'avenir pour traiter les cancers complexes, a précisé M. Rivest. (Cette découverte) est une autre voie pour augmenter l'activité des cellules T. »

Note aux lecteurs : Dans une version précédente, La Presse Canadienne avait écrit au 6e paragraphe : « En comparant les cellules T de sujets éveillés aux cellules T de sujets endormis, les scientifiques ont constaté que les intégrines des premières étaient beaucoup plus actives que celles des deuxièmes ». Or, il faut plutôt lire « En comparant les cellules T de sujets endormis aux cellules T de sujets éveillés, les scientifiques ont constaté que les intégrines des premières étaient beaucoup plus actives que celles des deuxièmes. »