Des chercheurs recommandent de se préparer à une «épidémie globale» de microcéphalies dans les pays touchés par le virus Zika, dans une étude qui apporte des preuves supplémentaires de l'existence d'un lien entre ce virus et la microcéphalie du foetus.

«Nous devons nous préparer à une épidémie de microcéphalies qui s'étendra à tous les pays qui connaissent des transmissions autochtones du virus Zika ainsi qu'aux pays où cette transmission pourrait s'étendre», écrivent des chercheurs brésiliens et britanniques en conclusion d'une étude publiée vendredi dans la revue médicale britannique The Lancet Infectious Diseases.

Diverses études basées notamment sur des séries de cas ou des travaux menés en laboratoire, ont déjà scientifiquement établi que le virus Zika pouvait être à l'origine de microcéphalies et d'autres anomalies cérébrales chez le foetus.

Mais aucun chercheur n'avait encore réalisé d'étude observationnelle rétrospective comparant un groupe de personnes atteintes de la maladie à un groupe de contrôle, c'est-à-dire de personnes non atteintes, mais présentant des caractéristiques similaires.

En comparant 32 nouveaux-nés souffrant de microcéphalie à 62 nouveaux-nés non touchés, les chercheurs brésiliens ont découvert que près de la moitié des premiers présentaient un test positif pour l'infection par le virus Zika soit dans le sang, soit dans le liquide céphalo-rachidien. Aucun test positif n'a en revanche été décelé chez les seconds.

Cette «association remarquable» a conduit les chercheurs à conclure que l'épidémie de microcéphalies «était le résultat de l'infection congénitale par le virus Zika».

Bien qu'il ne s'agisse que de résultats préliminaires et que l'étude prévoit d'inclure à terme 600 enfants, les chercheurs n'hésitent pas à mettre en garde dès à présent contre «l'épidémie globale» à venir de microcéphalies liées à Zika.

«Nos résultats suggèrent que le virus Zika devrait être officiellement ajouté à la liste des infections congénitales, au même titre que la toxoplasmose, la syphilis, la varicelle, le parvovirus B19, la rubéole, le cytomégalovirus et l'herpès», dit le Dr Thalia Velho Barreto de Araujo qui a dirigé l'étude.

Elle reconnaît en revanche que des questions subsistent à propos du rôle joué par la dengue».

L'épidémie actuelle de Zika en Amérique latine qui a commencé en 2015, touche essentiellement le Brésil où 1,5 millions de personnes ont été infectés et où 1600 bébés sont nés avec des microcéphalie.

Il n'existe pas de traitement, ni de vaccin à ce stade.

Dans l'étude publiée vendredi, la grande majorité des femmes testées avaient été infectées par Zika pendant leur grossesse: 80% de celles qui avaient mis au monde des bébés microcéphales et 64% de celles qui avaient eu des bébés en bonne santé, témoignant de la virulence de l'infection dans les zones touchées par l'épidémie brésilienne.