On meurt de moins en moins de paludisme, de diarrhée ou du sida dans le monde: désormais sept décès sur dix sont liés à des maladies non transmissibles comme les affections cardiovasculaires, le diabète, ou encore la maladie d'Alzheimer, selon une étude publiée jeudi.

Les pays concernés doivent prendre conscience de cette transition pour mieux orienter leurs politiques de santé s'ils veulent atteindre d'ici à 2030 les Objectifs de développement durable fixés par les Nations unies, souligne ce panorama de la santé mondiale, élaboré par la revue The Lancet et l'Institut des mesures et évaluations de la santé (IHME).

L'espérance de vie dans le monde a augmenté de plus de 10 ans entre 1980 et 2015, pour atteindre 69 ans en moyenne chez les hommes et 78,4 ans chez les femmes, selon cette étude, qui rassemble les données de 195 pays et territoires.

Une des principales raisons de cet accroissement est «la chute des taux de mortalité pour de nombreuses maladies transmissibles»: le sida a ainsi encore fait 1,2 million de morts l'an dernier, mais c'est 33 % de moins qu'en 2005, tandis que les décès dus au paludisme ont baissé de 37 % à 730 000 sur la même période.

Les décès par maladie cardiovasculaire ou par cancer ont eux aussi reflué, mais à un rythme plus lent, explique ce «Bilan 2015 des maladies graves, traumatismes et facteurs de risque pour la santé».

Résultat, sur les 56 millions de décès constatés en 2015, 70 % ont été causés par des maladies non transmissibles, souvent liées au mode de vie (alimentation, activité physique, tabac, alcool, etc.).

Cette évolution est la plus nette dans les pays dont l'indice sociodémographique est élevé ou moyen: les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux y sont les premières causes de mort prématurée.

Dans les pays où cet indice est plus faible, les infections des voies respiratoires inférieures arrivent en tête, suivies par le paludisme et l'encéphalopathie du nouveau-né (troubles neurologiques liés à la privation d'oxygène lors de l'accouchement), puis la diarrhée.

L'étude évalue aussi la performance de chaque pays par rapport aux résultats qu'on aurait pu attendre au vu de son degré de développement économique, de son niveau d'éducation et de sa situation démographique.

Si certains pays font mieux que prévu, «nous continuons à voir des pays - dont les États-Unis - qui sont en bien moins bonne santé qu'ils ne le devraient au vu de leurs ressources», estime Dr Christopher Murray, directeur de l'IHME, un institut de recherche de l'Université de Washington à Seattle (États-Unis).

Ainsi, dans la première puissance économique mondiale, le nombre d'années de vie perdues en raison des maladies coronariennes est plus de deux fois plus élevé que ce que laisserait espérer son indice de développement sociodémographique, alors que la France fait deux fois mieux qu'attendu pour la même pathologie.

Financée par la fondation Bill & Melinda Gates, cette étude montre aussi que si la mortalité infantile a nettement baissé ces dernières années, le rythme est encore trop lent par rapport aux objectifs fixés, en particulier pour les nouveau-nés.

Annoncés par l'ONU en 2015, pour succéder aux Objectifs du millénaire, les Objectifs de développement durable visent notamment, d'ici 2030, à mettre fin à l'épidémie de sida, à la tuberculose et au paludisme, à réduire d'un tiers la mortalité prématurée due aux maladies non transmissibles, à éliminer les décès évitables d'enfants de moins de 5 ans et à faire passer la mortalité maternelle sous 70 pour 100 000 naissances.