Une initiative unique en Amérique du Nord, lancée par Susan McPeak et par son mari, l'homme d'affaires Charles Sirois, franchit une étape importante. « Le comité scientifique vient d'approuver ses deux premières études cliniques », a annoncé Dominique Johnson, directrice générale du Groupe McPeak-Sirois. Cette entreprise à but non lucratif vise à améliorer les soins des patientes atteintes du cancer du sein.

PREMIÈRES ÉTUDES 

La première étude évaluera les changements moléculaires après la prise d'un nouveau médicament. Il sera donné, pour une courte période, à une soixantaine de patientes, avant l'opération. 

Le protocole s'adressera à des femmes ayant un cancer du sein à un stade précoce. Une vingtaine d'hôpitaux en Amérique du Nord et en Europe y participeront.

La deuxième étude, réalisée exclusivement au Québec, portera sur un test diagnostique. Il aidera le médecin à décider s'il administre la chimiothérapie avant ou après l'opération. 

Les centres hospitaliers liés au Groupe McPeak-Sirois recruteront 140 patientes avec un cancer du sein à un stade précoce.

Cette étude pourrait aider la prise de décision sur deux plans, précise Mme Johnson. 

« D'abord, pour substituer une chimiothérapie avant l'opération par un traitement moins agressif pour les patientes qui souhaitent éviter une mastectomie totale, dit-elle. Ensuite, pour aider à reconsidérer une chimiothérapie après l'opération même si les ganglions de l'aisselle sont atteints. »

LA RECHERCHE QUI SOIGNE

Le Groupe McPeak-Sirois est né du désir de Susan McPeak d'élaborer une nouvelle approche pour lutter contre le cancer du sein. 

Elle a reçu un diagnostic il y a 15 ans et elle a eu accès à un traitement de pointe en participant à un protocole de recherche à Montréal. Aujourd'hui, elle souhaite faire profiter plus de patientes de « la recherche qui soigne ».

Pour ce faire, le groupe a réuni de grands spécialistes québécois en cancer du sein. 

La tâche n'allait pas de soi. Mais, dans un geste innovant, il a regroupé l'expertise de quatre grands hôpitaux et centres de recherche. Il s'agit de l'Hôpital général juif, du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec/Université Laval, du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

Cette mobilisation crée une nouvelle façon de faire. Elle permet de réaliser ensemble, plutôt qu'en silos, les activités de recherche clinique dans le domaine du cancer du sein. 

Et elle aide à obtenir plus de protocoles de recherche au Québec. La raison est simple : il est plus facile d'accéder aux membres d'un groupe qu'aux patientes dans chacun des établissements individuels.

Du coup, cela permet à davantage de femmes, avec des types particuliers de cancer du sein, de participer à des recherches ciblées.

ÉCONOMIE SOCIALE 

« Le Groupe est une entreprise d'économie sociale spécialisée dans le monde médical, explique Charles Sirois. Le bénéfice n'est pas en termes de profit, mais d'impact sur la société. » 

L'organisme appartient à ses membres. Le don de Mme McPeak et de M. Sirois s'élève à 2,5 millions. D'autres contributeurs seront sollicités. « L'objectif est d'en arriver à l'autosuffisance », ajoute-t-il. 

Pour leur part, les quatre hôpitaux ont versé 25 000 $ chacun à titre de droits d'adhésion au Groupe.

Au cours de la dernière année, le Groupe McPeak-Sirois a fait plusieurs gestes. Il s'est organisé en consortium, neutre et impartial, pour faire collaborer les spécialistes, les hôpitaux et leurs centres de recherche. Il a créé un conseil d'administration et un comité scientifique. 

Et, plus récemment, il a nommé la Dre Dominique Johnson à la direction générale. Elle était responsable du centre de coordination des essais cliniques de l'Institut de cardiologie de Montréal.

Dans ses projets à venir, le Groupe McPeak-Sirois souhaite ouvrir son initiative à d'autres établissements. 

« Au fil du temps, d'autres hôpitaux du Québec, actifs en recherche clinique en cancer du sein, se joindront au groupe, dit M. Sirois. Il faut permettre aux patientes vivant en région d'accéder aux protocoles de recherche. »

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CHARLES SIROIS EN BREF

Charles Sirois est le fondateur et le président du conseil de Telesystem, une société d'investissement en médias et en technologies. Il est fondateur et président du conseil d'Enablis, un organisme sans but lucratif visant à développer l'entrepreneuriat en Afrique et en Argentine. Il est cofondateur et président du conseil de Pangea, une société qui propose un nouveau modèle d'entrepreneuriat agricole en partenariat avec les agriculteurs et les communautés. Il a été président du conseil de la Banque CIBC de 2009 jusqu'à l'an dernier. Il a participé à la fondation du parti Coalition avenir Québec (CAQ) avec François Legault. La fortune de Charles Sirois est évaluée à 1,2 milliard (2015), selon Canadian Business.

Photo André Pichette, archives La Presse

Atteinte du cancer du sein il y a 15 ans, Susan McPeak a partagé son témoignage dans le livre Tu n'es pas seule.

Photo André Pichette, Archives La Presse

Entrepreneur bien connu, Charles Sirois épaule sa femme, Susan McPeak, dans son initiative pour offrir les meilleurs soins aux patientes.